Entre les mondes

Dans la tête du poète

Épais et sans pitié,
Il recouvrait celle que j'étais.
Haute cage,
Emprisonnant mon esprit volage.

Le Silence.

Prise dans ses filets,
Je ne rêvais que de m'en aller.
Le monde au-dehors,
Semblait m'appeler de plus en plus fort.

Et pourtant, enfermée comme je l'étais
Je ne tentais rien
Pour regagner mon chemin.
Les yeux vagues, je patientais.

J'attendais mes mots.
Eux qui, il y a longtemps,
Étaient partis avec les vents...
J'attendais la renaissance du ruisseau.

Assise dans la nuit,
Je guettais les bruits de pas
De mes pensées fugitives...
Reviendront-elles vers moi ?

Prisonnière du néant,
Le coeur sans paroles...
Je n'entendais que les battements lents
Qui retardaient mon envol.

Le silence infini,
Sûrement me guidait vers la folie.
J'avais oublié les lettres,
Elles avaient abandonné mon être.

J'avais négligé mes mots.
Ils s'étaient faufilés sur ma peau,
Me quittant par fierté...
Se sentant disgraciés.

J'avais méprisé mes phrases,
Elles avaient débordé du vase...
Ne laissant comme souvenir de leur existence,
Qu'un terrible silence.

Les sons n'avaient plus aucun sens,
Musique indéchiffrable,
Grondement détestable...
Monstre rodant au abord de ma conscience.

Et je patientais, aujourd'hui encore
Pour rallier mon corps...
J'attendais dans le silence de ma tête,
Les capricieux mots du poète.

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