J'étais la première à passer les portes du centre d'entraînement. J'avais passé les tests il y avait quelques semaines de cela et je devais intégrer la formation d'automne. Six mois de préparation physique et six mois de cours de droits, stratégies et sciences politiques. Je ne savais pas encore si je travaillerais conjointement le corps et l'esprit durant un an ou bien si les sessions se succéderaient. Un peu comme si j'entrai en prison, je laissais mes effets personnels dans le bâtiment d'accueil, dans une sorte de vestiaire. On me remit un ticket qui me permettrait de les récupérer lors de mes permissions. Je signai ensuite les quelques papiers administratifs et pris les uniformes que l'on m'avait assignés. Je me changeais rapidement et quittai le bâtiment en militaire. Pour l'instant, je n'en avais que l'habit. Mais j'avais la motivation pour le devenir au plus profond de mon être.
Je rejoignis une grande salle de classe où je m'assis en plein milieu. Je n'attendis pas longtemps avant de voir deux autres jeunes femmes entrer. L'une me sourit et me salua avant de s'installer à côté de l'autre qui avait le visage fermé et peu engageant. Elles s'étaient assises juste derrière moi, je ne pouvais donc les voir. Je les entendis cependant se chamailler gentiment. La première disait à l'autre de faire des efforts pour être sociable. Je laissais un sourire se former sur mes lèvres trouvant cette situation plutôt cocasse. Petit à petit la salle se remplit. Il y avait à la fois des hommes et des femmes. Nous avions dans les mêmes âges, nous étions tous dans la vingtaine. Quand tous les sièges furent occupés, deux hommes et une femme en uniforme entrèrent. Le dernier entré referma la porte derrière lui, alors qu'ils prenaient place devant nous. Ils nous firent les présentations d'usage et nous invitèrent à nous retrouver devant les chambrées avec nos affaires. Les femmes suivant le lieutenant Mason, une femme d'une quarantaine d'années, brune et aux traits sévères. Les hommes quant à eux suivirent le lieutenant Grey, la trentaine, pas plus engageant que sa consœur. Celui qui nous avait informé de tout cela était le commandant Proust, il dirigeait le camp d'entrainement et nous fit comprendre qu'il comptait que l'ordre y perdure. D'un seul homme, il nous fit nous lever et nous montra comment le saluer. Il quitta ensuite la pièce. Le lieutenant Mason ordonna aux femmes de la suivre, ce que ferait certainement ensuite Grey avec les hommes une fois que nous serions sorties.
Le lieutenant nous fit marcher deux par deux d'un pas assez soutenu jusqu'au baraquement comprenant nos chambrées. Elle nous invita à compléter les pièces au fur et à mesure, quatre par quatre nous intégrâmes nos nouveaux pénates. Je pris le dernier lit, laissant mes camarades prendre celui qu'elles préféraient. Je fus assez satisfaite de me retrouver en dessous du lit superposé, près de la porte. Je serais la première à sortir. Le lieutenant nous demanda de faire nos lits au carré et de ranger nos affaires dans les casiers prévus à cet effet. Si nous ne savions pas faire le lit au carré nous avions le droit à une démonstration. Je n'eus pas besoin d'y assister. Bien que ma mère refusait que j'intègre l'armée, mon père avait mis en place quelques habitudes à la maison et le lit au carré en faisait partie. Je vis le regard envieux de ma camarade du dessus quand j'eus terminé en quelques minutes et que son lit était encore un vaste chantier. Deux possibilités s'offraient à moi, je l'aidais ou non. Me rappelant l'importance de l'entraide et de la camaraderie, je lui donnai quelques conseils. Quand elle eut terminé elle engagea alors la conversation :
- Merci. Au fait je m'appelle Elsa et toi ?
- Alie, je viens de San Diego et toi ?
- New York, je n'habite pas loin.
J'hochai la tête ne sachant quoi ajouter de plus. J'étais toujours aussi nulle pour faire la conversation. Le lieutenant vint faire l'inspection de la chambre et fut satisfaite de la notre alors qu'elle fit refaire la plupart des autres lits. L'heure du déjeuner approchant, elle nous conduisit à la cantine, elle nous désigna le mess où déjeunaient les officiers et sous officiers. Nous n'y avions pas accès sauf à la demande de ces derniers pour faire telles ou telles corvées. Je priais pour ne pas avoir à y mettre les pieds avant d'avoir passer mes galons. Je m'installais sur la première table que je trouvais et Elsa me rejoignit ainsi que plusieurs filles. Nous échangeâmes nos noms et nos motivations. En face de moi deux se mirent à glousser sans raison apparente. Je ne relevais pas, continuant à manger.
- Arrêtez de glousser les filles. Les officiers ce n'est pas pour nous ! Les réprimanda Elsa.
Je compris alors que des officiers venaient d'entrer dans le mess se situant dans mon dos. Les filles, Carla et Bettany soupirèrent de concert et déclarèrent :
- C'est bien dommage !
- C'est clair, des maris comme ceux-là j'en voudrais bien, je ne sais pas si c'est l'uniforme mais ils sont particulièrement sexy.
Je secouais la tête de dépit. Je ne sais pas quel genre de troupe nous allions former avec des nunuches pareilles. Je ne leur confirais même pas la vie de mon chat si j'en avais un. Je ne relevais pas et quittai la cantine après avoir débarrassé mes affaires. Nous avions remise à niveau de sport tout l'après-midi, je partis donc me changer et arrivai la première avec Elsa sur la place de l'appel. Bien que la nuit ait été courte, je me trouvais en assez bonne forme. Je ne finis pas première, mais dans le milieu du peloton sans abandonner comme une partie de mes camarades. Elsa traîna davantage la patte, mais je l'encourageais discrètement afin qu'elle n'abandonne pas. Nous prîmes nos marques dans les sanitaires pour la douche, la répartition se fit naturellement. Les greluches traînèrent un peu, mais la fraîcheur de l'eau eut tôt fait d'accélérer le mouvement. Satisfaite de ma première journée, je me couchais et m'endormis rapidement, non sans avoir une pensée pour mes parents et étrangement l'homme avec qui j'avais passé la nuit précédente.
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ARMY Lovers
RomanceAlie vient de s'engager dans l'armée. Elle profite de sa dernière nuit avant d'intégrer le programme d'entraînement. Dans un bar, près du camp, elle rencontre Max. Lui aussi ne cherche qu'à prendre du bon temps. Ils ne pensaient jamais se revoir.