Le nouveau roi, Octave

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Père était mort depuis trois jours, et mère s'était enfuie on ne sait où, lorsque Octave s'assit pour la première fois sur le grand trône de velours rouge. Un trône massif, dans lequel il semblait se perdre. Ce n'était qu'un gamin, et contrairement à père jadis, il faisait pâle figure dans cette posture faussement autoritaire. Sa longue chevelure d'un brun clair était à cette occasion nouée en un catogan discret qui s'harmonisait à sa première barbe, la barbe du roi disait-on, car elle semblait -dans cette famille- naître avec le statut en question. Ses petits yeux d'un bleu foncé qui se levaient volontiers pour accompagner sa continuelle expression juvénile, se fixèrent sur les mains qui lui posèrent la lourde couronne sur le crâne. Sa gorge se serra: il était roi de Fanellon.

Il permit aux sujets qui l'entouraient de s'écarter et se leva, légèrement tremblant. Il fit voyager son regard sur l'assemblée qui avait plié le genoux devant lui: ils étaient nombreux, il n'en connaissait pas la moitié: des représentants des royaumes extérieurs.
Sa nouvelle fonction l'intimidait. Il avait toujours admiré père sans jamais penser réellement que ça serait un jour son tour. Comme si pour lui, son géniteur était éternel, et éternellement le roi de ce pays. Mais la réalité l'avait rattrapé. C'était à présent à lui de reprendre les rênes du royaume. Et jamais il ne s'était sentit si seul qu'à ce moment précis. Le moment où il vit les sujets du haut des marches pour la première fois.
Il s'éclaircit la gorge:
-Je remercie chacun d'entre vous pour sa présence lors de cet événement majeur, dit-il. Puis après un instant de silence, il reprit lentement:

-Mon père, a eu le courage de s'aventurer jusqu'au domaine le plus sombre de Bellor, celui du marquis. Ce qui était une erreur, n'était pas de se laisser tuer, ce qui était une erreur, c'était de l'avoir libéré de sa prison en mourant. Je ne ferai pas de même. Vous avez su reconnaître l'honnêteté de mon père et pour cela, vous lui avez prêté allégeance. Je ne suis pas lui, je le sais bien, mais je saurais prendre toutes les dispositions pour maintenir le royaume en sécurité. Je serais moins indulgent avec le Marquis Delombre que votre précédent souverain l'avait été. Les seuls barreaux que je lui réserve, sont ceux de la mort.

Un silence pesant durant lequel des regards plein de sous-entendus et d'hésitation parcoururent l'endroit se croisèrent et semblèrent flotter un moment dans l'air glacé. Enfin, ser Pérécon lâcha avec ferveur:

-Longue vie au roi Octave.

Octave le regarda, l'air profondément reconnaissant. Puis, une petite femme trapue imita Pérécon, Octave ne la connaissait pas. D'autre souhaitèrent la longue vie au roi, puis tout l'auditoire. Bientôt la salle résonnait d'applaudissement et de cris joyeux, le deuil laissait place à l'espoir.

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Le monarque commença par reformer le conseil, mais très vite, se rendit compte que cela était vain. Les conseillers, tous compagnons de chevalerie de son père, lui semblait loin de ses propres préoccupations, traitant en surface les problèmes uniquement financiers, qui étaient peu nombreux. Il le savait, tous entretenait la peur de s'attaquer à la résolution de la plus grande crise actuelle: celle du retour, le retour du Marquis. Bien sûr, Elestor, le mage royal, avait protégé le château et Brésur, le village avoisinant. En plus de sortilèges ancestraux qui sécurisaient le domaine, il avait renforcé les protections sur ordre de sa majesté. Mais pourrait-on échapper bien longtemps à la menace d'un sorcier au pouvoir si incommensurable que celui du Marquis Delombre ? Une nuit, l'idée de former son propre conseil, comme père l'avait fait en son temps, lui était apparu comme une évidence. Beaucoup avait déjà réclamer leur retraite. Certains pour honorer Georges Delarive, leur défunt ami et souverain, avaient préféré se retirer à sa mort. D'autres encore, ne se trouvaient plus en mesure d'exercer, trop vieux, trop nostalgiques. Puis il y avait la crainte. La crainte du poids de leur décision sur l'avenir du royaume, qui se trouvait fragile. De plus, ils ne connaissaient pas Octave comme ils avaient connus Georges, et cela était valable pour tous les membres de la cour qui fuyaient un par un, par peur d'un potentiel coup du Marquis qui pesait au-dessus de chaque épaule pareillement à une épée de Damoclès.

C'est un matin où le château ne s'était jamais trouvé si vide, qu'il annonça à Elestor et à ser Pérécon sa décision de reformer la cour.

-Tu n'es pas sérieux? Octave, où va t-on trouver de nouveaux prétendants aux titres suffisants en si peu de temps? Déjà que tous ceux qu'il nous reste ne tardent guère à se retirer...

-Mes nouveaux sujets de vie au château seront nombreux et voudront plus que tout rejoindre la cour, Pérécon, je peux te l'assurer.
Rétorqua Octave en laissant apparaître un sourire serein au coin de ses lèvres. Le mage Elestor, resta muet, il attendait simplement que son seigneur développe ses propos. Le chevalier s'égosilla:

-Ah oui? Et par quel miracle s'il te plaît?

-Parce qu'ils n'auront guère le choix. Nous ne réunirons pas n'importe qui. Ceux qui auront l'honneur de prendre part à la dorénavant prestigieuse cour de Fanellon seront bandits, voleur, brigand, assassins peut-être, mais du moins tous ceux qui mérite une seconde chance, quelques soit leur passé. Il y a dans le monde, bien des chevaliers, bien des dames, qui admirent encore Fanellon, et ça malgré le danger. Tout le monde mérite maintenant sa place à la cour.

Elestor parla enfin, d'une voix fatiguée par les années mais toujours claire et suffisante.

-Je reconnais là, une décision que votre père aurait pu prendre majesté. Mais qui dit ouvrir la porte d'un royaume légendaire gardé secret à tout le monde, dit l'ouvrir aussi aux assassins et membre de la Garde du Sang.

Octave réfléchit. La Garde du Sang, c'était la garde que le Marquis Delombre avait formé depuis sa libération pour assassiner la famille royale. Bien maigre famille d'ailleurs, puisque qu 'Octave était à présent le seul héritier. Il répondit :

-Nous n'ouvriront pas simplement la porte, je ne suis pas encore fou. Je vais envoyé des invitations à travers le monde pour repeupler le château. Si les nobles gens que je prévoit de convier pourront venir de n'importe quelle horizon, il n'en seront pas moins minutieusement choisis pour leur faculté. 

-Je vois très bien où tu veux en venir Octave...Inviter le genre de personne qui font parler d'elles, mais pas en bien. Le genre de dame Nephraelle.

Octave sourit, et une lueur amusée passa dans ses yeux.

-Par exemple.

Petite Note des Auteures
Bien le bonjour à tous (ou bonsoir, on ne sait pas quand sera lu ce message)
On espère très fort que tout vous plaira
Dites ce que vous en pensez, si vous voyez des fautes ou des incohérences (ça sera plutôt dans les prochains chapitres je pense)
Sur ce,
Salutations
Et
À plus

Steam et Ésope
Ou
La Team Peam

La cour du roi : Les cousines de l'eauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant