Mary regarde pour la troisième fois en une minute sa petite montre de marque autour de son poignet. Les aiguilles ont à peine bougées. Il est toujours 10 : 26. Elle s'ennuie à mourir depuis ce matin, 7 : 45. Habituellement, le café dans lequel elle travaille est rempli dès son ouverture. Mais pas aujourd'hui, pas ce jeudi. Il n'y a presque personne et tout le monde a l'air maussade. Même Sara de l'agence immobilière avait l'air de mauvaise humeur quand elle est venue chercher son café il y a quelques minutes. Et pourtant, cette fille est un véritable sourire ambulant ! Mais encore une fois, aujourd'hui doit être une sorte de journée de la mauvaise humeur ... Et Mary n'est comme toujours pas au courant !
Elle soupire tout en continuant de mâcher frénétiquement son chewing-gum à la fraise. Elle pose ses coudes sur le comptoir et enroule une mèche de ses cheveux autour de son doigt. Elle parcours l'ensemble du café du regard et après avoir réalisé qu'il n'y avait personne ici, la jeune femme de vingt ans décide d'aller préparer un café. Pour elle. Comme il n'y a en ce moment aucun client, elle peut se permettre une pause en avance ! Mais lorsqu'elle atteint les portes des " cuisines ", elle entend la cloche de la porte d'entrée sonner, lui indiquant qu'un client vient d'entrer.
- Comme par hasard, marmonne la jeune femme en soupirant. Bienvenue au Starbucks !, s'exclame t-elle plus fort et sans un grand enthousiasme. Je peux prendre votre commande ?
Elle se retourne en disant cela et ses yeux s'écarquillent à la vue de la jeune femme aux yeux gonflés face à elle. Mary l'a connaît, la femme. Elle est déjà venue plusieurs fois ici et Mary se souvient bien qu'elle l'avait toujours trouvé belle. Néanmoins, elle se souvient aussi qu'elle n'avait pas l'air en forme quand elle venait et que souvent, elle pleurait une fois assise à une table. " Elle a sauté cette étape du coup ", pense Mary alors que la femme face à elle essuie calmement une larme sur sa joue.
- Euh bonjour ..., répond timidement la femme. Je ... Je voudrais un café s'il vous plait.
- Pas de soucis. Vous voulez un simple café noir ?
- Euh non ... Un café latté, répond timidement la femme. Vous pouvez me faire ça ?
Mary sourit.
- Évidement.
Elle se tourne pour prendre deux grands gobelets rouge. Un pour sa cliente et un pour elle. Mary est décidé à se faire son café. Elle se dépêche de franchir les portes menant à une sorte de cuisine. C'est ici que sont fait les cafés. Ils sont fait par Messy, une fille du même âge que Mary. Messy est assise sur le plan de travail, elle textote sûrement puisqu'elle a son portable dans les mains.
- Mess', il me faut deux cafés lattés s'te plait, crie Mary en déposant les gobelets sur le plan de travail près de Messy. Et dépêche !
Sans attendre sa réponse, elle sort des cuisines et retourne près de sa cliente qui s'est assise sur un tabouret face au bar. Mary fronce les sourcils.
- Vous ne voulez pas vous installer à une table plutôt ?, demande Mary avec un sourire chaleureux.
La jeune femme secoue la tête en passant une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille.
- N...non, non, ça va aller, merci.
Mary hoche la tête et n'insiste pas. Les quelques minutes suivantes se passent dans un silence assez gênant pour la jeune Mary. Elle qui est habituellement une pipelette ! Mais heureusement, Messy lui sauve la mise en lui criant de rappliquer pour venir prendre les cafés. Mary s'empresse d'aller les chercher et elle revient dans la grande salle en souriant, les deux cafés à la main.
- Et voilà pour vous !, s'exclame t-elle en posant le café devant la femme. Un beau café latté !
La femme la remercie timidement alors que Mary prend une gorgée de son propre café. Mais une chose perturbe la jeune fille : la femme n'a toujours pas touché à son gobelet. Mary pose son café face au gobelet de la femme et elle pose ses coudes sur le comptoir ( NDA : gobelet de café en média ☕️ ).
- Mademoiselle ? Vous allez bien ?,ose lui demander Mary.
La femme lève ses yeux mouillés vers Mary.
- O...oui, je vais bien, ne vous inquiétez pas. Je ... Je suis simplement embêter par quelques petites choses.
- Vous voulez en parler ?, demande sérieusement Mary.
La femme fronce les sourcils, sûrement surprise par la proposition de Mary.
- Vous savez, nous ne nous connaissons pas et je pense que c'est mieux de parler de ses problèmes avec une personne qui a un point de vue neutre, explique Mary.
La femme hoche la tête en prenant finalement son gobelet de café en main.
- Je ... Je ne sais pas trop si je peux vraiment en parler, c'est assez complexe, dit la femme avant de boire une gorgée de café.
- C'est comme vous le sentez, lui répond Mary en souriant.
La femme soupire en posant son gobelet et en l'entourant de ses deux mains.
- Et bien ... C'est ... En fait, je ... J'ai des problèmes de couple et ... J'ai des problèmes avec mon copain en fait ... Je ... Ça me pourri la vie et ...
Mary hoche la tête, attentive aux propos de cette femme.
- Il ... Il ne fait jamais attention à moi et je suis moins importante que son job; même moins importante que sa série du vendredi alors je ... Je remet en cause notre couple et ...
Une larme coule sur sa joue mais elle l'essuie d'un geste rapide de la main.
- Et je me demande même si il m'aime vraiment ..., pleure t-elle. Je ... Je ne sais pas pourquoi il est avec moi si il ne m'aime pas ... Je veux dire ... Il me méprise et il ... Clairement il me fait du mal et il ne semble même pas s'en rendre compte, ni même s'en soucier.
Elle pleure à présent, réellement et Mary ne peut s'empêcher de laisser couler une larme sur sa propre joue. C'est si triste ! Cette femme doit être aussi jeune qu'elle et à travers ses pleures, Mary à l'impression de parler à une femme ayant tout vécue en terme de déceptions amoureuses. Remarque, c'est peut-être le cas ...
- Écoutez, fini par dire Mary. Je ne connais pas grand chose à l'amour, mais ce que je sais, c'est que chaque personne a le droit d'être aimer comme elle le mérite. Vous avez l'air d'une femme bien alors si vous n'êtes pas heureuse avec lui, quittez le.
La femme essuie ses larmes.
- Mais moi je l'aime, finit-elle par dire. Je l'aime tellement fort que je serais prête à me tuer pour lui. Je l'aime comme une dingue et sans lui je ne suis rien, je ... Je suis perdue quand il n'est pas là, mais en même temps, ça fait du bien parce qu'il ne peut pas me faire du mal quand il est loin ... Mais en vérité, il m'en fait quand même et je me rend compte que je suis dépendante de lui même après tout ce qu'il a pu me faire ! Vous croyez que je suis folle ?
Elle lève les yeux vers Mary qui l'observe attentivement. Tout ce qu'elle vient de lui dire est assez fouillis mais Mary est loin de penser qu'elle est folle. Néanmoins, elle n'a pas le temps de lui dire puisque après un bref soupire, la femme se lève du tabouret haut sur lequel elle était assise. Mary fronce les sourcils en se redressant.
- Vous savez quoi ? C'était stupide de vous avoir parlé de ça, je ne sais pas pourquoi je l'ai fais.
Mary fronce plus les sourcils. Quoi ?
- Merci beaucoup pour le café, continue la femme en posant un billet sur le comptoir.
Mary pose son regard sur le billet. Elle a donné plus que le prix du café.
- Je sais que ce n'est pas le prix exact mais gardée la monnaie, lance la femme comme si elle savait à quoi Mary pensait.
Après avoir rangé son porte-monnaie dans son sac, elle se dirige à grands pas vers la porte.
- Merci encore et bonne journée.
Elle sort du café sans que Mary n'est pu dire quoi que ce soit. Elle était bien trop surprise pour réagir. Elle finit par soupirer en prenant d'une main la tasse de café pleine que la femme a laissé sur le comptoir. Elle jette le contenu du gobelet ainsi que ce dernier dans la poubelle et elle retourne derrière le comptoir en soupirant.
Mary a encore du temps à tuer avant la fin de son service. Mais à la différence d'il y a quelques minutes, elle a ses pensées pour se garder occupée. Ses réflexions au sujet de cette femme qui l'a malgré elle plus qu'intriguée.
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RomanceUn univers. Une planète. Un monde. Un continent. Un pays. Une ville. Un couple. Une histoire. Un nombre déterminé de personnes qui vous la raconterons.