III - ✪ разбитый ✪

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"I didn't want to be controlled"

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Le lendemain, aux aurores, j'étais en train de frapper un sac de sable sans relâche.
J'étais si concentrée sur mes mouvements que je n'entendis aucunement les pas discrets du Soldat de L'Hiver arriver dans mon dos.

Est-ce vraiment la peine de vous décrire mon sursaut lorsque je me suis retournée pour simplement boire de l'eau ? J'en doute fortement.

Le brun était assis sur un banc au fond de la grande pièce. Il avait ses cheveux bruns relevés dans un chignon relâché et était vêtu d'un simple sweat à capuche bordeaux et d'un jean noir. Le soldat avait les jambes légèrement écartées, les coudes posés sur ces dernières et les mains jointes, le visage fermé comme à l'habitude.

Nous échangeâmes un regard avant qu'il ne prenne la parole.

-Qu'est-ce que tu m'as fait ? Interrogea-t-il d'une voix froide.

À l'entente de ces mots, mon sang se glaça. Je m'arrêtai brusquement dans mon chemin jusqu'à ma bouteille et me retournai face à l'homme.

- Arrête, ordonnais-je fermement, glaciale, mon regard s'étant assombri.
-Qu'est-ce que tu m'as fait ? Répéta à nouveau le soldat en détachant chaque syllabe, se levant du banc sur lequel il était assis.
-Moi ? Rien. Hydra ? Des horreurs. Et toi, qu'est-ce que tu m'as fait ? Rappelons quand même que toi, tu n'étais pas forcé, rétorquais-je avec dégoût.

En guise de réponse, il fronça légèrement les sourcils, signifiant qu'il ne s'en rappelait pas. J'avais beau ne pas l'avoir vu depuis quatre ans, je l'avais assez côtoyé pour décrypter sans difficulté le moindre de ses mouvements. Ces petits gestes étaient sa manière de parler.

Il s'approchait de moi à grand pas tandis que j'explosai d'un faux rire nerveux.
Il ne s'en rappelait même pas.

Face à ma réaction, sa prothèse produisit de nombreux cliquetis métalliques, signe qu'il serrait le poing.

-Qu'est-ce que tu as foutu dans mon cerveau ?! S'écria-t-il a plein poumons, d'une voix qui aurait presque pu porter un soupçon désespoir.

Son regard de glace plein de haine avait brusquement changé pour laisser place à une profonde détresse pendant une seconde. Je sentis un désagréable frisson parcourir mon corps face à cette vision.

-Ce qu'on m'a forcé à y mettre, rétorquais-je sèchement.

Soldat attrapa de ses deux mains le col de mon t-shirt et me souleva du sol, me plaquant violemment contre un mur. La pression qu'il exerçait sur ma poitrine rendait difficile l'accès à l'air pour mes poumons.

-Tu attends quoi pour l'utiliser ton pouvoir, maintenant ?! Finis ce que tu as commencé ! Rugit le brun, son regard étant à nouveau insondable.

Avant de me laisser le temps de répondre, mon regard glissa par dessus l'épaule du soldat. Natasha et Steve probablement prévenus par Friday, venaient d'apparaître au bout de la salle d'entraînement.

-Bucky, laisse-la, ou je devrais utiliser ça, ordonna le blond d'une voix ferme en désignant un petit dispositif métallique dont j'ignorais les capacités qu'il tenait dans sa main droite.

Le soldat ne semblant pas vouloir me lâcher, Steve s'apprêta a lancer la pièce de métal en direction du brun mais ma voix l'arrêta.

-Steve, attends !

Je m'étais surprise à prononcer ces mots qui étaient sortis tout seuls de ma bouche.
L'homme aux cheveux longs posa longuement son regard sur moi, puis sur mon ami, avant de me laisser lourdement tomber contre le sol dur. Il tourna les talons et disparu dans l'embrasure de l'ascenseur, suivi de près par le blond.

Ce regard qui était passé un instant sur son visage.

Un brin secouée par cet échange violent, une larme dévala ma joue.

Une expression de surprise prit place sur le visage de Natasha, qui en quatre ans, ne m'avait jamais vu pleurer.

-Qu'est-ce qu'il t'a fait ? S'inquiéta la rousse, accroupie à mes côtés.
-Désolée, je suis pathétique, m'excusais-je avec un rire nerveux tout en séchant mes larmes.

❅❅❅❅❅

La nuit suivante, vers une heure du matin, j'étais assise en tailleur sur le canapé du salon, recouverte d'un plaid. La grande dormeuse que j'étais habituellement ne trouvait plus le sommeil depuis mes très heureuses retrouvailles avec le soldat.
Regardant d'un œil blasé l'écran plat sur lequel passait des émissions plus inintéressantes et stupides les unes que les autres, j'étais épuisée mais trop sur mes gardes pour m'assoupir plus de deux heures.

La raison de tous mes tourments apparut à la gauche du salon pour se diriger vers la cuisine. Il avait probablement fait un cauchemar puisqu'il était trempé et qu'il se passa de l'eau sur le visage. Au lieu de repartir dans sa chambre comme il était venu, il s'arrêta à ma hauteur.

-Soixante-dix, pourquoi tu as fait ça ? Demanda-t-il d'une voix encore plus sombre que la matinée passée.
-Rappelle-moi ne serait-ce qu'une fois comme ça, je t'en retourne une, rétorquais-je sans même quitter l'écran plat des yeux.
-Réponds à la question, ordonna le soldat, glacial.
-Ça ne changera rien à la situation et je n'ai pas envie de te refaire les détails de toutes ces horreurs, merci bien, tranchais-je froidement.
-Tu m'as détruit, cracha-t-il.

-Je ne voulais pas faire ça ! Me défendais-je.
-Mais tu l'a fais.
-Tu es sorti de la base il y a combien de temps ? Trois semaines ? Tu ne te rappelles sûrement que de très peu de choses. Tu ne te rappelles plus de la personne que j'étais, tu ne te rappelles plus de qui tu étais, tu ne te rappelles plus de ce qui c'est vraiment passé, alors arrête de ne me réduire aux pires actes que j'ai du faire. Je n'ai pas pu faire autrement, je n'avais pas le choix, je n'ai rien trouvé d'autre ! Déballais-je, montant en pression au fil de mes explications.
-Je t'écoute.
-Très bien. Maintenant casse toi, rétorquais-je en pointant le couloir du doigt.

Après un silence bien trop court à mon goût, le brun revint à la charge.

-Soixante-dix, pourquoi ?

Ni une ni deux, je bondis du canapé et ma main droite s'abattit sur sa joue dans un claquement sonore. Le brun tenait la partie rougie de son visage de sa main métallique avec une lueur meurtrière dans le regard. Nos visages étaient maintenant à une vingtaine de centimètres l'un de l'autre.

-Ne t'avise pas de m'en remettre une. Elle était méritée, le prévenais-je.
-Ça me regarde un peu, quand même ! S'écria-t-il en tapant son poing métallique sur la table en verre.
-Tu es subitement redevenu très bavard ou c'est juste avec moi, pour me pousser à bout ?! Vociférais-je à mon tour.
-J'aimerais juste bien savoir comment et pourquoi je suis devenu un monstre, je ne me rappelle plus de rien, et de ce que vous m'avez fait.
-Premièrement, le« vous » est assez déplacé. Deuxièmement, tu n'es pas un monstre. Troisiemement, je n'ai pas envie d'en parler.
-Pas envie, peur, ou honte ? Rétorqua-t-il avec une voix tremblante de rage, essayant de se contenir pour ne pas perdre le contrôle encore une fois.
-Trop douloureux, précisais-je en lui jetant un regard noir.

Le brun se mit à tourner en rond comme un lion en cage avant d'aller se passer, encore une fois, de l'eau sur le visage.

Il avait beau avoir le droit de savoir ce qui lui était arrivé, ces souvenirs étaient trop sensibles pour les dévoiler à l'une des personnes que je haïssais le plus au monde.

Après dix bonnes minutes à suivre l'homme des yeux, debout et pensive au milieu du salon, je me résignai.

-Ta main.

✪ Rebirth { Bucky Barnes } ✪Où les histoires vivent. Découvrez maintenant