Ma permission de quinze jours allait enfin prendre fin. Je faisais partie de ceux qui aimaient tellement leur travail que les congés étaient ce qui s'approchait le plus de la torture. J'avais hâte de retourner au camp pour la reprise. J'y étais instructeur pour des deuxièmes années. Je les formais en stratégie et au maniement des armes. J'avais une prédilection pour les courses d'endurance en pleine nuit. J'étais craint et cela m'allait très bien. Je vivais principalement sur la base, mais j'avais pris un petit appartement juste en face de Fort Sam. Ainsi, je n'avais pas à passer des heures dans les transports pour mes permissions.
Franck m'avait invité à boire une bière à son bar pour ma dernière soirée avant le retour à la caserne. Les lieux étaient chaleureux sans en faire trop. Le bois clair se mêlait au métal des chaises et des tabourets. Quand on y entrait, on était d'abord frappé par l'agencement. C'était une sorte de large couloir avec, à gauche, le bar derrière lequel les bouteilles et les verres s'alignaient. Un grand miroir comme dans les saloons montait jusqu'au plafond, permettant ainsi de donner plus de profondeur mais aussi d'observer ceux qui se trouvaient là, tout en discrétion. A droite, une longueur de planche contre le mur, faisait office de table. Au fond de la salle, Franck avait créé de petits espaces conviviaux avec des banquettes aux assises colorées. Des lampes encastrées dans le plafond réchauffaient l'atmosphère avec leur lumière jaune. L'ambiance y était agréable et la bière était bonne.
J'aimais m'y rendre régulièrement lorsque j'étais en vacances à la fois pour rencontrer mon ami mais aussi pour trouver de la compagnie. Comme les clients n'étaient pas exclusivement des militaires, cela rendait la chasse pour passer du bon temps nettement plus simple. Rien de pire que de se rendre compte que l'on a couché avec une de ses collègues une fois de retour au camp.
J'avais mis pour l'occasion une tenue civile, mes plaques au fond de ma poche en dessous de mes clés de voiture.
— Salut Franck, tu me mets une bière s'il te plaît.
— Salut mon frère, alors dernier jour de Perm ?
Franck avait fait ses classes avec moi sept ans auparavant, mais à cause d'une mauvaise chute lors d'un entraînement il n'avait jamais pu servir le pays dans les rangs de l'armée étant jugé inapte. Il avait alors décrété qu'il allait tout de même servir son pays mais au sens propre du terme. Il avait donc ouvert ce bar/brasserie tout près de la caserne il y avait cinq ans et y servait des boissons en tout genre. L'ambiance était bon enfant, les habitués savaient qu'il ne fallait pas lui chercher des noises : il avait gardé de très bons réflexes et son coup du droit avait cassé un bon nombre de nez.
Nous échangeâmes quelques formalités autour de ma bière quand il dut me quitter pour servir une autre personne. Je le regardais s'éloigner sa carrure de boxeur détonnant toujours un peu dans ce décor boisé. Il savait pourtant mettre à l'aise le client. Tout le monde avait le sourire. On se sentait bien dans son bar. J'observais la pièce à travers le miroir derrière le bar. Un groupe de filles entra, elles cherchaient du militaire et étaient venues chasser à n'en pas douter. Je savais les repérer du premier regard. Elles avaient le don de repérer les pantalons kaki et les vestes militaires en clin d'œil. J'évitais ces groupies en général, elles devenaient collantes, elles souhaitaient avant tout se caser et quoi de mieux qu'un officier ? Je faisais en sorte de passer inaperçu à leurs yeux, évitant d'aborder mon grade de lieutenant dans les lieux. Je détournais très vite les yeux, ne voulant pas qu'elles y voient une invitation de ma part.
Je repris mon observation et vis une brunette plutôt jolie. Elle buvait sa bière tranquillement en observant elle aussi à travers le miroir. Alors que je la regardais, son regard accrocha le mien. Je fus happé par ses yeux d'ambre. Elle se trouvait trop loin pour que je décèle les nuances dorées de ses pupilles, cependant je distinguais leur éclat singulier. Un sentiment étrange me traversa, trop fugace pour être analysé. Elle me fixait elle aussi. Je pris le temps de la détailler. Un visage volontaire mais avec des traits doux. Son nez légèrement en trompette s'harmonisait bien avec l'arrondi de ses joues. Ses lèvres légèrement charnues et rosées s'étirèrent en un sourire charmeur. Tiens, elle aussi était en chasse. À voir comme elle attardait son regard sur mon torse, je me disais que soit elle appréciait le spectacle soit elle vérifiait si j'avais une plaque militaire. Je lui souris, bombai le torse pour me montrer à mon avantage. Satisfaite de son inspection elle leva discrètement son verre vers moi, m'invitant d'un sourire à la rejoindre.
Je fis signe à Franck de nous resservir et partis rejoindre la brunette.
— Salut.
Elle pencha sa tête pour me saluer et ajouta :
— Merci pour le verre.
Sa voix était douce, elle voulait séduire. Pour autant, son timbre ne contenait pas tant d'assurance que cela. Je fis glisser mes yeux sur sa silhouette athlétique. Des seins dans la moyenne, des fesses bien rondes que je prendrais plaisir à caresser. Je ne doutais pas que sans vêtement, son corps serait aussi à mon goût. Durant les premiers instants nous échangeâmes peu de mots, chacun appréciant le profil de l'autre.
— Que fais-tu seule dans ce bar ?
— La même chose que toi je suppose, me dit-elle en me jetant un regard sans équivoque. Je cherche quelqu'un avec qui passer la nuit, une nuit de plaisir. Rien de plus, rien de moins non plus.
— Tu sais mettre la pression toi ! J'aimerais relever le défi.
— J'aimerais que tu relèves le défi aussi. Tu me plais bien.
Elle avait de l'audace et exprimait ses désirs avec un aplomb surprenant pour une si jeune femme. Je me demandais si elle faisait ça souvent. Répondant à mes pensées, elle ajouta que c'était la première fois qu'elle agissait ainsi. Cela faisait quelques mois que son premier petit ami l'avait larguée et avant de passer à autre chose, elle voulait en profiter. Elle ne savait pas quand elle pourrait de nouveau s'envoyer en l'air selon ses mots. Je me demandais ce qui pourrait bien l'en empêcher. Elle était vraiment mignonne et je ne doutais pas qu'elle aurait du succès. Elle me convenait en tout cas à moi et à mes projets pour la nuit.
— Je crois que nous pourrions nous entendre, lui répondis-je, je ne fais pas dans la relation suivie. Mon boulot est plus important, c'est ma vie et c'est lui que je choisirai toujours en premier.
Ma réponse parut lui plaire puisqu'elle se rapprocha et souffla à mon oreille :
— Vérifions que l'alchimie entre nous fonctionne. Embrasse-moi.
J'aimais son audace et obtempérais alors. Je posais juste ma bouche sur la sienne, pour m'assurer qu'elle était toujours d'accord et quand je sentis son corps se rapprocher du mien et ses doigts glisser sur mes bras et mes épaules, j'intensifiais notre baiser. Ses lèvres étaient douces et chaudes. Elles dégageaient un léger parfum de malt. Elle s'accrocha davantage à ma nuque et me laissa explorer sa bouche de ma langue. Ce baiser était d'une sensualité extrême et j'avais hâte d'en découvrir plus. Je grognais lorsqu'elle se détacha de moi, frustré de ne plus me trouver dans ses bras.
— Je crois que le test de l'alchimie est validé. On ferait mieux d'arrêter ou de trouver un endroit plus discret avant d'être arrêtés pour attentat à la pudeur.
Elle avait raison. Je me repris comme je pus et la regardai encore. Elle était magnifique, ses yeux pétillaient de malice et leurs éclats dorés illuminaient son visage. Ses lèvres étaient un appel à la luxure tant elles étaient gonflées et appétissantes. Je souris devant cette vision divine et fermais les yeux un instant pour reprendre contenance. Je croisais le regard de Franck qui amusé, confirmait d'un geste obscène le fait qu'elle était bandante. J'avais décidé qu'elle serait la prochaine à passer dans mon lit. Mon corps semblait tout à fait d'accord si j'en jugeai mon envie d'elle qui se pressait dans mon caleçon.
— Tu as raison, ce baiser en tout cas me donne envie de pousser l'expérience plus loin. Qu'en dis-tu ?
Pour toute réponse, elle se mordit la lèvre et joua avec ses yeux de biche. J'étais cuit. Je la voulais ce soir et toute la nuit dans mes bras, dans mes draps.
— Que proposes-tu ? Je ne peux t'amener chez moi, j'y ai viré tout le mobilier cet après-midi pour le mettre en vente.
Je ne sais pourquoi mais cette information me pinça le cœur. C'était ridicule n'étais-je pas le premier à disparaître ne voulant aucune attache ? Je me repris aussitôt.
— Je peux t'amener chez moi, je n'habite pas loin.
— Ça me va.
Elle prit son verre et le finit d'une seule traite. Je l'imitai sans la quitter du regard. Elle sauta du tabouret un peu haut pour sa stature. Avec aplomb, elle me prit la main pour me suivre. Déjà la chaleur de sa paume contre la mienne enflammait mes sens. J'avais hâte de parcourir le reste de son corps. La nuit promettait d'être torride.
VOUS LISEZ
ARMY Lovers
RomanceAlie vient de s'engager dans l'armée. Elle profite de sa dernière nuit avant d'intégrer le programme d'entraînement. Dans un bar, près du camp, elle rencontre Max. Lui aussi ne cherche qu'à prendre du bon temps. Ils ne pensaient jamais se revoir.