18 - Héros

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Après la mort ou plutôt le suicide de mon camarade de cellule, je me sentais encore plus seul qu'avant. Notre cellule que je considérais de miniature et presque d'invivable d'un point de vu de l'intimité me semblait d'un seul coup énorme. Je me sentais seul le soir. Sa respiration régulière et apaisante m'aidait à m'endormir la nuit. C'était ma berceuse. Sa passion pour l'art m'aidait à rejoindre Morphée, il me racontait des techniques que je ne soupçonnais pas en art. Et jamais il ne s'était vexé de me voir somnoler au moment de ses longues explications sur sa passion première dans la vie.

Je gigotais dans mes draps rêches en essayant de ne plus culpabiliser. Je me sentais coupable car il était mort de la manière dont j'avais essayé. Il s'était suicidé et avait réussi là où j'avais échoué. Inconsciemment, je lui vouais une fascination énorme. Il se faisait respecter dans la prison par les autres détenus, les gardiens ne l'attaquaient pas et ne lui donnaient pas de coup s'il ne réagissait pas assez vite à leur goût. Et il avait eu le cran de se donner la mort, de mourir avec le seul bien personnel qu'il avait pu garder lui rappelant sa femme. Sa femme qu'il n'avait plus vu depuis une dizaine d'années et qui se refusait de le voir.

Je me sentais vraiment coupable et je ressentais encore plus la solitude qu'avant. J'étais sot de le considérer comme un héros. Je ne connaissais que son nom, mais je ne savais pas son prénom.

Accusé à tort Où les histoires vivent. Découvrez maintenant