- Très bien monsieur, on fait comme ça ..., bien monsieur, au revoir.
Jane raccroche son téléphone et le range péniblement dans sa poche. Son patron vient de lui donner trois heures de travail de plus ce vendredi parce que lundi prochain, la mère qu'est Jane passe son après-midi au championnat régional de danse, auquel sa fille unique, Deb participe. Elle est si heureuse que Deb ai trouvé une passion ! Tellement heureuse qu'elle est prête à sacrifier son vendredi pour elle. Elle sacrifierait tout pour Deb. Bien que cette histoire d'heures en plus l'agace.
Jane s'effondre sur son long fauteuil dans son salon. Elle soupire en passant mollement une main dans sa chevelure blonde vénitienne semblable à celle de sa fille unique. Elle a hâte que cette dernière rentre pour pouvoir lui annoncer qu'elle vient à son championnat. Elle veut lui annoncer de vive voix en face à face et non au téléphone ou par texto. Elle veut voir l'expression de Deb quand elle saura. Ça la rendra autant heureuse que ça rend Jane heureuse.
En attendant le retour de sa fille, Jane décide d'aller fumer une cigarette sur son balcon. Elle sort son paquet de son sac à main posé près d'elle puis, elle se lève et se dirige lentement et élégamment vers le balcon. Elle sort à l'extérieur et respire un bon coup avant de sortir un briquet de sa poche et d'allumer sa cigarette.
Elle la fume tranquillement en regardant les passants dans la rue sous elle. Elle tourne finalement la tête et aperçoit mademoiselle Dolman, sa jeune voisine, assise sur sa petite chaise blanche devant une jolie table. Sur cette même table est posée une feuille de papier blanche que mademoiselle Dolman s'applique à remplir de mots. Elle a l'air très inspirée puisqu'elle ne remarque même pas Jane.
Jane continue d'ailleurs à l'observer en silence. Cette femme l'a toujours intriguée, ne serait-ce que pour être toujours présente dans cette immeuble après tout ce que monsieur Edwards - son compagnon - lui à fait subir. Jane ne connaît pas tout les détails de leur histoire mais une chose est sûre : mademoiselle Dolman souffre beaucoup. Et pour son âge - mademoiselle Dolman est relativement jeune -, Jane trouve ça inquiétant. On ne devrait pas être aussi triste à cet âge. Elle devrait être heureuse ! Mais Jane ne l'a jamais vu réellement heureuse. Jamais.
Finalement, mademoiselle Dolman lève la tête vers la bais vitrée devant elle, celle menant à l'intérieur de son appartement et quand Jane entend une porte se fermer, elle sait que monsieur Edwards vient de rentrer et que cette dernière l'a entendue. Elle soupire avant de se lever et de rentrer à l'intérieur, emportant sa lettre avec elle.
Jane fit de même, prenant soin de fermer la porte vitrée pour atténuer un maximum les cris qui vont suivre. Elle sait bien qu'ils vont se criés dessus. Ça se passe toujours ainsi : monsieur Edwards rentre à la maison, mademoiselle Dolman lui parle quelques instants avant que son compagnon n'hausse la voix et ensuite ça part en cacahuète comme dirait Deb.
Jane décide d'allumer la télévision après s'être installé sur le canapé ( NDA : média pour télécommande et tout 📺 ). Aujourd'hui, elle ne veut pas écouter la dispute du couple - bien qu'elle ne veuille pas également les autres jours. Simplement aujourd'hui, elle s'empêchera d'entendre.
Elle saisit la télécommande pile au moment où elle entend monsieur Edwards qui hausse le ton et elle allume la télévision après le haussement de ton de mademoiselle Dolman.
Même avec la télévision, elle les entend. Mais c'est mieux que rien. Jane met la chaîne des recettes de cuisine et elle saisit un bloc note et un stylo quand la présentatrice annonce que la recette du jour est celle des churros. Deb adore ça et Jane aimerait lui en faire.
Elle se concentre uniquement sur sa recette - bien que les cries de ses deux voisins soient légèrement gênants - notant bien chaque ingrédients, chaque détails de la préparation; sans omettre de rajouter en haut de sa feuille les choses qu'elle devra acheter parce qu'elle ne les a pas chez elle.
C'est un bruit de vase qui tombe au sol qui interrompt Jane. Elle sursaute d'ailleurs. Elle se lève du canapé et éteint rapidement la télévision. Elle sait que ça vient d'à côté. Elle reste debout, immobile, pour entendre du mieux qu'elle peut ce qui se passe. Mais elle entend seulement des objets de fracasser sur le sol.
Jusqu'au moment où le cri déchirant de monsieur Edwards s'interpose entre les objets qui tombent. Ce cri donne des centaines de frissons à Jane qui ne se pose pas mille fois la même question : il se passe quelque chose de grave dans cet appartement. Jane est beaucoup trop froussarde pour aller voir elle-même ce qui se passe. Elle décide donc d'appeler la police pour les prévenir des cris et des objets tombant sur le sol sans arrêt.
Elle prend son téléphone alors que monsieur Edwards pousse un second cri, plus un cri de détresse cette fois. Et ce cri fit encore plus peur à Jane qui se dépêche de composer le numéro. Les cris de monsieur Edwards s'intensifient alors que Jane commence à trembler légèrement. Elle a très peur de ce qui se passe à côté.
- Police secours, quel esr votre problème ?, dit finalement une femme à l'autre bout du fil.
- Il ... Il faut que vous veniez immédiatement au 508 Colton Bridge, dit Jane en tremblant. Il ... Mon voisin il crie et ...
Elle se coupe alors que les cris de monsieur Edwards s'intensifient plus, lui faisant encore plus peur.
- Madame ?, l'appelle la femme. Restez calme s'il vous plait, ne vous inquiétez pas, j'envoie une voiture tout de suite.
- S'il vous plait, faite vite, supplie Jane. Je ... Je crois qu'il devient dingue !
Les cris sont maintenant très fort et Jane a l'impression qu'une centaine d'objets se cassent en même temps. Elle pleure maintenant parce que c'est terrifiant. C'est vraiment terrifiant. Jane pose ses mains sur ses oreilles, ne faisant plus attention à la femme qui l'appelle toujours. Jane a toujours été une adepte du silence et elle déteste le bruit. Celui que fait monsieur Edwards lui inflige beaucoup de mal et elle veut juste que ça cesse.
Jane se laisse tomber sur le sol, les mains sur les oreilles. Ses pleures s'intensifient et les cries de son voisin aussi.
Et puis d'un coup : plus rien. Le silence total. On entend seulement Jane qui pleure. Cette dernière se calme d'ailleurs et elle enlève ses mains de ses oreilles. Elle se relève doucement et elle s'approche prudemment du mur la séparant de ses voisins. Elle y colle son oreille et pour la première fois de sa vie, elle fut terrifiée par un silence. Le silence qui règne à présent dans l'appartement d'à côté.
Elle se décolle du mur et elle recule en tremblant. Jane en est sûre : il s'est passé quelque chose de vraiment, vraiment très grave ...
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Point of view
RomanceUn univers. Une planète. Un monde. Un continent. Un pays. Une ville. Un couple. Une histoire. Un nombre déterminé de personnes qui vous la raconterons.