IV - ✪ Я готов отвечат ✪

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"I've turned into a monster." ID

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-J'ai aussi la capacité de nous déplacer dans des souvenirs, précisais-je devant son incompréhension.

L'homme en face de moi plongea son regard glacé dans le mien afin de déceler d'éventuelles mauvaises intentions comme il savait si bien le le faire, mais il ne trouva rien. Il hésita quelques secondes, puis posa doucement la paume de sa main valide sur la mienne.
Le contact de sa peau chaude contre la mienne me fit légèrement frissonner, peu habituée aux contacts physiques non-violents avec lui. J'enlaçai ensuite ses doigts démesurément grands par rapport aux miens, le faisant se crisper de tout son être. Je jetai un dernier regard en sa direction avec un soupçon de méfiance avant de clore mes paupières pour pouvoir être pleinement concentrée.

La première chose qui me frappa fut à la fois la force de son esprit, mais également l'immense brèche que Hydra y avait creusé.

-Quoi que l'on voit, quoi que l'on entende, sache que rien ne peut nous arriver.

Après un court silence, je rajoutai:
-Et aussi, tâche de ne pas me broyer la main, merci d'avance.

L'impression surprenante de chuter dans une autre réalité sembla le déstabiliser puisque je sentis son pouls s'accélérer à travers mes doigts.
Mon dernier voyage entre ces deux mondes remontait d'il y a au moins deux ans. Mon corps frémit à l'idée de ne plus être capable de maîtriser ce changement d'état.

-Surtout, ne me lâche pas, prévenais-je d'une voix ferme.

Nos corps étaient toujours dans la réalité telle qu'on la connaît, mais nos esprits en étaient maintenant déconnectés, or, se séparer de son moyen de transport entre deux dimensions était une très mauvaise idée.

Notre vision se brouilla jusqu'à ce que nous ne soyons plus en mesure de distinguer quoique ce soit autour de nous. Les formes abstraites que créaient le mobilier de notre appartement se mirent à bouger jusqu'à entièrement transformer notre environnement. À la scène quelque peu intimidante, mes jambes furent prise de légers tremblements.

Je sentis le corps du soldat se raidir et sa main resserrer sa prise autour de la mienne. Quand à moi, je restais immobile, ayant besoin de concentration pour ne pas être parasitée par d'autres pensées, au risque d'arriver ailleurs que prévu.

Lorsque je sentis mes pieds entrer en contact avec un sol dur, je rouvris les yeux. À la vision de ce lieu, je sentis ma gorge se serrer et mon cœur rata un battement. Nous étions dans un des couloirs de l'aile des dirigeants du camp d'Hydra.
Le brun reconnut la base dans laquelle il vivait encore il y a moins d'un mois en une fraction de seconde, si l'on peut appeler cela vivre, et sa respiration se coupa net. Ton son corps était en alerte, prêt à se défendre face à une quelconque menace.

-Ils peuvent nous voir ? Interrogea-t-il, sa respiration se faisant de plus en plus forte.
-Non. Nos corps sont toujours à New-York mais nos esprits sont ici, dans les années quarante et en Sibérie. On est dans un de mes souvenirs. On ne peut normalement que se déplacer ici sans influer sur nos corps à New-York, mais dans le doute n'essaie pas.
-Qu'est-ce qu'on fait là ? Changea-t-il de sujet, le cœur battant la chamade.
-Suis-moi, répondis-je en prenant une expression encore plus sérieuse.

Nous marchions côte à côte dans le couloir désert, faiblement éclairé par des lumières verdâtres, séparés par une vingtaine de centimètres. Il n'y régnait aucun bruit, omettant la résonance de nos pas sur la passerelle métallique où nous nous trouvions. La tension entre nous s'était apaisée depuis notre arrivée ici, remplacée par la sensation inconfortable de ce lieu riche en souvenirs traumatisants.

Après quelques minutes à s'enfoncer dans la base, nous aperçûmes enfin une femme aux cheveux blancs postée dos à une porte. Voir mon visage dénué d'expression, si inhumain fit naître un sentiment très désagréable en moi.

-Tu es sur de vouloir rester ici ? Interrogeais-je.

Le soldat hocha la tête d'un mouvement presque mécanique, mâchoire serrée. Mes jambes menaçaient de plier sous moi, me sentant oppressée dans ce lieu hostile.

Nous nous arrêtâmes à quelques mètres de la porte, bien assez proches du bureau pour entendre la discussion qui s'y terminait.

-N'avez-vous donc pas pensé au fait que le Sergent Barnes aura les capacités de détruire la moitié de nos soldats si l'envie l'en prend ?
-Le Soldat 70 nous permettra de mettre au point un moyen de le faire obéir en un claquement de doigts, des lavages de cerveau seront effectués, et puis, au moindre écart, une bonne correction s'imposera. Les prisonniers, c'est comme les chiens, ça s'éduque. Il ne sera pas plus, pas moins, qu'une arme.

Une larme coula de l'œil de "l'ancienne" Daerya pour dévaler le long de sa joue. Je fus légèrement embarrassée à cette vision tandis que Le Soldat de l'Hiver était encore plus dans l'incompréhension que quelques secondes auparavant.
Les paroles de l'homme nous glacèrent le sang. Nous étions des humains, pas des armes.

Ma main fut prise d'une vive douleur avant d'entendre un craquement sonore peu rassurant. Je dus me mordre la lèvre inférieure pour ne pas crier et faire comme si de rien n'était: je ne pouvais pas prendre le risque de le perdre après qu'il ait essayé de bouger son vrai corps.

Je posai mon regard sur lui, et constatai que tout son corps était raide et son regard fixait un point inexistant.

-Soldat 70 ? S'interrogea la voix.
-La première expérience réussie. Tout ceux à qui il a été infligé le même traitement sont morts. Elle a hérité de pouvoirs lui conférant une grande force ainsi que la faculté de modeler, tromper l'esprit et le cerveau humain. Cela pourrait paraître inoffensif mais tout ceci fait d'elle un véritable monstre. Elle a rendu une unité entière folle sans même bouger un petit doigt.

Je sentis mes entrailles se tordre et ma gorge se nouer à l'entente du qualificatif qui m'était attribué.

-Lancez la procédure pour Le Soldat de l'Hiver dès demain. C'est un ordre.

Lorsqu'elle entendit le cliquetis du verrou, la jeune femme essuya les larmes qui avaient inondé son visage d'un revers de main rageur et reprit a position raide avant que la porte ne s'ouvre sur elle.

-C'est-elle ? Grogna un grand homme à l'allure impressionnante.
-Effectivement, se pavana mon commandant en bombant le torse.

L'homme avait des cheveux grisonnants, était d'une morphologie imposante et une grande cicatrice traversait son visage. Il ne pouvait être qu'une personne: Sterken. L'une des personnalités des plus importantes de la base, mais également l'une des plus impitoyables.

Après de courtes formalités, l'homme disparut au bout du couloir de sa démarche fière. Une fois éloigné, mon commandant fit volte-face en direction de la jeune femme. La conversation qui venait d'être entendue donnait à mon autre moi l'envie d'arracher ses petits yeux porcins remplis de désir de contrôle.

Il attrapa son visage de sa main droite avant de le tourner de chaque côté.
-Quel gâchis. Tu aurais si bien pu servir aux autres soldats... murmura l'homme d'une voix à peine audible. Soixante-dix, entraînement dans vingt minutes. Une balle à côté et tu sais ce qui t'attends, se reprit-il d'une voix ferme.

Malgré son visage impassible, les quelques mots habituels semblèrent rester coincés au fond de sa gorge nouée, mais devant le haussement de sourcil de l'homme qui n'hésitait pas à lui faire subir les pires choses au moindre écart, elle prononça entre ses dents: - A vos ordres, mon commandant.

✪ Rebirth { Bucky Barnes } ✪Où les histoires vivent. Découvrez maintenant