6 ㅡ the end

76 17 9
                                    

7 janvier 2080

il neigeait dans le petit cimetière.
la poudreuse avait recouvert toutes les tombes d'une couche blanche, rendant un petit peu moins austère l'endroit.
et au milieu de tout ce blanc, il y avait cinq silhouettes, vêtues de noir, serrées les unes contre les autres, sûrement pour se réchauffer ou bien pour se soutenir durant ce moment difficile.

la seule petite fille du groupe, chaudement emmitouflée dans une doudoune, tira la manche de son papa.
celui-ci renifla avant de baisser ses yeux embués de larmes vers elle.

- papa, pourquoi vous pleurez tous ? demanda-t-elle, sourcils froncés.

le grand brun fit un demi-sourire.
sa fille n'était qu'une enfant, elle ne comprenait la douleur que provoquait la perte d'un père.
elle lui ressemblait tellement, toujours en train de poser des questions sur tout, pas forcément au meilleur moment.
si son grand-père avait été là, il lui aurait répondu en citant un vers de baudelaire, mais il n'était pas là et yukhei avait mis un point d'honneur à ne jamais apprendre un seul des mots du poète.

- je sais pas shuli, c'est juste... des moments comme ça où l'humain n'est pas conditionné pour faire autre chose lâcha-t-il, les yeux rivés sur les deux tombes qui se tenaient en face de lui.

de l'autre côté du groupe, le plus jeunes des enfants serrait sa mère contre lui.

- maman, tu es sûre que tu as fait le bon choix en enterrant papa ici ? c'est très loin de la maison et tu ne pourras pas venir le voir aussi souvent que tu veux...

la vieille femme sourit.
son fils n'avait pas changé, il était toujours préoccupé par le bien-être de ses parents et c'était ce qui le rendait aussi attachant.

- je suis persuadée que c'est ici ton père aurait voulu finir sa vie ; avec l'amour de sa vie.

- mais maman, c'est toi l'amour de sa vie ! s'exclama renjun.

mei lin secoua doucement la tête.

- tu sais 'jun, ce n'est pas parce que tu es marié avec quelqu'un que cette personne est l'amour de ta vie, regarde ton frère : il s'est marié deux fois avant de trouver la bonne. ton père m'aimait, bien plus que je ne le pensais, mais son amour pour moi n'a jamais été aussi fort que celui qu'il éprouvait pour yuta.

renjun s'apprêtait à répliquer mais mei lin.

- il vous a eus pendant plus de quarante ans et il m'a eue pendant près de soixante ans. je pense que c'est son droit de profiter de yuta pour le restant de ses jours.

à la fin de sa tirade, ses yeux chocolat s'embuèrent de larmes malgré le léger sourire qui habitait ses lèvres.

yuqi, qui se tenait au centre du groupe, ne pouvait s'empêcher de pleurer abondamment.
pourtant, elle aurait pensé que ce rôle allait être celui de renjun mais elle ne pouvait se résoudre à enterrer le seul qui avait jamais vraiment crû en elle.
dans ses mains, les cinq roses blanches s'accordaient au paysage qui entourait sa famille.
sur chacune des fleurs, le nom d'un membre de la famille était inscrit en lettres noires et, une fois l'averse de leurs larmes arrêtée, ils finirent tous par récupérer la leur.

- merci d'avoir toujours crû en moi, malgré tout murmura yuqi en jetant la rose sur le cercueil de son père.

- merci de m'avoir aidé à devenir un homme dit yukhei, la voix chargée de sanglots.

- merci de ne jamais m'avoir abandonné pour ce que je suis déclara renjun qui se retenait de pleurer depuis le début.

- merci de m'avoir appris à faire des mushipans clama shuli avant de rejoindre les bras de son père.

- merci de m'avoir aimée lâcha simplement mei lin.

contrairement aux autres, elle souriait, d'un rictus si grand que l'on voyait ses dents.
elle savait parfaitement que sicheng avait retrouvé yuta et qu'ils étaient tous les deux, heureux et amoureux.
et, maintenant que son mari était parti, c'était ça, ça et ses enfants et petits-enfants, qui faisait son bonheur.

ㅡclap de finㅡ

mourir vieux (avec toi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant