Je n'arrivais pas à me la sortir de la tête. Avant d'entrer dans la caserne je passais le trajet à regarder toutes les jeunes femmes qui marchaient dans la rue, des fois que par un heureux hasard elle soit là. Je dus me rendre à l'évidence je ne la retrouverais pas de si tôt. Je n'étais pas du genre à croire au destin mais j'espérai secrètement que celui-ci remette cette jeune femme sur ma route. J'avais vraiment envie de me perdre en elle encore une fois enfin encore plusieurs fois. Je craignais de ne pouvoir me rassasier d'elle en une seule fois.
Le salut du garde à l'entrée du camp me remit d'aplomb et je le saluai en retour. Fini le batifolage. Je retrouvai les sensations familières que m'apportait la vue de mon lieu de travail. J'allai au centre de commandement prendre ma mission.
- Bonjour Commandant.
- Bonjour lieutenant. J'espère que vous avez bien profité de votre permission.
- Vous savez bien que je préfère être ici que chez moi à tourner en rond.
Pour une fois, ce n'était pas tout à fait vrai. Je serais bien rester au lit avec ma compagne de la veille un peu plus longtemps. Mais je chassais cette idée rapidement et me concentrai sur les paroles du commandant.
- Je dois aller accueillir les nouvelles recrues. Vous prendrez en charge les deuxièmes années. Ils ont besoin d'être secouer, Grey est trop tendre avec eux.
Je levai un sourcil, Grey ? tendre ? J'aurais tout entendu. Je pense plutôt que le commandant n'avait pas apprécié que l'équipe de Mason ait gagné contre celle de Grey. Les filles avaient gagné et ça lui faisait mal aux couilles d'admettre qu'elles avaient été meilleures. Pour ma part, je n'avais aucun mal à accepter cela, au combat nous étions tous égaux et cela me rassurait de savoir que mes camarades femmes pouvaient me sauver la peau autant que mes camarades hommes. Je ne fis pas de commentaire et masquai comme je pus le rictus qui menaçait de déformer mes lèvres. Je pris ensuite congé et allai m'installer dans ma chambre. Je partageai le baraquement avec mes hommes mais avais le droit à une chambre seul. Privilège du chef. Je filais ensuite dans le bâtiment où nous dispensions les cours, je saluai Mason et Grey qui suivaient le commandant, avant d'entrer dans la salle où se trouvaient les deuxièmes années, hommes et femmes confondus. Je fis mon speech habituel et envoyai mes troupes s'installer et se préparer pour le décrassage : dix kilomètres de course à pied avec tout le barda sur le dos. Je faisais soft pour commencer. Dans deux jours, ils courraient le double.
Je pris plaisir à courir avec eux. Les derniers engourdissements de la nuit s'évaporèrent dans l'effort et ce fut avec entrain que j'accompagnai Merkens, le second lieutenant en charge des deuxièmes années, au mess pour le déjeuner. Comme d'habitude nous entendîmes les premières années glousser et chuchoter à notre passage, mais nous n'en fîmes pas de cas. Nous avions l'habitude et surtout nous savions qu'elles rigoleraient moins lorsqu'elles seraient enfoncer dans un mètre de boue, épuisées d'avoir marcher des heures et surtout déçues lorsqu'au lieu de les aider nous leur gueulerions dessus pour qu'elles avancent. Après avoir salué le personnel du service et avoir pris place devant mon repas, j'échangeai avec mes collègues sur ce qu'ils avaient fait durant leur permission. Mason nous montra des photos de son séjour dans un hôtel SPA en montagne qu'elle avait gagné grâce à la victoire de ses filles sur les garçons de Grey. D'ailleurs celui-ci grogna, il avait perdu son séjour pêche dans le Montana. Première année en cinq ans qu'il n'y allait pas. Je me contins devant lui, mais j'avais très envie de me foutre de sa tronche. Merkens ne se gêna pas et le chambra méchamment.
- Et sinon, Reynolds t'as fait quoi de ton temps libre ? Tu as levé de la minette ?
Il était de notoriété publique que je baisais sans attache. Mes collègues se moquaient gentiment de moi et d'habitude j'en rajoutais. Mais cette fois-ci je me tendis à cette question. Mason le vit tout de suite :
- Oh ! Ne me dites pas qu'il s'est fait ferrer ?
Je grognais pour la forme. Je n'allais pas m'étendre la dessus. Le problème de l'armée, c'est que c'était comme une petite ville avec ses commérages. J'esquivais en relançant un autre sujet. A la fin du repas, alors que nous allions sortir, Merkens me souffla :
- Ne crois pas que je n'ai pas vu ton petit manège ! J'attends un compte-rendu ce soir autour d'une bière.
Il fila ensuite pour faire l'appel. Je n'allais pas pouvoir me défiler. Agacé, je passais ma contrariété sur les recrues, les invectivant durement. Je fis d'ailleurs pleurer un des soldats. Sans état d'âme, je lui conseillai de rentrer chez lui, s'il n'était pas capable de tenir sous la pression. Merkens secoua la tête en me voyant faire. Il n'intervint pas, bien qu'il ne soit pas d'accord avec mon attitude. Plus tard, sous la douche, je repensais à ma belle. Je l'avais dans la peau et pourtant je n'avais passé qu'une nuit avec elle et je ne savais même pas son prénom. Je savais que mon binôme ne me lâcherait pas, je me préparai alors un scénario pour qu'il ne me prenne pas pour un canard. Je sais, c'était débile, mais le machisme dans l'armée était tellement présent et fort, que je ne voulais pas montrer mes faiblesses, ma faiblesse.
Plus tard, alors que je relisais les dossiers de mes hommes, Merkens arriva comme il l'avait promis. Il me tendis une bière qu'il venait de décapsuler.
- Alors ! Balance !
- Rien de particulier, juste une petite pépé que j'aurais bien sautée une nuit de plus. J'ai pris mon pied comme jamais. Mais il fallait bien reprendre ce matin. Donc je lui ai gentiment demandé de se barrer.
- Cela ne tient pas la route ce que tu racontes. Tu ne serais pas si tendu si tu savais que tu pourrais la revoir. Qu'est-ce que tu ne me dis pas ?
- Elle ne voulait pas plus d'une nuit. Point. Barre.
Il rit. Il finit par retrouver son souffle et me balança :
- Alors ça fait quoi quand on te jette après une nuit ? Tu as trouvé ton maître, mec.
Je grognais, me demandant si c'était pour cela que je n'arrivais pas à me défaire des visions de cette nuit et surtout de cette furieuse envie de la retrouver. Finalement, Merkens avait peut-être raison, j'étais peut-être simplement vexé qu'elle soit partie en douce, sans me laisser un seul indice sur elle. Un sourire sardonique sur le visage, il se foutait de moi et ça m'énervait encore davantage. Il fallait que je passe à autre chose. Tiens si je réveillais mes hommes pour une marche de nuit ? Cela leur ferait les pieds et cela me calmera surement.
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ARMY Lovers
RomanceAlie vient de s'engager dans l'armée. Elle profite de sa dernière nuit avant d'intégrer le programme d'entraînement. Dans un bar, près du camp, elle rencontre Max. Lui aussi ne cherche qu'à prendre du bon temps. Ils ne pensaient jamais se revoir.