Relation

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— Ta fièvre a dû remonter, dit Néven, soucieux. On file se cacher et je m'occupe de toi !

Nous traversons le bois sur un chemin chaotique. Des ornières parsèment la route et chaque fois qu'une roue échoue dans l'une d'entre elles, le choc me fait sauter de mon siège et ravive ma douleur. On perçoit le soleil pointer à l'horizon. Soudain, au détour d'un virage, apparaît un énorme rocher, presque de la taille de ma maison à Fossea. Néven le contourne et gare la jeep dans un recoin.

— C'est bon, on est arrivés. On va pouvoir reprendre des forces et préparer la suite ici, m'explique-t-il. Il descend de la voiture, attrape un sac à l'arrière et vient m'aider à sortir du véhicule.

Dès que je pose le pied par terre, je m'aperçois que je n'ai presque plus de forces. Je manque de m'effondrer et me rattrape de justesse au montant de la portière. Néven se précipite pour me soutenir. Il me soulève dans ses bras, tel un super-héros, et m'emmène à l'entrée de la grotte. Elle ne se voit pas de l'extérieur, cachée sous une végétation très dense. Une fois à l'intérieur, Néven me pose sur le sol.

— Reste là, m'ordonne-t-il. Je reviens. Je vais camoufler la jeep.

Je m'allonge sur le sol qui est glacial ! Au loin, j'entends un bruit d'eau. Je me retourne et découvre un spectacle étonnant. Une source s'écoule dans le fond de la grotte. Elle longe les parois puis disparaît brusquement, en s'enfonçant sous les rochers.

J'ai soif. Je décide de m'approcher pour boire un peu d'eau. Dans un effort surhumain, je me lève et avance à cloche-pied jusqu'au bord du ruisseau. J'essaie de prendre de l'eau au creux de mes mains mais dès que je baisse la tête, j'ai l'impression que je vais m'évanouir. Néven revient à ce moment-là. 

— Je vais t'aider, fait-il doucement. 

Il plonge une gourde dans la rivière et l'amène à ma bouche. La fraîcheur de l'eau me fait du bien. Mes lèvres étaient sèches comme si j'avais passé une semaine dans un désert.

— Merci Néven, c'est bon de boire un peu, le remercié-je.

— Maintenant, je vais prendre soin de toi. Viens, je t'ai installé une couverture dans un coin à l'abri des courants d'air.

Je le suis, accrochée à lui. Je m'allonge, j'ai froid. Je tremble, mon corps est secoué de spasmes. Néven me rajoute une couverture et part chercher son sac. Il en sort une trousse de secours de couleur kaki. 

— Je vais te donner des antibiotiques, un antipyrétique pour ta fièvre et je vais soigner ta blessure, affirme-t-il, sûr de lui, tel un médecin aguerri à ce genre de situation.

— Où as-tu appris tout ça ? lui demandé-je, curieuse.

— Pendant ma formation, chez les sentinelles. On est censé pouvoir se soigner seul si on est blessé. Tiens, prends ça !

Il me donne plusieurs cachets à la suite que j'avale avec un peu d'eau.

— Maintenant, continue-t-il, je vais nettoyer ta plaie.

Je m'assieds et enlève, avec beaucoup de difficulté, vu mon état, mon blouson et mon pull. Néven ôte le pansement. La plaie est infectée, je le sens tout de suite à son regard.

— Je risque de te faire mal. J'en suis désolée, dit-il, la mine abattue, en fixant ma blessure.

— T'en fais pas, je suis forte, répondis-je, en essayant de prendre un air courageux.

Patiemment, Néven nettoie la plaie. Je serre les dents. Ses gestes sont doux, il essaie de minimiser la douleur autant qu'il le peut. Puis, il désinfecte et refait le pansement. Il est tout près de moi. Je peux sentir son souffle sur ma peau. Je n'ose pas le regarder de peur qu'il lève les yeux. Nous serions tellement proche l'un de l'autre à ce moment-là que je trouverais cette position plutôt embarrassante.

FOSSEA Revelatio Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant