-Rends moi ça espèce de...
Parilanne arracha d'un geste sûr son casque des mains d'Elléryo. Elle le remit en place sur son crâne.-Tais-toi ! Murmura son homologue.
On est pas sensés parler autre chose que l'anglais...La femme éclata de rire.
-Ma parole, t'es encore plus idiot que tu en as l'air... Nous sommes entrés dans la citadelle ! Il y a un sortilège ici, tout le monde peut parler Fanellonais tête d'enclume !-Ouais... Bah ça change rien au fait qu'on va se faire repérer si tu continues à hurler comme une furie... Maugréa Élléryo. Les pas des chevaux rythmaient leur vaine querelle.
Tandis que les deux empotés qui lui servaient de gardes du corps reprenaient leurs beuglements derrière lui, Marius, vêtu des plus nobles pièces d'Angleterre, soupira.
-Vous me fatigué... Un mot de plus et je coupe la langue de l'un pour coudre les lèvres de l'autre, d'une seule formule. Lâcha t-il, blasé.
Elléryo émit un grognement et se tu.
Enfin un peu de calme, pensa le jeune homme. Entre ces deux abrutis que lui avait refourgué le marquis et le prince Edward qui n'avait cessé d'appeler au secours lorsqu'ils le baillonnaient tout à l'heure, un peu de silence était le bien venu. Cependant, Marius demeurait satisfait de son nouvel aspect auquel il s'était, somme toute, docilement accoutumé.
Son visage pâle et anguleux avait laissé place à un teint plus chaud et une machoir carrée à la dentition de nacre parfaite. Lui qui était d'ordinaire tout à fait imberbe, arborait à présent une courte toison brune qui s'harmonisait à la perfection avec ses tout nouveaux yeux noisettes. Il avait même prit une tête de plus, ce qui était, il fallait l'avouer, fort plaisant. À l'heure qu'il était, le véritable héritier de la couronne Anglaise devait somnler dans l'un des cachots sale et humide du manoir Delombre. Cette pensée grisa Marius d'un sourire narquois.-Elléryo je vais t'évicérer vivant !
Menaça Parilanne en montrant les dents. Le faux prince leva la main d'un geste nonchalant et la serra dans le vide. Aussitôt, la femme qui venait de parler sentit sa gorge se contracter et l'air devint rare:-Ugh...
-Il me semblait t'avoir dit de te taire, Élisabeth. Tu n'es plus Parilanne maintenant, souviens toi que tu te nommes Élisabeth. Tu es ma garde personnelle, rien d'autre.Il relâcha sa main et la reposa sur la sangle qui maintenait sa monture. Parilanne s'empressa d'aspirer une grande bouffée d'air frai et de palper son cou sur lequel des marques rougeâtres résidaient dès lors.
-Oui... Majesté...
-Bien. Et toi l'idiot, rappelles moi quel est ton nom à présent ?
Elléryo, paniqué, ne manqua pas de répondre avec précipitation :
-Je suis Phineas Dunckall ! Et toi tu es le prince Marius... Euh je veux dire Edward ! Edward Armsword !
Il attendit la réaction de Marius avec crainte. Mais l'adolescent se contenta de pester comme un chat frustré.
La voix du crieur à l'avant de l'immense cortège Anglais se fit entendre quelques instants plus tard :
-Nous arrivons à la forteresse royale de Fanellon monseigneur !
Annonça t-il.
Marius contempla les remparts titanesques, puis le splendide palais de pierres noires. Il ne l'avait jamais vu. Issu de la petite bourgeoisie et à l'écart de la citadelle depuis qu'il vivait dans le domaine Delombre, il n'était jamais allé au-delà des seconds remparts. Ainsi, il observa attentivement tout ce qui lui tombait devant les yeux en sortant de la basse cour.
Des troubadours comtaient les exploits de Trear le géant ou bien de Naëlla la guerrière hybride, tandis que des ménestrels pour deux sous vous interprétaient bien quelques balades romantiques pour conquérir la dame de votre cœur. Au milieu de ce vacarme, quelques diseurs de bonnes aventures déjà fortunés tentaient de vendre leur rêves sans oublier leur prophéthies aux bourgeois friants de frissons et les plus belles esclaves des îles d'Ajralane -à une mer de la métropole Fanellonaise- dansaient sous la contrainte de leur véreux marchands.L'on ouvrit les portes pour le cortège Anglais, et, trônant le défilé de cavaliers et serviteurs, Marius laissa sa monture pour pénétrer dans le palais. Les pas de ses nouveaux souliers vernis sur la pierre du château retentirent, brisant un silence crystallin. Plus il s'approchait du roi, plus on distinguait sur son visage un sourire poli. Quelques murmures auxquels il ne prêta nul attention accueillirent la fin de sa marche. Il balaya la salle emplit de nobles gents par pur curiosité et son regard s'arrêta sur une maigre fille aux cheveux bruns et à l'air farouche. Elle le regarda également et, chose rare, ne détourna pas les yeux. Il sentit alors quelque chose d'étrange avec cette individue... Une sorte de puissance dont elle même ne soupçonnait sans doute même pas l'existence émanait de tout son être, et lui seul dans cette pièce, pouvait le capter. Il lui fit un petit sourire charmeur et se reconcentra sur le roi. Il posa un genoux à terre, soucieux de préserver sa crédibilité, et s'éclaircit la gorge:
-Moi et mes gens vous saluons ô roi de cette splendide contrée. Je me nomme Edward Armsword, légitime héritier du trône d'Angleterre. Je viens ici demander votre hospitalité en ces temps de trouble pour mon peuple.Octave le considéra d'un intérêt juste et bienveillant.
-Mon hospitalité est déjà votre prince Edward, autant qu'il vous faudra rester.-Je crains de devoir rester jusqu'à ce que le destin m'accorde de trouvez une bonne épouse. En effet, je pense ne rien vous apprendre en vous déclarant que mon père le roi se meurt.
Octave eu un hochement de tête empathique.
-Mes informateurs ont eut la sagesse de me mettre rapidement au courant de cette malheureuse nouvelle mon ami. Je me permet d'empathir à votre souffrance, moi qui ai également perdu un père il y a peu.-Et j'en suis désolé croyez le bien, toutes mes condoléances sont à vous monseigneur.
Il se releva et poursuivit d'un ton plus formel.
-Quoiqu'il en soit, je ne pouvait choisir meilleur domaine que le vôtre pour chercher une reine.Octave sourit.
-Il y a en cette cour, nombre de dames qui pourraient correspondre à vos attentes messire.-Je ne peux que constater vos dires. Sourit le faux prince, malicieux. Sa réplique secoua la salle d'une vague de gloussements féminins.
L'auditoire se détendait et se laissait séduire par le jeune noble qui plaisanta encore quelques instants tandis qu'on montait ses affaires à ses appartements. Marchant avec le roi et autres ducs, barons, il fût invité à la parti de chasse qui aurait lieu le semaine suivante.
-N'y aura t-il que des hommes ?
Octave eut un petit rire.
-Eh bien, dans une chasse classique ici, il ne devrait n'y avoir que des hommes effectivement. Mais mon amie, la duchesse Delarmoise possède disons... Un goût prononcé pour tout ce qui est interdit. Donc j'imagine que je ne pourrais pas l'obliger à rester au château. Tenez la voilà là bas...Il désigna la jeune fille à l'air farouche sur laquelle Marius s'était arrêté tout à l'heure. Ce dernier sourit.
-Je vois... Elle ne semble pas être très classique en effet.Le roi rit de bon cœur.
-On peut le dire oui.La dite duchesse se tourna et jeta sur le petit groupe -et plus particulièrement sur Marius- un regard puissant, comme celui d'un animal sauvage détaillant son prédateur.

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La cour du roi : Les cousines de l'eau
ParanormalFanellon est un mystérieux royaume, qui n'apparaît sur aucune cartes. Pourtant, depuis la mort de l'ancien monarque, nombreux sont les arrivants à la cour. Pourquoi? La Garde du Sang, une organisation de magie noire dirigé par l'auto-décrété Marquis...