Bon sang, j'avais vraiment cru que j'allais me faire avoir. Je ne comprenais toujours pas sa réaction. Pourquoi avait-il bugué comme ça ? Peu importe. J'étais fière des filles, nous avions fait un remarquable travail d'équipe. Elles avaient marché sans se plaindre ou presque des heures durant. Le plus dur était fait. Nous laissâmes nos prisonniers, ils devaient poursuivre leur mission pour le groupe de garçons. Hors de question de leur faciliter le travail. Alors que nous nous étions éloignés de quelques mètres, nous entendîmes les instructeurs jurer, certainement vexés de s'être fait avoir. Je me joignis au rire des autres filles. Un grognement étouffé répondit à nos rires. Cette victoire avait atténué la fatigue et nous pûmes prendre le temps pour trouver le terrain parfait pour le campement. Nous avions fait plus des deux tiers du parcours, la dernière partie n'était pas la plus simple mais nous pouvions prendre un bon temps de repos.
Nous reprîmes nos tours de garde. Je pris le premier quart. Je m'éloignais un peu et sondais du regard la végétation environnante. J'écoutais d'une oreille distraite mes camarades qui débriefaient, se congratulant de telle ou telle action. J'entendais Elsa ou Mary qui de temps en temps rappelait de parler doucement. La solitude et la quiétude du lieu me firent un bien fou. Je respirais calmement détendant mes muscles sans pour autant perdre ma vigilance. Je me retenais pour ne pas sombrer, passer d'une marche forcée à une forme d'inactivité, mon corps cherchait le repos et la récupération. Alors que mes yeux commençaient à me piquer, j'aperçus un mouvement dans les fourrées. Me trouvant légèrement en hauteur, je pus voir la personne qui approchait sans qu'elle ne me vit. Je reconnus la tenue de l'un de nos instructeurs. Il était encore trop loin pour que je puisse discerner le visage du visiteur. Ne sachant s'il s'agissait d'un piège, je restais en retrait.
Il passa tout près. Il reçut un message qu'il lut avant de finalement faire demi tour après avoir soupiré bruyamment. Ce son me parut familier comme le parfum qu'il laissa dans son sillage. Mais j'étais incapable de me souvenir. Encore quelques pas et il aurait pu me voir. Molly vint prendre la relève et je filai me coucher, je n'en pouvais plus. La plupart des filles dormait à présent. Je m'assoupis moi même assez vite.
Je ne savais combien de temps j'avais dormi mais c'est le froid qui me réveilla. Je laissai mes sens scruter ce qu'il se passait autour de moi. Quelque chose avait changé. De nouvelles odeurs me parvenaient, une odeur âcre de transpiration, un parfum de tourbe aussi. Sans esquisser aucun mouvement j'ouvris un œil, puis l'autre. Ce que je vis me saisis. La troupe de Grey sabotait notre matériel et pillait nos réserves. Je m'inquiétais pour les filles qui étaient de garde, j'espérais qu'elles allaient bien. Au moment, où Matthew allait se saisir de la carte et de la boussole je sortis mon arme et lui tirai dessus. J'avais exécuté mon tir avec précision et sans bruit. Marqué à la peinture rose, il arrêta son geste et comprit qu'il venait de se faire éliminer. Il émit un cri rageur qui réveilla Elsa. Comprenant ce qu'il se passait, elle le neutralisa sans qu'il eut la possibilité de réagir. Rendu muet il fut le spectateur de la chute de plusieurs de ses comparses qui étaient venus en éclaireurs. Abandonnant les prisonniers, ils déguerpirent comme des lièvres. Les filles se réveillèrent toutes et les vigies revinrent. Je fus rassurée de les voir saines et sauves. Une seule portait une bosse et subissait une atroce migraine, preuve qu'ils l'avaient assommée sans qu'elle n'ait pu donner l'alerte. Quelle bande de rustres ! Pourtant dans cette épreuve nous n'étions pas ennemis. Ils venaient de déclarer la guerre. Je refusais d'entrer dans ce jeu pour autant. Ils avaient joué et perdu, je me contentais donc de riposter sans attaquer cependant comme me le suggeraient certaines de mes camarades.
- Matthew est neutralisé, et on a deux autres prisonniers. Ils ont déjà perdu alors que la partie n'est pas finie. Pas la peine de changer le plan.
- Et on fait quoi d'eux ?
- On ne peut pas les abandonner, sauf Matthew qui techniquement est mort. Mais il va falloir trimballer les deux autres. leur dis-je.
- J'espère qu'ils ne vont pas nous retarder.
- S'ils font les poids morts, on les neutralise, proposa Mary.
- On ne tue pas quelqu'un parce qu'il nous ralentit !! m'exclamai-je. Au pire on les laissera là où leurs camarades les retrouveront.
Tout le monde étant bien réveillé nous décidâmes de partir directement. À l'abri des oreilles indiscrètes, nous élaborâmes notre stratégie pour la journée. Rassénérées par les victoires de la veille, les filles sont d'autant plus attentives. Je mis Betty et Lola à la garde des deux prisonniers et j'allai expliquer à Matthew qu'on le laissait là.
- Vous allez pas m'abandonner !
Je levais les yeux au ciel. Quelle chochotte !
- Ta troupe va passer par ici d'ici deux heures, tu peux bien les attendre. De toutes façons, dans le jeu tu es mort, je suis bien gentille de te prévenir.
- S'il m'arrive quelque chose tu l'auras sur la conscience Dickens.
- Bah si ça te fait du bien de le penser.
Je me relevai et intimai à la troupe de se mettre en route. La première heure se passa plutôt bien, les garçons suivaient le rythme. Nous profitions de l'obscurité de la fin de la nuit, pour avancer sans nous soucier de la couverture du terrain. Nous fîmes une pause à la lisière de la forêt. Nous prîmes le temps de souffler, nous savions que le reste du trajet se ferait sous haute tension, nous devrions toutes être aux aguets afin de parer toute attaque éventuelle.
- Vous êtes prêtes ? Chacune fait son job et à nous la victoire.
Sans bruit, nos armes à la main nous avançâmes groupées vers le lieu d'extraction. Les deux prisonniers marchaient au milieu et n'avaient pas la possibilité d'avancer moins vite. Alors que nous avancions d'un bon pas, un obus explosa en nous coupant la route. Évidemment cela aurait été trop facile !
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ARMY Lovers
RomansAlie vient de s'engager dans l'armée. Elle profite de sa dernière nuit avant d'intégrer le programme d'entraînement. Dans un bar, près du camp, elle rencontre Max. Lui aussi ne cherche qu'à prendre du bon temps. Ils ne pensaient jamais se revoir.