2 ㅡ kissing & cooking

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20 octobre 2077

le sourire de sicheng était aussi long que l'amazone à mesure que ses yeux parcouraient la lettre.
la maladie le diminuant, il prenait le temps de lire chaque phrase avec attention puisqu'il avait du mal à se concentrer plus d'une minute.
les mots de yuta le plongeaient au coeur de sa jeunesse, une soixantaine d'années plus tôt.
sicheng se souvenait de cette journée malgré tout le temps qui s'était écoulé.

yuta avait raison, il avait neigé, rendant l'instant plus cliché qu'il ne l'était déjà.
sicheng préparait des mushipans à la cannelle et yuta, assis sur le plan de travail, lui racontait des anecdotes sur la vie au pays du soleil levant, tentant quelques fois de lui donner des conseils pour sa recette.

- je pense que tu devrais mettre un peu plus de f-

- yuta, je sais que t'es japonais mais sans vouloir te vexer, tu sais pas casser un œuf l'avait coupé sicheng.

le japonais avait levé les yeux au ciel puis explosé de rire sous le regard excédé de son cadet.
ils étaient jeunes, sicheng  ne devait pas avoir plus de seize ans.
yuta s'était rapproché de son meilleur ami et l'avait embrassé, scellant deux ans de séduction entre les deux adolescents.
ses lèvres avaient le goût du sel et il sentait l'été.
ça avait été très bref, un baiser craintif, un simple effleurement de leurs lippes qui marquait pourtant le début d' une histoire grandiose.
après ça, sicheng n'avait pas cessé de sourir, même durant la nuit, allongé sur son lit.
il y avait pensé chaque jour qui s'en était suivi , il en avait rêvé, ses songes envahis par yuta et ses lèvres goût océan.

ce que yuta n'avait pas mentionné, il l'avait sûrement oublié, c'était que les mères de sicheng les avaient surpris lors de leur deuxième (ou était-ce le troisième ?) baiser, un peu plus poussé que le précédent.
les grands yeux noirs de sixtine, sa maman française, n'avaient pas arrêté  de faire l'aller-retour entre les longs doigts de yuta encerclant la taille de son fils et leurs bouches qui, si elle ne rêvait pas, étaient l'une contre l'autre.
si yuko, l'autre maman de sicheng, ne s'était pas raclé la gorge avant de tirer sa femme vers une autre pièce , elle serait sûrement restée là des heures durant.
sicheng en avait été mort de honte tandis que yuta en avait pleuré de rire parce qu'il était comme ça et qu'il prenait tout à la légère.
les dernières notes de la chanson avaient retenti et l'aîné avait dû regagné sa maison.

parlons de la chanson, d'ailleurs.
elle avait tant marqué sicheng qu'il l'avait écouté presque chaque jour depuis.
et aussi malsain que cela pouvait paraître, elle avait aussi été la chanson de l'ouverture de bal de son mariage avec mei lin, quinze ans après ce baiser.
sûrement un mode de garder en mémoire que même s'il épousait la femme de sa vie , elle n'était pas l'amour de sa vie.


mourir vieux (avec toi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant