La cour du roi : Les cousines de l'eau

La duchesse d'Aquitaine, Amance

-Arrêtez vous! Cria Amance. Mais le carrosse poursuivait sa route vacillante au cœur de la rue pavé.
-J'ai dit arrêtez vous! Il y a un sentier qui mène vers la forêt, je veux y aller sur mon cheval.
Le cortège se stoppa. La jeune fille entendit des chuchotements exaspérés, sans doute Méliane. En effet. La vieille gouvernante ouvrit la porte du véhicule dans lequel se trouvait la jeune duchesse.

-Demoiselle Amance, ne faites pas l'idiote bon sang! Nous ne pouvons pas nous permettre de faire un détour en pleine forêt pour satisfaire vos caprices, nous allons être en retard!

Amance fronça les sourcils. Elle n'avait pas envie de continuer une minute de plus le trajet dans ce wagonnet barricadés de lourds rideaux trop opaques pour contemplé l'extérieur en discrétion...

-Je suis la duchesse de d'Aquitaine, pas vous Méliane. C'est à moi de décider par où je passe, et je décide de passer par la forêt. Je peux y aller seule avec Triomphe, le cortège n'a qu'à continuer par le village.

À ces mots elle la bouscula pour sortir du carrosse. Aussitôt, le vent frai et fougueux de la région lui rougi le visage. Elle sourit, sortir lui faisait du bien. Méliane la suivit excédée:

-Ecoutez mon enfant, je ne remet pas en cause votre légitimité à donnez des ordres à vos sujets, mais je crains que vous aventurer seule dans cette forêt ne soit extrêmement imprudent!

La jeune fille roula des yeux tandis qu'on lui offrait les rênes de son cheval. On l'aida à monter.

-Demoiselle Amance! Cessez cette folie, vous allez faire attendre votre ami Octave!

Amance avança au pas. Ses serviteurs reprirent le chemin initial tandis que sa garde personnelle la suivait à cheval. Méliane persista à la suivre et monta également. Amance soupira:

-Mon ami Octave, comme vous dites, est roi maintenant. Il accueille beaucoup d'autres nobles gens en ce moment, il n'aura guère le loisir de me reprocher mon retard. Allez Triomphe!

Et après un geste encourageant, l'étalon se mit au galop tandis qu'ils pénétrait dans la forêt, trop éloigné pour entendre les protestations de la chaperonne.

A mesure que galopait Triomphe, un sentiment de liberté grandissait chez la jeune cavalière. Un sentiment qui rarement s'épanouissait depuis la mort de mère. Elle retrouvait en ces bois, toutes les odeurs et les mélodies de la forêt, des sensations de son enfance, lorsqu'elle venait passer des étés entier à la cour de Fanellon, loin de sa France natale, avec son meilleur ami -et fiancé de l'époque- Octave. Et dire qu'il était roi maintenant, et elle duchesse. 
Son médaillon doré tintait joyeusement sur sa mince poitrine aux gré des mouvements de l'étalon brun. D'une couleur similaire à la robe de l'animal, ses cheveux bouclés et fins se délièrent d'eux même lorsque le galop devint plus ardent. Elle osa clore ses yeux noirs, et les sensations de vitesse et de puissance en furent plus délicieuses encore. Un sourire laissa découvrir une rangée de ses dents d'enfants encore laiteuses.
 
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-Mais où est Amy? Pourquoi son cortège me parvient-il sans elle?

L'un des serviteur s'avança vers le roi et s'inclina.
-La duchesse Delarmoise a tenu à poursuivre par la forêt majesté. Elle ne devrait pas tarder, nous vous prions de l'excuser.

Le souverain sourit:
-Je vois, ça lui ressemble bien.

Des cavaliers passèrent enfin la grande porte de la cour, au devant, Amance. Elle s'arrêta près du roi et lui sourit, elle l'avait tout de suite reconnu. L'air joueur de l'enfant d'autre fois l'avait quitté, mais cet air paternel à son égard qu'il avait toujours eu s'était épanoui. Octave leva la tête vers elle, amusé. Elle descendit en douceur du cheval puis lui sauta au cou, ignorant l'air offusqué de Méliane:

-Octave! Ça faisait si longtemps, dire que tu es roi maintenant!

Le jeune homme éclata de rire:
-Eh oui, c'est étrange je sais bien...J'aimerais dire que tu n'as pas changer, mais tu es une vraie dame maintenant! Quel âge ça te fais Amy, quinze ans?

Amance sourit et acquiesça.
-C'est ça. Enfin, je fêterait mon anniversaire dans quelques mois, ici même j'espère!
Elle se reprit un peu et baissa la tête:
-Toutes mes condoléances pour ton père Octave, je sais que je te l'ai écrit mais je tenais à te le dire. Quand mère est morte, tu es venu.

Le roi sourit tristement.
-Merci Amy. Ne t'en fais pas pour ça, je veux que tu profites de ton arrivée ici.

il l'entraîna à l'intérieur tandis que les gens de la duchesse portaient ses affaires à ses appartements.
Alors qu'ils ressortaient par les jardins, le roi plaisanta entre deux envolés de rire d'Amance:

-Et tu te souviens ce que tu répondait lorsqu'on te posait la question? "Je veux être un chevalier, comme Octave!"

La jeune fille lui adressa un sourire entendu:

-Et je réponds toujours la même chose, au grand désarroi de ma gouvernante. Enfin bon, assez parler de moi. Maintenant que tu es roi, je veux entendre ce que tu prévoit de faire?

Il soupira. Il y avait encore tant de chose à faire, et son amie n'était que la première de la longue liste des invités qu'ils devraient accueillir. 

-Organiser les arrivés, essayer de recevoir les meilleurs espions possibles pour repérer ceux du Marquis, renforcer les défenses du château...

-Tu veux des légendes? Rétorqua Amance. Des figures légendaires de ce monde? Je ne connais qu'une personne qui puisse répondre à une telle demande...

-La princesse des Royaumes du Nord, je sais. Dis en ce que tu voudras, mais elle est invitée.

Amance voulu répondre, mais elle se retint. La princesse des Royaumes du Nord...En connaissance de sa réputation, elle avait du mal à approuver le choix de son ami. Certes, elle serait un élément formidable et même une arme contre le Marquis Delombre.
Mais si c'était celui-ci qui réussissait à l'avoir en premier dans son camp?