Le peuple des Barbichons

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Il était une fois, aux confins de la Forêt Noire, un petit peuple de gnomes qu'on appelait les barbichons à cause de leur grande vieillesse. Pas plus grands que des arbres nains, ils vivaient dans les profondeurs des bois, et nul ne savait comment et depuis quand ils étaient en ces lieux. D'ailleurs, leur vie était mystérieuse, dissimulée, et s'ils étaient parfois aperçus par les humain ils ne les côtoyaient guère. Une raison à cela: leur apparition quoique brève, causait toujours aux hommes un trouble étrange qui les poursuivait longtemps. De ces rencontres jaillissait des discussions variables, mais toujours animées.

-Sûr que ces barbichons jettent le mauvais sort, affirmaient les uns.

Les autres, au contraire, haussaient les épaule pour déclarer l'air entendu:

-Nous sommes persuadés au contraire, que de les voir porte bonheur, et nous regrettons de ne pas les rencontrer plus souvent.

Tous étaient d'accord, cependant, sur un point précis: la malice de ces petits gnomes qui avaient plus d'un tour dans leur sac.

Ne disait-on pas le soir à la veillée, chez certains bûcherons que, lorsque ceux-ci se reposaient de leur travail en laissant leur hache près d'un tronc d'arbre, l'instrument disparaissait comme par enchantement?

Et d'ajouter:

-On a retrouvé la hache bien cachée dans les buissons. C'est un peu fort, non?

Ce n'était pas tout. Il était arrivé à un chasseur qui s'était égaré dans les bois à la nuit tombante, de voir briller les lanternes des barbichons cachés derrière les arbres et ces gnomes, d'une voix nasillarde se moquaient ouvertement du pauvre chasseur.

-Oh! oh! il s'est perdu...

-Ha ha! retrouvera-t-il sa route?

-Sûrement pas, nos lanternes vont l'induire en erreur. Ha ha ha ha ha ha!

Et les rires se mêlaient aux voix nasillarde se des petits hommes tandis que le chasseur découvrait sans cesse des chemins qui ne semblaient conduire nulle part.

-Il est perdu, perdu,reprenaient les voix.

-Ha ha ha, ha ha ha, il est perdu et nous ne le guiderons pas, répondaient en écho d'autres voix.

Étaient-ils cent? mille? L'homme ne savait plus. Une chose était certaine, les sentiers se multipliaient, surgissaient devant lui et le déroulaient complètement. La droite ne pensait que vers des taillis, la gauche vers des étangs, et le sentier droit devant lui aboutissait à une clairière où des lapins tenaient de grands conciliabules.

Mais tout cela restait en fait du domaine de la légende et personne, à proprement parler, n'avait vu de près un seul de ces petits barbichons si mystérieux.

Le trésor de GrégoireWhere stories live. Discover now