Les accusations

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 Un ours, le père Grégoire? à n'en pas douter; un homme renfermé? encore vrai,et pourtant on l'aurait totalement ignoré, il aurait peut-être vécu tout à fait tranquille, si un beau matin d'automne, la mère Cornélia qui avait été ramasser des champignons dans les environs de la maison en bois, n'était revenue fort troublée et racontant d'étranges choses.

-Figurez-vous, qu'en ramassant mes champignons, voilà que tout à coup, je me suis sentie d'une extrême fatigue. La tête me tournait, mes jambes ne me répondait guère. Comme je n'étais pas bien loin de la maison du père Grégoire, j'ai décidé d'aller lui demander un verre d'eau, mais à peine étais-je arrivée au portail, qu'il est sorti de chez lui, tel un diable de sa boîte et a pointé un fusil en ma direction.

-allez-vous-en tout de suite, a-t-il dit, furieux.

-j'ai essayé de lui parler, en pure perte, continua la mère cornélia: il tenait son fusil toujours braqué en ma direction.

Les villageois avaient été outrés, on s'en doute, d'une telle réaction; mais il y eut d'autres méfaits et ceux-ci inquiétèrent encore plus. ainsi, en fut-il d'un chien abattu pour le motif suivant:

-Il était trop près de sa maison, disait le cantonnier.

Et ce n'était pas tout. Un chat avait été empoisonné. Il avait fixé avec convoitise une jeune poulette.

Enfin, il y avait le pauvre Lucas, un jeune garçon, pas méchant pour deux sous, qui, ayant soi-disant regardé un peu trop hardiment le père Grégoire, s'était vu souffleter de main de maître. Et hardi donc!

C'en était trop. Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Les villageois se mirent à le craindre et à se poser des questions.

-Pourquoi tant de hargne?

-Que cache-t-il?

Car il devait cacher quelque chose à n'en pas douter et ce devait être fort précieux.

-Mais quoi? se demandait-on en hochant la tête.

et les imaginations d'échafauder des suppositions invraisemblables, des histoires à faire frémir de la tête aux pieds, des contes à faire dresser les cheveux sur la tête, au point que quelqu'un déclara sagement:

-Il faudrait prévenir la police. Une perquisition chez lui s'impose.

On était de son avis. Pourtant, on hésitait encore. Il fallait des preuves. Il y en avait; enfin, on pensait que c'était des preuves; mais tout de même, à bien réfléchir, les gifles et le fusil exceptés, personne n'avait été blessé, tué, ou agressé par le père Grégoire.Alors? alors, il fallait attendre un peu jusqu'à ce que les événements se déroulent plus clairement. C'était résonnable.

-Laissons faire le temps, disait le cantonnier.

Et les autres villageois de dire:

-Laissons aller les choses.

Le trésor de GrégoireWhere stories live. Discover now