Paradoxe (Tome 2)

15. Ezra

Good for Me - Above & Beyond
***

Bonnie m'embarque avec elle vers Hélène qui nous regarde arriver en souriant diaboliquement. Arrivés à son niveau, je regarde nerveusement autour de nous afin de m'assurer qu'aucun invité ne vienne fourrer ses oreilles au mauvais endroit.

Invité, qui ne se doute pas une seule seconde que son argent a été volé par un escroc qui se trouve être ma propre mère. Quelle supercherie...

Hélène me sourit hypocritement tandis qu'elle dévisage longuement Bonnie qui se contente simplement de la regarder. Bon sang, comment fait-elle pour rester de marbre devant Hélène ? Il faudrait qu'elle me donne son secret...

— Ezra ! dit-elle, enjouée.

Je la salue rapidement, énervé.

— Bonnie, continue-t-elle avec moins d'entrain.

Cette dernière ne répond pas et la dévisage à son tour, silencieuse.

— Hélène, on sait ce que tu as fait. Donne-nous la photo que tu as prise, déclaré-je en me libérant de la main de Bonnie qui, entre-temps, était restée accrochée à mon bras.

L'accusée arque un sourcil, plaquant une main contre sa poitrine, faussement offusquée. Sa robe argentée met en valeur ses formes et est bien trompeuse, je connais son petit jeu désormais.

— Pardon ? Mais de quoi est-ce que tu parles ? minaude-t-elle.

Cette fille m'on supporte, c'est incroyable.

— Rends nous simplement la photo que tu as prise de nous tantôt, dit Bonnie en perdant peu à peu son sang-froid.

Hélène éclate d'un rire sans qu'aucune émotion n'en ressorte. Puis, elle boit une gorgée de champagne et s'approche de moi, beaucoup trop près. Bonnie ne cille pas mais l'assassine du regard.

Le souffle d'Hélène vient s'échouer sur ma joue tandis que je serre les dents.

— Oh, mon pauvre Ezra. Te voilà à mes pieds après tout le chemin que tu as accompli pour en arriver là.

Elle s'écarte et fait une moue faussement triste, souriant par la suite.

— Donne-nous cette putain de photo, dit Bonnie tout en contrôlant l'intensité de sa voix afin de ne pas éveiller des soupçons.

Hélène ricane doucement, finissant sa coupe de champagne. Le mien se réchauffe entre mes doigts tandis que je pose le verre sur une table quelconque à côté de moi.

— Bonnie, chérie, pourquoi se battre pour quelque chose qui a déjà été partagé ? dit-elle en affichant une mine satisfaite.

Je jette un coup d'œil à Bonnie, cette dernière a les yeux écarquillés et est devenue livide. J'attrape vivement le poignet d'Hélène et la fixe dans les yeux.

— Hélène, arrête ton petit jeu. Putain, t'as plus cinq ans. Je sais que tu es jalouse de Bonnie et que tu veux lui faire du mal. Mais là, ça va beaucoup trop loin !

Elle me regarde et soupire bruyamment.

— Bien.

Je la relâche tandis qu'elle fouille dans le minuscule sac qu'elle tient entre ses mains et en sort son téléphone. Elle le déverrouille et me le tend. Mes yeux se posent sur un cliché de Bonnie et moi en train de nous embrasser. Bien que nos visages soient plongés dans la pénombre, nos vêtements nous trahissent.

Je la supprime sans lui demander l'autorisation et vérifie qu'elle ne l'a envoyé à personne dans ses contacts ou sur les réseaux. Je la connais par-cœur. En lui rendant, Hélène lève les yeux au ciel.