Evasion (partie 2)

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C 'est encore plus terrible que la dernière fois ! Quand j'ai effectué mes premiers tests, au secteur plongée, c'était en plein jour et il ne faisait pas aussi froid.  Le temps que la combinaison se remplisse d'eau et s'adapte à la chaleur de mon corps, je compte les minutes. Je n'ai qu'une envie, remonter ! Phébé doit ressentir ma panique car il vient vers moi, me fait signe de me calmer et de respirer lentement. Je fixe ses yeux éclairés par ma lampe, à travers son masque, et je réussis à me contrôler.

 Tout est noir autour de nous. Nous  commençons à nous déplacer. Nager est facile quand on plonge. On a l'impression de voler. Autour de nous, il y a d'innombrables tuyaux servant à l'extraction de méthane qui s'enfoncent encore plus profondément dans l'océan. La nuit, le secteur est à l'arrêt. La logistique s'avérerait trop compliquée. On chemine entre ce labyrinthe de colonnes grises. Gaïa a l'air de connaître le trajet par cœur. Puis, tout d'un coup, il n'y a plus rien ! 

Phébé me fait signe de surveiller mon ordinateur de plongée : dessus sont indiqués la température de l'eau ( 9 degrés), l'autonomie de l'air ( 3 heures), le rythme cardiaque et la profondeur ( 325 mètres). Il ne faut pas que je remonte au dessus de trois cents mètres car les bouées nous détecteraient. Je regarde autour de moi, tout en faisant attention de ne pas perdre Phébé de vue. Tessie a l'air de plutôt bien s'en sortir ! Quant à Ségal, il a retrouvé toute son agilité au contact de l'eau.

Nos torches réveillent des poissons endormis. Ils ont de drôles de couleurs sous le reflet de nos lampes. Je reconnais le poisson lanterne (1) avec son corps garni de petites lumières, j'observe des crustacés qui sont occupés à trouver de la nourriture et je rencontre des poissons beaucoup moins sympathiques qui remontent des profondeurs comme le poisson hâche (2)ou le mélanocène (3). Malgré tout, on ressent une grande sensation de calme et de liberté au fond de l'océan.

 Au dessus de nos têtes, nous savons que se trouvent les bouées explosives. Nous ne les voyons pas mais nous sommes conscients de leur portée de détection qui demeure impressionnante. C'est encore plus inquiétant car nous ne savons jamais à quel moment elles peuvent se déclencher. Au bout d'une demi-heure, nous sommes enfin sortis de leur champ d'action. Je me demande où peuvent bien se trouver ces fameuses grottes.

Gaïa s'est arrêtée et nous la rejoignons tous. Avec des signes, elle nous indique une trajectoire que j'ai du mal à saisir ! J'interroge Phébé du regard. Il me montre quelque chose au dessus de nous. Je cherche à comprendre puis j'aperçois des mouvements différents de l'eau à ce point là. Je commence à réaliser ce que nous allons faire et ça ne me plaît pas du tout ! Loïs m'a souvent parlé de plongée dérivante. Il s'agit de nager dans des courants qui peuvent vous porter sur plusieurs centaines de mètres, même des kilomètres, sans se fatiguer ! Loïs trouvait ça super génial mais le problème majeur que moi, je redoute, est la possibilité d'être séparé de mon binôme et de me retrouver seule, perdue au milieu de l'océan. Je n'ai pas le temps de réfléchir plus longtemps. Gaïa est déjà allée se placer, suivie des autres. Phébé remonte aussi et je suis bien obligée de le suivre. Voyons le bon côté des choses ! Ça peut se révéler amusant ! Je n'y crois pas une seconde ! Je me positionne derrière Phébé. Et c'est parti !

 Il faut s'allonger dans le courant. Très vite, je me mets à filer à toute vitesse et c'est vraiment une sensation géniale ! J'ai l'impression de voler, je n'ai plus d'efforts à faire, juste à garder la position. Cela fait longtemps que je ne me suis pas autant amusée ! Je comprends Loïs maintenant. Phébé se retourne souvent pour vérifier que je suis le rythme. Je lui fais signe que tout est ok. J'ai quand même la hantise de perdre de vue le reste de l'équipe alors je me concentre sur les lumières. A un moment, je constate que Phébé s'éloigne un peu trop de moi. Je m'essouffle alors  pour le rattraper. Puis, l'instant d'après, je manque de lui rentrer dedans car le groupe s'est arrêté. A l'évidence, nous allons quitter le courant. Il est vrai que pour l'instant, tout se déroule sans encombre. Mais cela ne va pas durer ! Alors que tout le monde suit Gaïa, il me semble apercevoir une ombre nous frôler...

(1) poisson vivant à de très grande profondeur, d'une taille de 2 à 30 cm, possédant des organes. lumineux et se nourrissant de zooplancton ( minuscule organisme animal).

(2) poisson vivant dans les abysses, dont le corps à la forme d'une hache et est couvert d'écailles argentées, d'une dizaine de centimètres et se nourrissant de petits poissons et crustacés.

(3) poisson pouvant vivre jusqu'à 2000 m de profondeurs, d'une taille de 3 à 20 cm, possédant une bouche garnie de longues dents fines et se nourrissant de petits poissons.

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Coucou tout le monde,

Comme vous devez vous en douter, la suite de l'évasion ne va pas se dérouler sans problème. Un personnage va être en danger et peut-être même disparaitre de l'histoire. Je vous laisse découvrir cela dans le prochain chapitre.

Encore merci de suivre les aventures de Manéa. N'hésitez pas à commenter et à voter car j'adore vos encouragements. Merci 😍

Lona.

FOSSEA Revelatio Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant