Voyager seul était nouveau pour moi. Partout où j'étais allé, j'avais toujours été accompagné. Même si la compagnie n'était pas toujours appréciée ou voulue, elle était largement préférable à la solitude.
La route me semblait interminable, et pourtant, cela ne faisait que deux petites heures que j'étais parti. J'avais laissé mes amis, ma nouvelle famille derrière moi. Je n'en revenais toujours pas, et quelque part, je m'en réjouissais presque.
Pas que les quitter me faisait plaisir, non. Mais partir sur de nouvelles bases pour poursuivre cette vie était la chose à faire, j'en étais à présent persuadé. Et peut-être que je ne faisais pas les choses comme les autres, mais c'était ce qui me définissait.
Mon originalité.
Et c'était dans cette toute nouvelle optique que je passais le panneau qui annonçait que j'approchais de ma destination. Cette ville où j'avais grandi, et que j'avais quitté le jour de ma majorité.
Je voyais défiler ces rues que je connaissais par cœur pour les avoir empruntées un nombre incalculable de fois. Et lorsqu'enfin j'arrivais au bout de l'allée bordée de fleurs colorées, j'éteignais le moteur de ma moto.
Je retirais mon casque, respirant l'air frais de cette petite ville de campagne. J'étais enfin de retour, et sûrement que quelqu'un d'autre se serait précipité vers la maison de son enfance. Pas moi.
Je prenais tout mon temps pour rejoindre le palier trop blanc, car ici, tout devait être parfait.
Je soufflais un grand coup, avant d'enfin me décider à toquer à la porte. Dans l'attente, je me sentais trembler, incapable de tenir en place. Je descendis les quelques marches pour faire les cent pas sur la petite allée carlée.
Et au bout de quelques minutes, je compris que personne ne devait se trouver là. Déçu, je m'apprêtais à repartir. Mais alors que je me retournais pour rejoindre mon véhicule, je tombais nez-à-nez avec la dernière personne que je m'attendais à trouver là.
- Jaehwan... ça faisait longtemps.
- O-oui.
C'était tout ce que j'avais pu dire. Car même après tout ce que j'avais vécu, la terreur de me retrouver face à mon frère était la plus présente.
Mais mon regard se portait sur la femme à ses côtés. Une belle dame, elle était resplendissante, et elle tenait la main d'un petit enfant.
- Jaehwan, que fais-tu là ?
Je tournais de nouveau mon attention vers mon frère.
- J'étais venu... euh... saluer les parents ?
Il soupira, il semblait gêné.
La femme lui offrit une caresse comme pour l'encourager, avant de se diriger vers la maison sans même me jeter un regard. Elle n'avait pas été froide, mais c'était comme si elle voulait éviter tout contact avec moi.
Mon frère avait-il parlé en mal de moi ?
- Jaehwan, il va falloir que l'on discute avant que tu n'entre dans cette maison.
- V-vraiment ?
Pourquoi étais-je toujours si effrayé ? Je pouvais faire face à des balles, mais pas à mon frère ?
Il me fit signe de le suivre à l'arrière de la maison, là où se trouvait ce jardin où nous avions grandi. Nous nous installions sur ce même banc que nous nous disputions souvent comme les deux enfants que nous étions.
Aujourd'hui, nous nous y asseyions d'un même mouvement, et sans un mot. Nous avions bien grandi depuis cette lointaine époque.
- Tu n'es pas au courant, n'est-ce pas ?
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Professeur
FanfictionJaehwan n'est qu'un professeur d'université. Il est intelligent, et il tient à la vie. Alors, le jour où tout bascule et qu'il est forcé de quitté son quotidien, il fait tout pour rester en vie.