9. Ezra

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I want to get you close to me - Adam Naas
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Elle a besoin d'espace, je peux le comprendre. Seulement, je refuse de partir. Alors c'est pour ça que je suis devant sa porte depuis une vingtaine de minutes et que j'hésite entre tambouriner à celle-ci tel un fou furieux ou sonner poliment comme le ferait un bon citoyen.

Je médite encore un peu avant d'écraser mon index contre la sonnette de son appartement. Je le laisse coller jusqu'à ce que j'entende une plainte de la part de Bonnie derrière la porte.

Bonnie me fixe, incrédule. Ses yeux noisette mordoré me transpercent tandis qu'une lueur d'incompréhension traverse son regard.

— Ezra ? Mais qu'est-ce que tu...

— Écoute, je ne vais pas passer par quatre satanés chemins : je t'emmène dîner ce soir et on discutera de tout et de rien. Deal ?

Elle arque un sourcil avant de sourire légèrement.

— Ne me dis pas que tu es resté derrière la porte depuis tantôt ? me demande-t-elle de son accent anglais qui fait son charme.

Je hausse les épaules, innocent.

— À toi de le deviner ! plaisanté-je.

Elle attrape ses affaires ainsi que son manteau puis sort de l'appartement et ferme la porte derrière elle. Nous sortons ensuite dans les rues de Londres, une légère brise vient faire voltiger sa chevelure rousse tandis qu'elle caresse simplement mon visage.

Je cherche un bon restaurant dans le centre-ville et en trouve un assez rapidement. Nous nous installons ensuite sur une table pour deux et commandons autour d'une flûte de champagne : j'ai beau être dans un autre pays, mon argent me suit. De plus, nous sommes tous les deux majeurs ici et non aux États-Unis.

Oh, j'ai oublié de préciser : Bonnie a désormais dix-huit ans.

— Quand est-ce que tu t'es coupée les cheveux ? lui demandé-je en osant enrouler quelques mèches flamboyantes autour de mes doigts.

Bonnie me regarde intensément, comme si son regard pouvait me faire fondre sur place.

— Oh c'était sur un coup de tête il y a deux mois. J'en avais marre de mes longs cheveux et le changement me paraissait nécessaire. Tu aimes bien ? me demande-t-elle en souriant de toutes ses dents.

Bordel, comment lui dire que j'aime tout chez elle sans paraître pervers, surtout dans un restaurant ?

Je me replace correctement et pose ma main au-dessus de la sienne, sur la table. Ses joues se colorent tandis que nous nous quittons pas du regard.

— Tu n'imagines pas à quel point, lui susurré-je.

Elle se mordille la lèvre inférieure, me donnant encore plus l'envie de l'embrasser.

— Tu restes combien de temps ici ? me questionne-t-elle en remerciant le serveur d'avoir apporté nos plats.

Puis, elle boit quelques gorgées de champagne et me sourit. Elle m'ensorcelle par sa beauté fulgurante.

— Seulement quelques jours, j'ai mes examens finaux dans une semaine. Je suis parti malgré les objections de ma mère.

Bonnie paraît déçue de ma réponse.

— Mais j'avais prévu de revenir après, me rattrapé-je in extremis.

Là, son regard s'illumine.

— Vraiment ?

Je hoche la tête en entamant mon plat, elle fait de même.

**

Paradoxe (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant