CHAINED

En route

On c'est lever sur le coup des huit heures pour ne pas partir trop tard. On a plus de dix heures de route à faire et A ne compte pas les faire en une journée, ça serait beaucoup trop.
Après deux heures de voyage, il s'arrête faire le plein ne l'ayant pas fait avant. Aaaah ce que j'aimerais que vous voyez comment on a l'air con attaché comme ça. Les gens nous regardent de travers et nous juge à coup de messes basses, ce qui agace A rapidement. Il soupire et tapote sur sa voiture.

- A ton avis ils se disent quoi ? Demandais-je à A pour essayer de détendre l'atmosphère.

Il soupire à nouveau et plisse les yeux se donnant un air sérieux.

- Soit ils pensent que je te retiens en captivité, soit ils se disent qu'on est resté bloqué après une partie de jambes en l'air.
- Tu préférerais quelle version ?
- La partie de jambes en l'air voyons. Dit-il en riant doucement.
- Le contraire m'aurait étonné.
- Et toi ? Tu préférerais quoi ?

Je ris à mon tour gêné qu'il me le demande.

- Et bien, je préfère être un minimum consentante, alors... je préférerais la partie de jambes en l'air aussi.

Il me lance un regard et un sourire de pervers qui me font rire de nouveau.

- Je suis sûr que tu aurais adoré.
- Le ferme Aaron, ou je t'étrangle devant tout le monde.
- Ah ouais ? Et comment tu compte t'y prendre grosse maligne ?

Je regarde un instant autour de moi pour voir les possibilités qui s'offrent à moi.

- Avec le tuyau de la pompe à essence. Lui dis-je en miment l'action.
- Parce que tu crois que je vais te laisser faire ?
- Je pense pas non, mais j'ai juste à te mettre de l'essence en plein visage pour te déstabiliser et paf j'en profite.
- Mais t'es horrible! Sérieux tu me fais flipper, j'ai plus confiance en toi.

Je lui lance un rire démoniaque qui me fais rire moi-même.

- Ouais mais je vais pas le faire, t'inquiète pas.
- Me voilà rassurer. Dit-il avec un soupire de soulagement.
- Ça me ferais trop chier de trimballer ton corps de partout.
- Connasse.

Il a l'air complètement dépité ce qui rend la situation encore plus drôle quelle ne l'est déjà.
Il termine son plein et reprend sa carte.

- Bon, si tu veux aller au toilette c'est maintenant parce que je m'arrête pas avant midi.

Cette fois c'est moi qui suis dépitée. Je déteste aller au toilette, mais là bien sur j'ai envie.

- Alors ? Me demande-t-il.
- Oui, on y va.

Il ne perd pas une seconde et me tire jusqu'à l'intérieur de la station-service et ce dirige en direction des toilettes. Malheureusement, on se retrouve face à un dilemme assez complexe. Homme ou femme ? A tourne le regard vers moi ne sachant quoi choisir.

- On a qu'a regarder où y'a moins de monde. Lui dis-je.
- Ouais.

On check donc des deux côtés et contrairement à ce que j'aurais pus croire c'est le côté fille qui gagne. Je ne dis rien mais je suis contente. On rentre assez discrètement mais la seule nana qu'il y a nous remarque quand même et elle n'a pas l'air commode.

- Ici c'est les toilettes des femmes. Dit-elle avec mépris.
- Ouais mais moi je suis pas démontable. Rétorque A en montrant nos menottes.

Elle nous regarde de la tête aux pieds avec son sourcil gauche arqué et ses bras croisés.

- Les jeunes et leurs conneries. Dit-elle finalement avant de sortir.

A hausse les épaules et s'avance vers un toilette ou il me laisse entrer. Lui reste à l'extérieur mais problème, il es trop grand et je ne l'atteint pas. Je soupire avant de rouvrir la porte.

- Entre.
- Quoi ? Me demande A confut.
- Entre, j'atteins pas les toilettes si tu reste dehors.
- Bon bah okay.

Il entre et referme la porte avec le verrou derrière lui. Il reste ensuite planté en face de moi comme un débile.

- Retourne toi.
- Oups.

Il exécute et je commence à déboutonner mon short avant de le baisser avec ma culotte. Je déteste se genre de moment sérieux, c'est la chose la plus gênante qu'on ai à faire, et encore, là je ne fais que faire pipi. BREFFFFFFFFFF, PASSONS S'IL VOUS PLAÎT !!!!!
Je fais ce que j'ai à faire et je me rhabille avant de tirer la chasse.

- Tu veux faire pendant qu'on y est ? Lui demandais-je.
- Ouais tant qu'à faire.

On échange donc nos place pour qu'il fasse à son tour. Une fois qu'il a fini on ressort et on se lave les mains avant de partir. Heureusement qu'il n'y avait personne quand on est sorti sinon j'imagine pas ce que les gens auraient pensé de nous.
On regagne la voiture et c'est reparti pour deux heures de plus. Le trajet est un peu plus joyeux qu'au début et on s'essaye à la chanson. Autant vous dire qu'on chante très mal mais ça reste drôle et agréable. On en oublie même de s'arrêter. Ce n'est que vers 13h que A regarde l'heure et décide de faire une pause au prochain restaurant qu'on croise, c'est-à-dire à une dizaine de kilomètres de là. Il se gare sur le parking puis on descend. Ça change des endroits où il mange d'habitude.
On entre puis on va s'installer à une table avant qu'un gars vienne nous donner les cartes. Rien ne me fais vraiment envie mais j'ai faim alors j'opte pour le steak frite tout comme A. Notre repas arrive rapidement et on mange. Ce n'est pas le meilleur resto de ma vie mais ça passe, par contre pour A c'est différent. Il semble dégoûté de ce qu'il mange, à mon avis sa viande est trop cuite, il n'a pratiquement rien manger. Il me fait rire, on dirait un gamin à faire son difficile. Il n'a même pas bu son soda qu'il trouve pas assez pétillant. Un vrai chieur. Il n'arrête pas de soupirer et s'il continue il va se dégonfler complètement.

- Ça va ? Tu va t'en remettre ? Lui demandais-je amusé.
- Non, j'ai faim!
- Y'aura peut-être un autre truc sur la route.
- Ouais bah j'espère. Je sais même pas comment tu a fais pour manger ça.
- Oh moi je suis pas difficile tu sais, et c'est toujours mieux que rien.
- Mmmh.

Il reste septique mais ça va. Pour le consoler un peu c'est moi qui paye. C'est pas cher alors bon, au moins il n'est pas déçu de payer ça.
On reprend ensuite la voiture et là le temps devient très long. Aucune bonne musique, A a faim et il n'y a absolument rien à l'horizon. C'est le néant total ici. C'est vraiment pas le moment de tomber en panne ou d'avoir un quelconque problème. T'aurais le temps de mourir avant de trouver de l'aide. C'est quand même dingue qu'il y a autant d'étendues désertes aussi près d'aussi grand ville. Bon après c'est vrai qu'on se dirige vers un trou perdu, alors au final c'est logique. Personnellement je pourrais pas habiter dans une aussi petite ville, j'ai besoin de voir du monde et de ne pas croiser les même gens tout les jours. Dans ce genre d'endroit pratiquement tout le monde se connait et les nouvelles vont vite, beaucoup trop vite. J'aime pas ça, je préfère garder les choses pour moi et garder un peu de mystère pour les autres, sinon c'est pas drôle. Et puis c'est jamais bon de connaitre quelqu'un en détail, on peut apprendre des choses qui ne nous plaise pas forcément et on peut être déçu. C'est bien pour ça que j'ai peur d'apprendre la vérité, j'ai peur qu'Aaron me déçoive alors qu'au final il n'y sera pour rien. Il ne l'aura pas voulus, c'est l'homme qui nous a mis dans cette merde qui le souhaite, et lui seul sait comment tout cela va se terminer.