Entre les mondes

Saine contemporaine

À terre, une ombre.
Boule de chaire invisible au monde.
N'étant que gémissement et larmes
On ne distingue que vaguement son ancien charme.

Qu'a-t-il bien pu arriver
Pour que cette... « personne»
Se traîne à terre sans hésiter
Dans cette rue monotone ?

On peut apercevoir
De court cheveux noirs,
Assez long cependant,
Pour ne cacher son mystérieux visage que partiellement.

Deux puits sans fond,
Perdus dans un vide au allure terrible.
Deux billes noires sans horizons,
Sans cible...

Un petit nez,
Peinant à respirer,
Reniflant
Légèrement.

Des lèvres sanglantes...
Déchirure béantes
Sur ce visage d'une pâle beauté,
Dernière trace d'une vie fanée et piétinée.

Une peau translucide,
Fantomatique,
D'un teint de perle
Taché de cernes.

Des tremblements,
Une respiration hachée,
Quelque sanglots à peine dissimulés.
Un étrange portrait, agrémenté de quelque taches de sang.

Petit animal blessé
Dans son âme,
Dans sa chaire et jeté
Sur le macadam.

Livrée à une trop grande liberté,
Perdue dans les méandre d'un monde
Emplit de recoins sombre
Et de rue ensanglantées.

Cette petite femme,
Victime, sûrement d'un terrible drame,
N'est plus maintenant qu'une ombre
Invisible au monde.

« Ouvre tes yeux, réveilles-toi
Et vois.
Lève toi et observes
Éloigne ta douleur et rêve »

Les pensées des passants,
Les mots couteaux
Qu'ils se retiennent de lancer sans ménagement
Et qu'ils pensent très fort, plutôt.

Eux qui marchent sereinement
Vers leurs maisons aux odeurs épicées.
Eux qui ne ralentissent pas un instant
À la vue de cette petite femme esseulée...

Donneurs de leçons,
Esprits sans raison
Ne lui lançant que des regards dédaigneux,
Bien dans leurs vie et leurs habits coûteux.

Ils sont tellement loin,
De ne serait-ce s'imaginer,
La douleur du chemin
De cette âme abandonnée...

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