1. Deb

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Deb adore le mercredi après-midi. Étant donné qu'elle a seize ans et qu'elle est toujours au lycée, ce sont des horaires où elle est libre puisqu'elle n'a pas cours. De plus, elle est seule chez elle parce que ses parents travaillent. Elle n'a ni frères ni sœurs à garder puisqu'elle est fille unique. Et elle a un écran plat. Tous ces éléments réunis font du mercredi après-midi un moment parfait pour Deb !

Et c'est pour cela qu'elle est de bonne humeur aujourd'hui. Même si elle vient d'avoir trois en maths et sept en histoire. Elle est impatiente d'arriver chez elle pour se relaxer et se décharger de cette pression permanente. La pression que lui apporte l'école. Elle marche assez rapidement vers son immeuble, son éternel sourire du mercredi scotché au visage. Le sourire de la jeune fille s'agrandit lorsqu'elle arrive finalement devant le grand bâtiment. Elle pousse rapidement la porte et elle pénètre dans le hall en chantonnant l'air de sa chanson préférée.

Arrivée au niveau des boîtes aux lettres, elle tombe sur sa voisine de droite. La voisine de l'appartement B349. Une gentille femme selon Deb. Deb lui sourit lorsqu'elle se tourne vers elle après avoir fermée sa boîte au lettre.

- Bonjour mademoiselle Dolman, lui dit joyeusement Deb.

Mademoiselle Dolman sourit faiblement ( NDA : média ☺️👄 ).

- Bonjour Deb. Comment vas-tu ?

- Je vais très bien et vous ?!

Mademoiselle Dolman semble remarquer la bonne humeur de Deb et cela la fit sourire plus.

- Ça peut aller.

Deb lui sourit, tout en sachant pertinemment qu'elle ne va pas bien. Mademoiselle Dolman va rarement bien. Elle va souvent mal. Et pour cause : son petit ami. Un vrai salopard selon Deb. Les autres locataires de l'immeuble s'amusent à raconter qu'il la trompe. Deb sait que c'est faux. Ça n'est pas encore arrivé. Mais ça arrivera. Elle en est certaine. Deb à l'avantage d'entendre chaque dispute du couple puisque ce sont ses voisins. Elle sait donc beaucoup plus de choses que les autres habitants de l'immeuble. C'est pour cela qu'elle sait qu'il ne la pas encore trompé.

- Vous prenez l'ascenseur ?, demande gentiment Deb à sa voisine tout en se dirigeant vers le dit ascenseur.

Mademoiselle Dolman semble hésiter mais elle finit par hocher la tête. Elle rejoint la jeune fille devant les portes métalliques et toutes deux attendent l'arrivée de l'ascenseur. Lorsque ce dernier arrive enfin, Deb s'engouffre dans la cage suivit par sa voisine. Elle appuie sur le bouton " 2 " et les portes se referment.

La douce et agaçante musique diffusée dans cet espace restreint a le don de stresser mademoiselle Dolman, Deb le sait. Sa voisine a passé trois fois une mèche de ses beaux cheveux blonds derrière son oreille depuis que les portes se sont fermées. Elle a commencé à se ronger les ongles aussi, ce qui agace Deb plus que tout, elle qui a une manucure parfaite. Et enfin pour finir, mademoiselle Dolman n'arrête pas de réajuster son t-shirt, sa veste ou son jean.

Tous ces petits gestes mettent la puce à l'oreille de Deb qui commence à se demander si c'est réellement la musique de l'ascenseur qui met mademoiselle Dolman dans cet état. Si ce n'est pas cela, c'est forcément la chose qui lui sert de copain. Obligatoirement.

L'ascenseur arrive enfin à l'étage désiré et les deux femmes sortent de l'ascenseur. Deb s'arrête devant la porte B348 et mademoiselle Dolman devant la B349. Deb fouille son sac à la recherche de ses clés et lorsqu'elle les trouve, elle insère celle de l'appartement dans la serrure. Elle tourne la clé et ouvre finalement la porte. Avant d'entrer dans l'appartement, elle tourne sa tête vers sa voisine pour lui souhaiter un bon après-midi; mais elle fronce les sourcils en remarquant que mademoiselle Dolman est totalement immobile devant sa porte. Elle est vraiment pale, plus que d'habitude et Deb croit même l'avoir vu trembler. Elle est au bord des larmes et elle sert très fortement les poings.

- Mademoiselle Dolman ?, l'appelle finalement Deb. Vous allez bien ?

La jolie blonde sursaute et se tourne vers sa jeune voisine. Elle essaye de sourire mais Deb voit simplement une femme crispée et limite apeurée qui essaye de paraître bien mais qui échoue misérablement.

- Oui, ne t'en fait pas ma belle, je vais bien, répond mademoiselle Dolman d'une petite voix. Je suis simplement fatiguée et je pense avoir attraper quelque chose au bureau alors je ne me sens pas très bien. Mais ça va.

- Vous êtes sûre ? Je peux appeler mon père pour qu'il vous examine. C'est un très bon médecin vous savez, et il ne sera pas gêné de venir vous voir pour vous prescrire quelques médicaments.

Mademoiselle Dolman sourit, plus sincèrement cette fois-ci.

- Ça va aller Deb. Tu es adorable mais j'ai simplement besoin de sommeil.

Deb hoche la tête bien qu'elle soit très peu convaincue par les excuses de sa voisine. Cette dernière sort finalement ses clés de son sac et, comme l'a fait Deb il y a quelques minutes, elle insère la clé de l'appartement dans la serrure et elle ouvre la porte.

- Tu passera le bonjour à tes parents de ma part, d'accord ?, demande mademoiselle Dolman.

Deb hoche brièvement la tête.

- Passe un bon après-midi Deb.

Avant que Deb ne puisse répondre, mademoiselle Dolman s'engouffre dans l'appartement et referme la porte. Deb soupire en passant une main dans ses cheveux. Elle a une réelle peine pour cette femme si douce et si gentille qui doit sûrement vivre l'enfer.

- Bon après-midi à vous aussi mademoiselle Dolman, chuchote Deb.

Elle jette un dernier coup d'œil à la porte B349 avant de s'engouffrer elle aussi dans son appartement.

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