26 octobre 2077
soixante ans plus tard, sicheng n'était plus sur une plage paradisiaque mais entouré de sa femme, de son frère cadet, hendery, et de ses enfants, renjun, accompagné de son compagnon, jeno, yuqi, fraîchement divorcée, et yukhei ainsi que sa troisième fiancée, tzuyu, enceinte jusqu'au cou.
il n'avait pas vraiment eu envie de fêter son anniversaire mais mei lin l'avait convaincu en lui rappelant qu'il s'agissait peut-être de ses dernières réunions de famille.
puis, des larmes avaient roulé le long de ses joues, prouvant à sicheng qu'elle était plus vulnérable qu'elle ne le paraissait.
le couple avait décidé de révéler la sombre nouvelle tombée une dizaine de jours plus tôt durant ce repas.
hendery savait déjà, c'était lui que sicheng avait appelé après avoir lu la première lettre de yuta, en pleurs et la tête d'idées noires.
il avait été le seul à pouvoir calmer son frère, certainement parce qu'il était le seul à savoir à quel point l'amour que se portaient ces deux-là était fort et passionné.ils avaient des airs de famille parfaite comme ça mais derrière les voiles coquets, cicatrices et échecs se dissimulaient.
tout se trouvait dans les détails, le verre vide de yuqi parce que personne ne voulait qu'elle ne replonge, les yeux rouges de renjun, signe évident d'une énième altercation avec jeno ou encore le sourire crispé de tzuyu parce qu'elle avait beau porter l'enfant de leur fils, c'était la première fois qu'elle rencontrait ses beaux-parents.sicheng reprenait ses vieilles habitudes d'envies de quitter la pièce et de fuir à des centaines de kilomètres, chose désormais impossible.
il avait quatre-vingts ans, une maladie qui lui rongeait littéralement le cerveau et un sens de l'orientation pitoyable ; décamper était l'idée la plus cauchemardesque qui soit.les discussions allaient bon train autour de la table et sicheng contemplait sa famille, un sourire fier sur les lèvres.
il avait beau avoir amassé un million de regrets au cours de sa vie, eux-là, ils étaient sa plus grande satisfaction.hendery, qui avait fini par comprendre le sens des regards appuyés de mei lin, se leva.
- jeno et tzuyu, venez avec moi, on va préparer le dessert annonça-t-il.
yukhei fronça les sourcils.
au vu de l'état de sa fiancée, il aurait pensé qu'on la laisserait tranquille mais, n'osant pas contredire son oncle, il se tut et se résigna à laisser partir la taïwanaise.
à peine les trois "volontaires" sortis de la pièce, mei lin avait rassemblé ses enfants.- on a quelque chose d'important à vous dire dit-elle, annonçant ainsi le sérieux de la discussion. votre père et mo-
- je vous préviens, si vous vendez la maison, je ne vous parlerais plus jamais la coupa yuqi.
son jumeau acquiesçait mais mei lin balayait cette idée d'un geste bref de la main.
- votre père est malade. c'est alzheimer déclara la grisée d'une voix blanche.
- putain de bordel de merde jura yukhei.
renjun baissait ses globes bruns qui avaient instantanément été envahis par des larmes qui roulaient à présent le long de ses joues.
l'image des larmes de son fils, bouleversé à cause de lui anéantissait sicheng.
il n'y avait que peu de souffrances qui égalait celle de voir son enfant triste.- les enfants, ne soyez pas dramatiques ! vous savez baudelaire disait, yuqi soupirait, fatiguée d'entendre son père citer inlassablement son poète préféré, "je sais l'art d'évoquer les minutes heureuses, et revis mon passé blotti dans tes genoux, car à quoi bon chercher", hum...
le silence aussi lourd que du plomb s'abattait sur la table comme un invité non désiré.
sicheng avait beau chercher, il était incapable de trouver la suite du poème.
il connaissait la grande majorité des fleurs du mal par cœur et ce depuis des dizaines d'années et jamais il n'avait oublié de vers avant aujourd'hui.- oh bordel c'est pire que ce que je pensais déclara yuqi avant de se saisir du verre qui contenait encore trois bonnes gorgées de vin.
- yuqi, pose ce verre.
- fous-moi la paix maman, j'ai presque cinquante ans bordel.
première gorgée.
- arrête de vouloir tout le temps me surprotéger, je ne suis pas aussi fragile que toi !
seconde gorgée.
yuqi continuait de déblatérer des horreurs à sa mère, yukhei se levait, quittait la pièce et la porte d'entrée claquait derrière lui, renjun tentait de calmer sa soeur et hendery, tzuyu et jeno restaient cloîtrés dans la cuisine.
troisième gorgée.
mei lin giflait yuqi, celle-ci explosait en sanglots et sicheng fermait les yeux, s'imaginant les pieds dans la limpide eau de porto rico.
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mourir vieux (avec toi)
Fanfiction✎ᝰ┆ yuta et sicheng ✎ᝰ┆ "j'ai décidé de coucher sur papier le moindre souvenir apparaissant à la surface de mon cerveau détérioré. pour ne pas t'oublier toi, amour. parce que si tu quittes ma mémoire, chaque jour que j'aurais à vivre sans toi ne se...