CHAINED

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PDV Abygail

Après s'être échangé un long et langoureux baiser, nous nous sommes douché afin de pouvoir reprendre notre route. Dans la voiture l'ambiance est assez bizarre, Aaron a sa main posée sur ma cuisse et personne ne dit rien. En fait je saurais même pas quoi lui dire. Je trouve son comportement perturbant. Je comprends pas pourquoi d'un coup il veut être un petit ami impliqué. Ce n'est absolument pas son genre et je doute qu'il y parvienne. Alors pourquoi avoir accepté ? Est-ce qu'il est sérieux et pense vraiment pouvoir le faire ? Je sais pas, je sais plus, il me casse le cerveau. Si ça se trouve il se fout de ma gueule juste pour tirer son coup jusqu'à ce que l'on soit séparé. Mais ça je ne le saurais pas temps qu'on y sera pas.

- Ça va pas ?

La voix d'Aaron me sort de mes pensées. Je tourne mon regard vide vers lui.

- De quoi ? Lui demandais-je.
- Ça n'a pas l'air d'aller.
- Si si.
- Pourtant ça n'a pas l'air.

Je prends un instant de réflexion et décide de me lancer.

- C'est juste que j'ai du mal à te comprendre.
- Comment ça ?
- Je comprends pas pourquoi tu veux être avec moi, ça me perturbe et je sais pas quoi en penser.

Il a pas l'air de réellement comprendre.

- T'as pas confiance en moi ? Me demande t-il troublé.
- Le prends pas mal, mais non, j'ai pas confiance en toi.

Il me jette un petit regard furtifs comme s'il avait mal entendu. Je me sens mal putain.

- Aby, pourquoi tu pleure ?

Je pose mes mains sur mes joues et constate quelles sont humides. Je les sèches rapidement et efface celles qui sont sur le point d'apparaître. Je fais pitié.

- Aby...

Sa douce voix se veut rassurante. Il ne semble pas m'en vouloir, il a juste l'air décontenancé par mon comportement. Il presse légèrement ma cuisse et la caresse avec son pouce. Je pose ma mais sur la sienne et soupire.

- Je suis désolé Aaron. Lui dis-je la gorge serré.
- Explique moi pourquoi tu n'as pas confiance en moi Aby.
- On est pas du même monde toi et moi et j'ai peur que ça ne nous réussisse pas. T'es du genre à coucher à droite à gauche et j'ai peur de ne pas te suffire une fois qu'on sera libre.

J'ai l'impression de l'avoir perdu.

- Aby, je vais pas te cacher que tout ça c'est nouveau pour moi mais j'ai vraiment envie d'essayer. Je te jure que j'ai pas envie de te faire du mal. Et puis depuis qu'on est attaché toi et moi, t'es là seule avec qui j'ai eu envie de coucher. Tu me plais vraiment Aby, laisse moi une chance de pouvoir connaitre l'amour, s'il te plaît.

Je le regarde pendant qu'il s'exprime. Il a l'air vraiment sincère.

- J'ai envie de te laisser une chance Aaron, mais j'arrive pas à éliminer cette peur qui me bouffe.
- Et si je fais mes preuves, elle partira ?
- Oui, je pense.
- Dans ce cas on y va doucement, je veux pas te presser, on a tout le temps.
- D'accord, mais je veux que tu me le dise si ça va pas.
- Promis, mais y'a pas de raison à cela.
- On sait jamais.
- Il est vrai.

Je fixe nos mains unis à peu près convaincu. Faut que je me laisse aller, si je ne tente rien alors il ne m'arrivera rien. Aaron peut être un réel déclencheur chez moi et il peut très clairement changer ma vie, alors on y va quitte à ce prendre un mur.

PDV Aaron

Les trois dernières heures de route enfin écoulées, je me gare devant ce qui devrait être la maison de Dann. Abygail et moi restons assis à la fixer pendant une dizaine de minutes. On sait tout les deux qu'il peut être un élément important à notre quête, et ça nous stress. De plus Aby le connait bien étant donné qu'il a travaillé sur le meurtre de ses parents. Le revoir doit être vraiment difficile pour elle, mais je suis là, je la soutiens dans ce qui risque d'être une bataille pour elle.

- On y va ? Lui demandais-je tout bas.

Elle ne répond pas bien trop hypnotisé par la maison qui se dresse devant nous, mais elle me montre tout de même son accord en retirant sa ceinture. Je fais de même et on sort. Je la tire jusqu'à la porte et frappe. Pas de réponse. Je frappe à nouveau, toujours rien. Pourtant ça est voiture est là. Je décide de faire le tour pour chercher une fenêtre, mais tout les volets sont fermés, on ne peut rien voir. Quand on arrive derrière, on découvre un jardin mal entretenu avec des herbes hautes, une piscine vide et une balançoire cassée. Il y a plein de truc qui traine et c'est difficile de marcher correctement sans perdre l'équilibre à chaque mètre. Quand on arrive enfin à la porte de derrière je toque mais elle s'ouvre toute seule. Je lance un regard à Aby qui n'a pas l'air rassurée. Je décide de prendre sa main avant de nous mener à l'intérieur de cette baraque sûrement maudite.
A l'intérieur ça sent le renfermé, mais pas que. Une odeur nauséabond nous agresse les narines et nous fait grimacer. Je manque de vomir et je sens qu'Aby n'en est pas loin non plus. On remonte notre tee-shirt pour se protéger puis on continue à avancer. C'est un vrai bordel là dedans. Tout est à terre, les meubles sont fracassés et les vitres cassées. Quelque chose ne va pas. Plus on avance plus l'odeur se rapproche, puis sans avoir eu le temps de mettre un pied au salon Aby recule. Elle la vue avant moi, elle le fixe. Je suis son regard et tombe sur lui, allongé au sol, totalement inerte. Il baigne dans son sang et les mouches lui tournent autour, ça doit faire un moment qu'il est là. Sans plus attendre, je tire Aby vers l'extérieur. Elle me suit avec hâte et prend une grande inspiration quand on parvient à l'air libre. Elle est sous le choque. Elle respire de manière incontrôlée et les larmes lui monte aux yeux. Je ne réfléchis pas et la prend dans mes bras. Jamais elle n'aurait dû voir ça. J'essaye de la calmer en la berçant légèrement, mais elle s'effondre laissant place à de bruyants sanglots. Elle est à bout. Je la serre contre moi ne sachant quoi faire d'autre. J'aime pas la voir comme ça, elle ne mérite pas ce qu'elle subit.
Ne pouvant rester plus longtemps sur cette scène de crime, je ramène Aby à la voiture pour repartir. Je démarre rapidement et trace. Un horrible silence règne, on peut juste entendre Aby qui sanglote encore. Je tourne le regard vers elle, elle est toute pâle.

- Tu veux qu'on s'arrête ?

Elle hoche la tête. Je me range sur le bas-côté et elle sort rapidement pour finalement vomir. Pas grand chose car on a pas mangé depuis hier, mais bien assez quand même. J'attrape ses cheveux et caresse son dos pour la rassurer. Elle tousse encore un peu avant de se redresser. Elle se tourne vers moi l'air complètement brisé.

- Je veux rentrer Aaron. Me dit-elle d'une faible voix.
- Oui, je te ramène.

On attend encore un peu puis on reprend la route. Plutôt on sera arrivés, mieux se sera pour elle.