20 octobre 2077
sicheng était assis sur le fauteuil en cuir foncé trônant dans sa chambre conjugale.
l'horloge indiquait quatre heures trente-sept et la blême lueur de la lune luisait dans la pièce.
une insomnie l'empêchait de rejoindre les bras de morphée.
une lamentation murmurée franchit ses lèvres lorsque ses yeux se posèrent sur la petite malle en bois posée sur le bureau.
le besoin d'entamer la lecture des lettres se trouvant à l'intérieur se fit irrépressible, rongeant sicheng tel un acide, si bien que la septuagénaire ne pût résister à la tentation.
mei lin lui avait fait jurer de ne pas lire les lettres sans elle mais sicheng était prêt à subir l'ire de son épouse juste pour sentir le fin papier entre ses mains.
il se levait de son siège, craignant de réveiller la belle endormie à cause de l'horrible grincement du parquet.
du bout des doigts, il caressa la surface du coffre, s'arrêtant pour détailler chaque aspérité.
la clé s'inserra dans la serrure sans soucis et bientôt, les larmes montaient aux yeux du malade.
les feuilles avaient conservé leur odeur parfumée, un mélange de soleil et d'océan, semblable à celle de leur auteur.
sicheng fit l'erreur d'allumer une lampe, réveillant par le même occasion sa compagne.- sicheng, il est tard, qu'est-ce que tu f-
mei lin s'était arrêtée dans son sermon et fixait sicheng, sourcils froncés.
une veine de son front semblait prête à exploser, signe qu'elle allait bientôt s'énerver.- dong sicheng, pourrais-tu m'expliquer pourquoi à quatre heures du matin tu es en train de lire ces putains de lettres ?! s'exclama-t-elle, bien plus réveillée qu'une dizaine de secondes plus tôt.
aucune réponse ne parvint aux oreilles de la retraitée. sans son maquillage, elle paraissait beaucoup plus âgée, rides et taches de vieillesse enfin dévoilées.
- répond idiot ! ne me fais pas croire que ça ne pouvait pas attendre.
sicheng inspira avant de relever ses orbes noirs sur le visage de sa femme.
- j'ai tant de souvenirs que parfois j'ai l'impression d'avoir mille ans. un gros meuble à tiroirs encombré de bilans, de vers, de billets doux, de procès, de romances cache moins de secrets que mon triste cerveau débita le chinois, récitant (à sa manière) baudelaire comme il avait fait toute sa vie. et tout ça, l'intégralité de mes pensées va disparaître. alors non, je ne peux pas attendre mei lin.
et c'est avec un sourire triste que sicheng attrapa une première lettre.
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《 j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.
un gros meuble à tiroirs encombré de bilans, de vers, de billets doix, de procès, de romances,
avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,
cache moins de secrets que mon triste cerveau. 》lxxvii "spleen", charles baudelaire, les fleurs du mal, section spleen et idéal
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mourir vieux (avec toi)
Fanfiction✎ᝰ┆ yuta et sicheng ✎ᝰ┆ "j'ai décidé de coucher sur papier le moindre souvenir apparaissant à la surface de mon cerveau détérioré. pour ne pas t'oublier toi, amour. parce que si tu quittes ma mémoire, chaque jour que j'aurais à vivre sans toi ne se...