Chapitre 10 : Surveiller - Max

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C'était elle ! Bon sang ! Moi qui ne voulais pas coucher avec une militaire, j'étais cette fois ravi de l'avoir retrouvée. Elle nous avait laissé avec Merkens près de notre planque. J'avais râlé de m'être fait avoir de la sorte, mais l'instructeur en moi était fier des techniques qu'elles avaient acquises, il faudrait d'ailleurs que j'en touche deux mots à Mason. Merkens me raconta qu'il était tombé dans une sorte de guet-apens, surpris il n'avait pas vraiment cherché à se défendre. Les garçons arrivaient sur nous, nous ne pouvions quitter notre poste. Je basculai tout de même le GPS sur la position des filles et je vis qu'elles s'étaient installées non loin. Je me laissais imaginer rejoindre ma belle pour lui voler un baiser. Je jurais. Bon sang ! je devenais une chiffe molle pour une gonzesse, tout ce que je ne voulais pas. En un mois, nous avions dû nous croiser des centaines de fois, sans pour autant se voir. Peut-être savait-elle qui j'étais et faisait-elle semblant de ne pas me reconnaître. Cette pensée me donna un coup au cœur. Elle avait été claire, une seule nuit. Cependant mon corps comme mon esprit en voulaient davantage.

Je repris ma position de surveillance. Les gars arrivaient enfin au gué. Je tirais sur les cibles, j'en touchai trois, sans pour autant les neutraliser. Comme avec Ghost, ils eurent du mal à nous trouver, ce fut une bataille acharnée avant qu'ils ne nous éliminent. Ils ne prirent même pas de précaution pour installer leur camp et restèrent auprès de la rivière. Je compris rapidement, qu'ils ne comptaient pas spécialement se reposer longtemps. Libéré des obligations de mon poste, je sortis mon portable pour suivre la piste des filles. Je ne savais pas vraiment ce que j'allais faire, mais je voulais la voir. Mon esprit imaginait mille scénarii et beaucoup se terminaient par un coït à la hussarde contre un arbre. Je bandais légèrement à cette pensée. Alors que j'approchais de leur camp, je dus faire demi tour. Merkens me demandait de l'aide. J'avais pris avec moi les rations et il crevait de faim. Nous nous restaurâmes ensemble et il remarqua mon état.

- Tu boudes parce que tu t'es fait avoir par des gonzesses ?

- N'importe quoi, ça n'a rien à voir.

- Alors, tu craches le morceau ?

- Tu te souviens de la fille dont je t'ai parlé ?

- Le coup d'un soir durant ta perm ?

- Ouais. Elle est là.

- Là où ?

- C'est une des nouvelles recrues.

- Merde.

- Ouais non ce n'est pas le problème.

- Ça reste un problème mec, je te rappelle que tu es son supérieur...

- Oui, c'est vrai mais en dehors de la caserne, le grade ne compte plus.

- Alors il est où le problème ? Ça te fait chier, tu aurais préféré ne pas la revoir ?

- Non bizarrement j'en suis même content, j'avais très envie de la revoir. C'est plus que... je ne sais pas comment l'aborder. Tu imagines qu'elle m'ait reconnu depuis un mois et qu'elle m'ignore.

Il fit la moue, sceptique.

- Tu t'occupes des deuxièmes années elle est en première. Il est possible de se croiser sans se voir. Elle ne t'a peut-être toujours pas reconnu. Tu étais cagoulé aujourd'hui.

J'avais envie de croire ce qu'il me disait. Je m'installai pour dormir. Nous devions rester pour assurer la sécurité des recrues. Vers quatre heures nous entendîmes du grabuge. Des soldats revenaient en courant du camp des filles si j'en croyais la direction. Merkens avait réagi en même temps que moi et nous nous approchâmes pour écouter.

- On s'est fait avoir. Elles se sont réveillées on n'a rien pu prendre.

- Matthew s'est fait buter, et Marco et Spencer sont prisonniers.

- Vous avez pas réussi à choper un peu de ravito ? fit une autre voix.

- Non, j'ai pu saboter un flingue, mais c'est tout.

- Putain, la partie est perdue, on ne sera pas au complet. En plus on a cinq blessés à porter et trois gars en moins. Ça craint, le lieutenant va nous mettre la misère.

Et c'était sans compter sur moi qui allait leur démonter la tête pour avoir attaquer un camp allié. Où est l'esprit de groupe quand on n'est pas fair play ? Je décidai de m'éloigner et de me mettre plus loin et leur préparer un accueil aux petits oignons. Ils allaient pleurer c'est moi qui vous le dis. Alors que nous récupérâmes notre véhicule nous parcourûmes cinq kilomètres. Nous nous plaçâmes à l'orée de la forêt, prêts à les canarder. Je n'avais pas échanger plus de trois mots avec mon binôme mais au grincement de ses dents je savais qu'il était dans le même état d'esprit.

J'aimais beaucoup grimper aux arbres, une habitude de l'enfance peut-être, je ne m'en souvenais pas. Je ne me souvenais pas s'il y eut des arbres dans les différents jardins de mon enfance, je me souvenais encore moins si les différentes familles qui m'avaient accueilli m'avaient autorisé à monter aux arbres. Sur mon perchoir je préparais mon matériel, notamment un sac en toile de jute bien épais qui puait la sueur et la vieille chaussette. Nous vîmes les filles passer à l'aube, elles prirent du repos sous nos pieds. Elles n'avaient que deux prisonniers, je supposais que Matthew avait été laissé au dernier campement. Logique : on ne s'encombre pas des morts ennemis. Je pus admirer ma belle, elle gardait quelques traces de boue de notre bataille mais elle restait magnifique. Je l'entendis prendre la direction des opérations donnant les consignes. Elle était dans son élément, écoutée et attentive à la fois.

Merkens attira mon attention pour me demander laquelle était-ce. Je lui montrai et il me fit deux pouces en l'air suivis d'un geste obscène me signifiant qu'il la trouvait bonne lui aussi. Je lui lançai un regard noir et il leva les mains en signe d'innocence. Il se marra en silence et je me renfrognai conscient qu'un sentiment inédit occupait mes tripes : la jalousie. Elles poursuivirent leur route s'éloignant de nous et avançant à découvert. Elles arrivaient sur la partie délicate. Le commandant s'y faisait plaisir en leur tirant dessus au mortier.

Il ne fallut pas plus d'une heure avant que les autres recrues n'arrivent. Ralentis par les blessés, c'était la débandade. Ils ne surveillaient même plus leurs arrières. J'allais pouvoir me venger sans grande difficultés. À nous les morveux !

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