Chapitre 7 : Trouver sa place - Alie

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Je me sentais perdue et orpheline surtout après que mon ex m'a quitté. Mais depuis que j'avais intégré les rangs de l'armée je me sentais à ma place. C'était un sentiment puissant qui me faisait vibrer à chaque action menée dans le camp. Je m'étais fait des amis parmi mes camarades et c'était naturellement que j'avais pris des responsabilités pour le groupe. Je les encourageais n'ayant pour ma part, pas de difficulté pour me dépasser. Ce n'était pas facile pour autant. J'en suais sérieusement la plupart du temps mais j'y prenais un plaisir fou. Je comprenais mieux mon père qui ne rechignait jamais à nous quitter pour rejoindre ses équipiers. C'était comme retourner à la maison. C'était donc tout naturellement que je me retrouvais bien souvent envoyée par mes camarades pour servir de lien avec nos chefs ou de représentante dans les échanges avec d'autres groupes. Je ne me plaignais pas, j'aimais ça.

Un mois que j'étais entrée dans l'armée, le temps se dégradait sérieusement. Nous avions deux jours de survie prévus au cœur de la forêt à quelques kilomètres du camp. Nos lieutenants nous l'avaient annoncé en insistant sur l'importance de l'entraide mais aussi de l'efficacité. Nous serions en compétition : la troupe du lieutenant Grey contre la nôtre, celle du lieutenant Mason. Les filles de deuxièmes années nous avaient raconté qu'elles avaient gagné la dernière session et elles nous exhortaient à faire de même. Mes camarades étaient surmotivées. J'émettais davantage de réserve en raison des deux-trois maillons plus faibles qui gloussaient encore lorsqu'elles croisaient un officier. A chaque fois je m'éloignais et surtout ne les regardais pas, je ne souhaitais pas être associée à ces greluches. Je n'avais donc toujours pas vu qui est-ce qui les faisait tant réagir. J'avais retenu les noms de Merkens et Reynolds, c'était tout. Avec mes camarades de chambre et quelques autres filles du baraquement, nous avions préparé nos affaires et surtout anticipé ces deux jours. Nous ne savions pas quand cela arriverait. Nous serions réveillées en plein milieu de la nuit avec seulement trois minutes pour nous préparer et être ensuite embarquées et lâchées en pleine forêt sans rien d'autre que ce nous aurions préparé.

Ce moment tant redouté arriva deux jours plus tard. Il devait être deux heures du matin quand des hommes nous avaient réveillées en fanfare. Efficaces, nous avions pris nos affaires, j'avais même eu le temps de faire mon lit et Elsa le sien. Nous fûmes les deux premières à embarquer, suivies par les autres filles rassurées de nous voir devant. Tout ne prit pas plus de dix minutes, avant que les camions de se mettent en branle pour nous amener vers notre nouvelle aire de jeu. Le trajet cahoteux dura une bonne demi-heure. Mon cœur battait fort, j'appréhendais tout en étant excitée par ce qui nous attendait. Le jeu consistait à survivre et à atteindre un point donné dans le temps imparti. Il ne servait à rien d'y aller trop vite, le lieu d'extraction était à découvert et nous devions éviter de nous faire prendre par des ennemis. Ce serait évidemment trop simple sans cela. Nous devions toutes rentrer, ne laisser personne sur le carreau. Nous ne pouvions apporter plus de deux rations par personne. Nous devions nous débrouiller pour le reste avec ce que nous trouverions sur place.

Il devait à peine être trois heures lorsqu'on nous a ordonné de descendre. Nous suivîmes les instructions jusqu'à ce qu'on nous lâche comme ça au milieu de nulle part. Nous nous organisâmes par chambrée et la troupe me désigna cheffe. Pas que j'y tenais vraiment, mais j'étais plus à l'aise pour prendre des décisions que de suivre celles des autres. Nous trouvâmes un lieu de campement et établîmes rapidement les tours de garde. Chacune savait quoi faire et au petit matin, nous prîmes nos premières rations et remplîmes nos gourdes dans le cours d'eau voisin et prîmes quelques baies comestibles que nous avions découvertes en nous installant. 

- Elsa, tu as la carte et la boussole pour nous repérer vers le lieu d'extraction ?

Celle-ci déplia le document, et nous pûmes établir l'itinéraire. J'avais envoyé deux filles en éclaireuses, elles ne tarèrent pas à revenir et à nous indiquer où se trouvaient les garçons. Nous n'allions pas nous occuper d'eux, mais il était important de savoir où se trouvaient nos adversaires et nous n'étions pas à l'abri de quelques coups fourrés. Nous pliâmes bagage et après avoir installer un ou deux pièges... - si on pouvait les retarder... - nous prîmes la route. Nous avions décidé de longer le cours d'eau le plus longtemps possible, nous n'aurions qu'à bifurquer le lendemain pour parcourir les derniers kilomètres. Bien sûr ce plan fonctionnait dans l'absolu, nous ne savions pas ce que nos instructeurs avaient préparé en réalité. Il était midi passé lorsque les filles me demandèrent une halte. Cinq heures que nous marchions, elles avaient faim et soif. Nous sécurisâmes les environs et à tour de rôle nous prîmes le temps soulager nos vessies et de nous sustenter.

- On doit marcher encore beaucoup aujourd'hui ? me demanda Bettina.

- Nous avons fait un peu plus de la moitié. Il faudrait passer le gué avant quinze heures, afin de trouver un endroit à couvert pour la nuit.

Elle hocha la tête et s'éloigna. Quand les filles commencèrent à papoter, je compris qu'il était temps de repartir. Nous n'avions pas fait un kilomètre que nous essuyâmes les premiers tirs. Ce n'était que des billes de peinture, mais la sensation était la même que si nous étions en terrain hostile. J'étais assez fière des filles, très vite elles se mirent en position. Elsa se trouvait en avant poste et me fit signe de regarder un peu plus loin vers la gauche. De l'autre côté de la rivière, deux hommes cagoulés nous attendaient bien patiemment pour nous canarder. Les trois filles qui se débrouillaient le mieux au tir, se mirent en place, nous les couvrions en détournant l'attention des tireurs. Mary en toucha un. Il pesta mais lâcha son arme. Sophia manqua sa cible mais Lucy fit mouche. Le passage enfin libre, nous poursuivîmes la route. Il était évident que nous étions attendues au gué, il fallait absolument que nous soyons vigilantes et préparées.

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