Edanaelda - Tome 3 - On ne peut se vaincre soi-même.

13

Les épées étaient de sortie. Nous étions presque devenus fous. J'avais une rage brûlante qui menaçait de s'éxterioriser. Je m'étais peint les joues de boue. Rouge frémissait dans mes mains, j'ai cru qu'elle allait toute seule se défaire d'elles. Puis je l'ai vu. Il était debout sur une masse sombre qui avançait vers nous. Il avait sa capuche noire, comme dans mes cauchemars. À ses côtés, il y avait Orella. Elle souriait. Je me suis tournée vers Hylios pour voir comment il allait. Il bouillonait autant que moi. Le Dernier n'était pas là, lui. Ce n'était peut-être pas la dernière des batailles. Ou alors, il attaquerait d'un autre front, et dans ce cas il faudra se tenir prêts. Alors j'ai redressé la tête tandis que les armées corrompues avançaient toujours.
"Venez à moi, mes frères ! Battez-vous pour votre sang !"
Tout le monde s'est tourné vers moi, les yeux grands ouverts. J'ai continué à regarder le ciel, et la pluie lavait peu à peu mon visage. Puis, les nuages se sont percés. Et les Dragons sont arrivés. Ils ont fondu sur les plaines et se sont positionnés à nos côtés. Le grand Dragon bleu de mon rêve m'a dardée de ses yeux d'ambre.
"Nous voici, ma sœur."
J'ai souri. Orella avait changé d'expression, quant au Maître, je ne pouvais voir. Il était beaucoup trop bien caché derrière ses tissus sombres. Ils continuaient d'avancer.
"Monte sur mon dos, sœur."
J'ai regardé le Dragon, puis Hylios. Je ne voulais abandonner personne.
"Que garçon-en-rouge vienne sur le dos de mon confrère", ajouta-t-il en désignant un dragon émeraude. "Et venez avec nous."
À contrecœur, je suis montée.
"Ainsi, tu pourras user de ta magie et diriger tes armées. Mes confrères seront sous tes ordres."
J'ai acquiescé. J'ai rengainé mon épée et suis montée sur le dos du Dragon.
"Allons-y...?"
"Tu peux m'appeler Pouvoir. C'est mon nom. Je suis le seigneur des Dragons. Et mon compère qui porte ton ami s'appelle Espérance."
"Allons-y, Pouvoir."
Pouvoir et Espérance se sont lancés dans les airs. Nous avons simplement survolé les plaines dans un premier temps. Les deux armées des Er avaient toujours leurs yeux blancs de lait.
"Ils sont corrompus, ceux-là, aux yeux d'ivoire. C'est ceux-là qu'il faudra attaquer."
"Fais-le savoir à ton peuple. Je le ferai savoir au mien."
J'ai passé la tête par l'encolure du Dragon.
"Mes amis ! Les ennemis à attaquer ont les yeux blancs, et sont corrompus par le Maître. Mais soyons clairs il ne faut pas..."
Je me suis figée. Un homme avait empoigné une épée et se dirigeait vers les premiers rangs ennemis.
"Non. Vite, Pouvoir, descend."
"Comme vous le voudrez, sœur."
Pouvoir est descendu. J'ai sauté de son dos et ai tenté d'arrêter l'homme qui courait.
"Qu'est-ce qu'il va faire ?", ai-je demandé à un autre homme.
"Il va tuer le Maître. Il a fait du mal à sa famille et il a juré de se venger."
J'ai pris une arbalète des mains d'un autre combattant et ai ramassé un carreau.
"Mais... Dame Veilleuse... Elle est chargée..."
"J'y compte bien."
J'ai attendu que l'homme sorte des rangs et se mette à courir. J'ai pris le viseur de l'arbalète et ai attendu qu'il soit dans ma ligne de mir avant de tirer. Résultat, le carreau l'a traversé de part en part au niveau de l'abdomen. Il cracha ce qui sembla être des litres de sang avant de s'écrouler. Je rendis l'arbalète à l'homme.
"Il ne FAUT PAS tuer le Maître ! Il est un Pont, tout comme moi. Leur but est de virer la Terre de son lien avec l'Edenilde afin que l'Ailleurs soit au centre des mondes. Ne basculez pas cet équilibre vous-même. Faites très attention. Je vous dirigerai et combattrai du haut, avec les Dragons et Hylios. Suivez mes ordres, Jaymery et Pawen. C'est tout. Si vous êtes blessés, cessez le combat et allez vers les tentes. On vous prendra en charge le plus rapidement possible. J'espère avoir été claire. La guerre ce n'est pas un jeu. J'espère tous vous revoir en vie après cette bataille."
J'ai couru vers Pouvoir, et je n'ai presque pas eu le temps de m'accrocher avant qu'il décolle.
"Et qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?", me demanda Hylios.
Je me suis tournée vers lui, le sourire aux lèvres.
"Tu te souviens des pseudo cours d'Offense d'Elvirae ?"
Il sourit.
"Parfaitement."
On a tout de suite compris l'un comme l'autre ce que nous allions faire.