Entre les mondes

Combat singulier

La maison est silencieuse. Le temps est comme suspendu.
Et moi je suis toujours là.

Les ténèbres sont rois. L'obscurité a envahie les pièces, les unes après les autres.
Mais moi je suis là.
Dernière résistante contre la nuit, ma lumière est la dernière, elle repousse le sommeil.

Les esprits sont silencieux. Leur temps est comme éteint.
Et je suis là.

Les paupières closent. Les rêves, les cauchemars... toutes les illusions sont reines.
Elles enlacent les vivants fermement, chuchotent terreurs et fantaisies à leurs âmes assoupies.
Je sens leurs doigts immatériels caresser mon cœur, je les sens souffler leur brise de torpeur. Pourtant, je résiste, je m'accroche aux vestiges de réalités sur lesquelles la nuit ne s'est pas encore drapée.

La maison est silencieuse. Les ténèbres sont rois.
Mais je suis là, qui résiste.

Les esprits sont silencieux. Les yeux sont fermés... les illusions sont reines.
Mais je suis là, qui existe.

C'est mon combat contre les fantômes de minuit. C'est mon cœur, mon âme et mon esprit qui font trop de bruit. Et c'est moi qui suis là, avec toi, berger du soir, marchand de sable, toi.
C'est juste une future défaites contre toi qui va déposer sur mon cœur un voile de torpeur. C'est toi qui, bientôt, mènera mon âme sur les berges de l'irréel, c'est toi qui impose, en quelques clignement d'yeux, le silence dans mon esprit.

Grâce à toi je ne suis plus là, ma vaine résistance contre ta douce voix ne m'aura apportée que plus d'ombres bleutées, bercaux à venir de tous ces songes retardés.

Le monde est silencieux.
Le sommeil est roi, enfin.
Je ne suis plus là.

Bonne nuit, à toi aussi.
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