CAGE

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Atterrissant avec la grâce qu'elle avait toujours possédé, son petit oiseau avait une fois de plus les mains couvertes de cette magnifique couleur écarlate. Son visage était toujours aussi inexpressif. Mais par moment, il lui arrivait d'avoir un regard mélancolique, comme si elle manquait ce qu'elle avait un jour été. Comme si elle manquait ce qu'elle ne pourrait plus jamais avoir. Ses longs cheveux noirs possédaient à présent des reflets violets comme les ailes d'un corbeau. Ses yeux gris étaient toujours orageux, comme si la tempête qui bataillait à l'intérieur ne connaissait pas de fin. Avec ses ailes pourpres, elle ressemblait à un ange vengeur.

L'immortalité lui allait à merveille.

Et elle portait bien son nom.

Anasthasya.

En grec, ce nom signifiait « Résurrection. »

Elle avait bravé l'eau du Bassin du Diable et était revenue, belle et forte, désireuse de combler ce vide qu'elle ne pourra jamais remplir. Car comme un alcoolique qui avait besoin d'alcool, comme un drogué qui avait besoin de sa dose, elle avait besoin de lui. Il avait beau ne pas l'avoir enfermé dans une cage, elle était quand même enchaînée à lui.

Et elle le savait.

Et elle détestait ça.

S'arrêtant au pied de l'estrade sur lequel se tenait son trône, son petite oiseau releva son regard vers lui. Ils avaient beau avoir besoin l'un de l'autre, elle n'avait jamais manqué un instant pour lui faire comprendre qu'elle ne l'aimait pas. Oh, mais lui non plus ne l'aimait pas. Il ne la voyait même pas comme une personne. Non, elle était son jouet. Son précieux petit et nouveau jouet. Et comme les autres, elle finirait pas se casser.

Par se briser en mille petits morceaux.

C'était toujours ainsi, de toute façon. Ses jouets n'étaient pas faits pour durer. Mais cela ne voulait pas dire qu'ils n'avaient pas leurs avantages. Lorsqu'il créait de nouveaux jouets, ces derniers lui permettaient de gagner en puissance. On pouvait presque le considérer comme un Dieu. À vrai dire, il était déjà un Dieu.

Un Dieu déchu.

Une vague de pouvoir brute frappa le Palais de la Rage, soulevant les cheveux d'Anasthasya. Elle ne cilla même pas, habituée à ses sautes d'humeur. Chaque fois qu'il se rappelait le passé, la rage le prenait de court. Il était habitué à contrôler ses émotions mais étrangement, il n'y arrivait plus depuis qu'il s'était « réveillé. »

Était-ce à cause du Wyrd ?

C'était la question qui revenait sans cesse. Ce Wyrd était différent des autres. Depuis qu'il s'était réveillé, il s'était demandé pourquoi ce Wyrd en particulier était différent des autres ; cela n'était jamais arrivé auparavant. La raison, il ne l'avait trouvé que récemment. Et elle avait un nom.

Salem Marshall.

La plus jeune sorcière de ce siècle qui se trouvait être la fille d'une veille connaissance. Mais ce n'était pas seulement le fait qu'elle était une sorcière qui la rendait exceptionnelle. Non, c'était le sang qui coulait dans ses veines. Un sang particulier qui n'était pas censé existé.

Tout comme la fille qui se tenait devant.

Il avait hâte de voir ce que cette Salem Marshall deviendrait et comment elle traverserait cette mer de ténèbres qu'était le Wyrd. Gagnerait-elle ? Mourrait-elle ? S'élèverait-elle ?

Passant sa langue sur ses lèves tandis qu'un ricanement remonta le long de sa gorge, il se délecta en avance de ce que cette fille ferait. De ce qu'elle deviendrait.

Mais pour l'instant, d'autres choses plus mortelles réclamaient son attention.

— Anasthasya, susurra-t-il avec un sourire en coin. Ça fait un moment que tu n'es pas venue me voir que j'ai été forcé de t'appeler.

Un muscle tressaillit sous son yeux, lui signifiant qu'elle aurait préféré se jeter mille fois dans le Bassin du Diable plutôt que de venir à lui. Il réprima un ricanement. Ce n'était pas l'amour fou entre eux mais il avait besoin de lui rappeler qu'il tenait dans le creux de sa main sa vie et celles de ses amis.

— Que veux-tu ?

Habituellement, ses jouets n'avaient pas l'audace, ou la stupidité, de lui répondre. Mais celle-ci arrivait toujours à le surprendre.

— Nous allons aller rendre visite à une vieille amie. Mais avant ça, déclara-t-il en se levant, j'aimerais t'entendre prononcer mon nom.

Il jouerait un jeu dangereux. Mais peut-être était-ce parce qu'il était immortel qu'il cherchait constamment la mort.

Soutenant son regard, les yeux de l'ancienne chasseuse brillaient de promesse de mort dont certaines il en était le sujet, l'antagoniste. Mais la plupart était réservée à un immortel du nom de Knox, un Djinn qu'il devait particulièrement remercié pour avoir poussé Anasthasya dans le Bassin du Diable.

Pour l'avoir amené à lui.

S'arrêtant devant elle, il tendit la main et enroula une mèche de ses cheveux autour de ses doigts. Elle avait un tel contrôle sur elle-même que parfois, s'en était insupportable.

— Mon nom, Anasthasya, murmura-t-il. Quel est mon nom ?

— Lazarus.

Le sceau scellant ses pouvoirs se fissura à nouveau et une vague de pouvoir se déferla sur le monde. Son pouvoir se déversa dans ses veines et ses lèvres s'étirèrent en un large sourire. Les noms avaient du pouvoir. Le sien permettait de briser le sceau qui retenait ses pouvoirs, un sceau que les Dieux d'Au-Dessus avaient mis en place pour l'empêcher de répandre à nouveau le chaos sur le monde. Et les seules personnes pouvant le briser étaient des êtres qui n'étaient pas censés être.

Des êtres comme Anasthasya.

Et Salem Marshall.

F.I.N

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 13, 2019 ⏰

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