FOSSEA Revelatio Tome 1

Néven

Cela fait maintenant huit jours que Loïs est parti. Les journées me semblent interminables, les heures me paraissent une éternité et sans Loïs pour me faire rire, je ne suis pas d'une humeur très joyeuse. Tessie est dans le même état d'esprit que moi, étant donné que Ségal est lui aussi retourné dans sa famille.

Un soir de la semaine, elle décide de m'inviter chez elle, après le dîner. Un de ses amis est de retour à Fossea et doit venir lui rendre visite. J'ai déjà rencontré ce garçon, il y a plusieurs années. Je doute qu'il se souvienne de moi, mais je me rappelle de quelques détails le concernant.  Son nom est Néven et il a deux ans de moins que nous. Tessie le connaît depuis toujours parce que c'est le copain d'enfance de son frère. Il a suivi une formation pour devenir sentinelle et aujourd'hui son enseignement est terminé. D'après ce que Tessie m'a dit, son poste est basé à Fossea. Je garde de lui le souvenir d'un garçon plutôt amusant, hyper sportif et impliqué à fond dans son travail.

J'arrive devant la porte d'entrée de Tessie. Comme elle n'est pas complètement fermée, je peux entendre des rires à l'intérieur mais, curieusement, j'hésite à entrer. Je frappe discrètement et pousse la porte. Tessie est assise sur son fauteuil marron vert que je trouve franchement moche et, à côté d'elle, j'aperçois un jeune homme qui ressemble au souvenir que j'avais de son ami mais sans être tout à fait le même. Tessie voit que je suis là. Elle me fait un signe de la main pour que je m'approche.

— Salut Manéa, tu te rappelles de Néven, le copain de mon frère. Néven, c'est Manéa, ma meilleure amie à Fossea. Tu l'as déjà rencontrée mais c'était il y a longtemps et tu ne dois plus te souvenir d'elle. Alors tu verras, elle est un peu bizarre mais on s'habitue avec le temps ! s'amuse- t-elle à dire, pour me taquiner.

Je jette un regard foudroyant à Tessie qui semble très fière de sa blague ! Néven s'est levé et me donne l'impression de me scruter de la tête aux pieds. Ce n'est plus le jeune garçon que j'avais vu la dernière fois. Son visage a changé. Il a toujours des yeux très noirs, cela m'avait marqué lors de notre première rencontre, et des cheveux châtains très clairs, par contre il parait plus sûr de lui, et surtout plus musclé. On peut dire que c'est un beau jeune homme désormais.

— Bonjour Manéa ! dit-il, en me collant deux bises sur les joues. T'en fais pas, je ne crois vraiment pas ce que dit Tessie ! Tu as l'air bien plus sensée qu'elle !

Je lui réponds par un sourire. Les présentations étant faites, nous nous posons tous autour de la table et c'est moi qui entame la conversation :

— Alors Néven, tu as fini ta formation à ce que Tessie m'a dit. Ce n'était pas trop dur ces deux ans pour devenir soldat ?

— Plutôt ! me dit-il. Lever tous les matins aux aurores, des dizaines de kilomètres à faire avec des tonnes de matériel sur le dos, ne pas dormir parfois plus de trois heures par nuit, souffrir du froid, apprendre à se battre, le maniement des armes et j'en passe. Autant vous dire que c'est du costaud !

La formation des sentinelles est le plus difficile des enseignements avant la plongée. On intègre ces forces spéciales par volontariat, à l'arrivée sur les sites, après avoir passé toute une batterie de tests dignes des commandos d'élite. Si on échoue, on recommence les sélections du départ et on se retrouve dans un secteur de travail comme tous les autres jeunes. La majorité des sentinelles sont des garçons. Il parait que quelques filles en font partie mais, personnellement, à Fossea, je n'en ai jamais croisées.

Chez Tessie, la discussion continue.

— Comment va ton frère ? s'enquit Néven, tout en portant à sa bouche un verre de délice.

— Il est en pleine forme. Il continue de plonger sur son site. Tu le connais, fidèle à lui-même, toujours à râler contre la terre entière.

— Il ne changera donc jamais ! s'exclame Néven. Et ton copain, je sais plus son nom, il n'est pas ici ?

— Oh, Ségal est dans sa famille pour un mois. Il ne revient que dans trois semaines, soupire Tessie, laissant transparaître la contrariété que cette situation lui confère.

— Et toi Manéa , tu as un copain ? me demande tout à coup Néven, les yeux fixés sur moi.

Je sursaute car mon esprit s'est égaré loin de la conversation. Je pense à Loïs, lui aussi dans son village et je me demande ce qu'il peut bien faire en ce moment.

— Oui, moi aussi je suis en couple avec Loïs et comme Tessie, il est parti dans sa famille.

— Si je comprends bien je me retrouve seul avec deux jolies filles pendant trois semaines ! Ça va être cool ! s'exclame Néven, visiblement intéressé ! 

— Dis donc, tu n'as pas une copine ? lui demande Tessie en faisant semblant d'être choquée par sa réponse.

— Oui mais elle est loin en ce moment ! fait-il, amusé par notre expression consternée. Non, je plaisante. Je l'adore. Elle arrive bientôt car elle n'a pas encore fini sa formation d'infirmière.

Devant notre regard interrogateur, il nous esquisse son portrait.

— Elle s'appelle Jéhane. Je l'ai rencontrée sur son site de travail et ça va faire maintenant un an que l'on est ensemble.

— Tu es devenu sérieux en prenant de l'âge ! se moque Tessie. Tu sais, Manéa, au village Néven enchaînait les conquêtes. Il avait une nouvelle petite amie presque chaque semaine.

— N'exagère pas, réplique Néven, un petit peu gêné. Et puis ça, c'était avant. Quand tu rentres chez les sentinelles, ta vision des choses change. On t'apprend le respect, la fidélité et tu dois te soumettre aux ordres. Ta principale mission, désormais, est la protection de notre société et de notre gouvernement .Ça te remet les idées en place. Tu sais où tu vas et pourquoi. 

Je le regarde fixement. Une telle allégeance au système me rend perplexe. Que lui a-t-on fait pendant deux ans ? Un vrai lavage de cerveau. Je ne porte pas les sentinelles dans mon cœur et je me méfie d'elles. Même si leur présence est nécessaire à notre protection, leurs méthodes me paraissent un peu barbares par moment. Tessie a dû se faire la même réflexion que moi car je sens qu'elle me fixe du regard à cet instant-là. Malgré ce sentiment de malaise passager, la soirée continue avec légèreté mais avec des sujets beaucoup plus banals : notre travail, les loisirs du dimanche, la famille. Avec Tessie nous restons sur un plan plutôt neutre car le nouveau Néven est un inconnu pour nous. Il se fait tard. Après un dernier verre, chacun part se coucher et Néven promet de venir avec nous à la plage dimanche.

Je passe le reste de la semaine à travailler et dormir, ce qui occupe la majorité de nos journées à Fossea et qui me permet d'oublier le vide que l'absence de Loïs laisse au fond de moi.

Le dimanche matin,  j'entends frapper à ma porte alors que je finis de manger mon petit déjeuner. J'ouvre et je découvre Tessie et Néven qui sont déjà prêts à partir pour la plage revêtus des tee-shirts et shorts que l'on peut se procurer au magasin. Comme les uniformes de travail, ils sont tous identiques : tissu uni mais de différentes couleurs, shorts courts pour les filles, bermudas pour les garçons. Je pose le reste du déjeuner dans l'évier et les rejoins sur le chemin qui mène à l'océan.

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Bonjour à tous!

Alors, comment trouvez-vous le petit nouveau ? Il va partager la vie des filles quelques temps.

Dans le chapitre suivant, un peu de détente pour Manéa, ce qui est un luxe à Fossea!

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Lona.