Prologue

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Ivan Hélis

Le mage prit une grande inspiration, ce jour était un jour spécial, son apprenti Antonin un jeune elfe, avait créé un lien avec son partenaire. Son partenaire qui, bien que ce ne soit pas commun, avait trois têtes pour une seule conscience.
 Il arrangea les plis de sa cape bleue sombre, habituellement cette cape n'étais utilisée que pour de grandes occasions. Et bien que ce jour en soit une, il ne portait cet habit que pour son confort et pour la mobilité qu'elle lui offrait. En plus, elle lui permettait de dissimuler son épée. Peu de gens pouvaient suspecter qu'il en cachait une car les mages, bien que souvent menacés par toutes sortes de dangers, n'avaient pas besoins d'épée. Lui encore moins.
Malgré cette journée qui en apparence serait heureuse, quelque chose n'allait pas. Le vent ne soufflait pas, l'air était lourd, et pis encore, le silence régnait. Le silence régnait ! Le Quark était entouré par une vaste forêt un désert et diverses biomes, par conséquent, on entendait toujours de petits oiseaux dès le matin, l'agréable bruissement des feuilles d'arbres dans le vent, l'eau du sanctuaire élémentaire qui, avec le vent faisait des vagues et allait avec douceur, s'écraser contre les rebords.
 S'il n'avait pas à ce point aiguisé ses sens au cours des années, il aurait pu croire qu'il étais pris de remords. Après tout, cet elfe, qui avais ardemment travaillé pour arriver là où il en était, avait été le premier à ne pas avoir abandonné ... ou à ne pas être victime d'une mort inattendue. Autrement, ça aurait aussi pu être a cause de son propre maître...
 Il s'assit à la grande table du Quark et commanda au couvert de se mettre, et au petit déjeuner de se servir. Il aurait désormais qu'il y était habitué, bien du mal à se passer de ces sorts qui lui facilitaient grandement la vie. Il mangea dans le silence. Une fois son repas terminé, il fixa sa main droite et fit passer un petit courant d'air filant entre ses doigts. Il faisait ça quand-il était stressé. Se rendant compte qu'il broyait du noir au lieu de fêter l'occasion, il se reprit. Il se leva, monta l'escalier, et arriva devant une porte gravée au nom d'Antonin.
 10 h passées, il décida de le réveiller. Il toqua a la porte, pas de réponse. Il ouvrit la porte et, tomba à genoux. La peau de son apprenti était pâle comme un linge, la chimère, a ses côtés, gisait là, éventrée. Sa mâchoire se crispa, "encore" pensa t-il, "Encore un qui a été tué par ce maudit damné !"
Ce monstre, était un des seuls qu'il n'était pas capable d'éliminer. Il accomplissait sa vengeance, encore et encore. Une malédiction qu'il avait mérité, pensa t-il. Lui, mais pas ses apprentis.
 Le corps inanimé d'Antonin fût pris de spasmes. Les mutations avaient commencées. Le mage se releva, repoussa ses cheveux argentés en arrière, et, fit jaillir de ses doigts, une lumière bleue qui enveloppa le corps d'Antonin. Celui-ci se souleva et, se dirigea en direction de la sous-cave. Il suivit un long couloir, et, au bout d'une minute à flotter lentement dans les airs, il arriva devant une grande porte qui s'ouvrit. Des créatures grises immondes et indistinguables dans l'obscurité se jetèrent vers la sortie de la pièce où elles étaient enfermées. Tandis qu'elles se heurtaient à une paroi invisible, le corps, lui, passait sans rencontrer d'obstacles. Quant il eût complètement passé la porte, celle-ci claqua. L'inscription sur une plaque en bronze dont l'oxydation verte recouvrait l'intégralité passa de " S.ca.E2-P32-Contenu : 6Da" a "S.ca.E2-P32-Contenu : 7Da"


Ermarost

Chaque nuit, je faisais le même rêve. Cela faisait entre une semaine et un mois que je ne dormais plus. Une main, grise, qui passait par l'entrebâillement de la porte de ma chambre, tentait de retirer la chaîne qui retenait la porte contre le mur. Cette main était famélique et de longs doigts griffus en sortaient. On aurait dit que leur chair était à vif. Une nuit, ils parvinrent à faire tomber la chaîne de l'anneau de métal qui la retenait. La porte s'ouvrait alors lentement, dévoilant dans la quasi obscurité, un long bras dont les articulations ressortaient largement. Quant la porte fût plus largement ouverte, un corps maigre et voûté sur lequel trônait une tête, devint distinguable dans l'obscurité. Ce spectacle aurait eu de quoi en faire frémir plus d'un,  à cause de la maigreur incomparable de la chose. Mais, j'étais paralysé par la peur. De toute cette créature, ce qui m'effrayait le plus, c'était ses yeux. Dans la nuit, ils brillaient d'une lueur violette et évoquaient ceux d'un serpent. On pouvais y lire une certaine avidité, mêlée à une cruauté sans égal. Elle s'approcha. Ses pieds aux orteils courbés et griffus, faisaient penser aux serres d'un oiseau de proie. Elle avançait à une vitesse exagérément lente. Alors qu'elle levait la main gauche, je sentis une soudaine bouffée d'effroi s'emparer de moi.
 Accompagné par cette sensation, mon bras droit se réchauffa, je ressentis quelque chose de semblable à une coulée de liquide chaud dans mon bras, comme une sorte de seconde circulation sanguine. Dans le creux de ma main, se forma une boule de lumière aveuglante. Sa douce chaleur faisait penser à un jour d'été. Devant cet étrange phénomène, la chose prit peur et s'enfuit. Avant de passer la porte, elle arracha la chaîne qui maintenait la porte fermée, laissant derrière elle des traces de griffes sur mon mur et des trous au sol faisant penser à des pattes de chien. Une fois la sensation passée, je m'effondrais de fatigue et, je ne sais si je m'évanouis ou m'endormis.


Lyxia

Écoutant les bruits aux alentours de la colline, Lyxia se sentit nostalgique. Elle se demanda pourquoi revenir tant de temps après... Quoique, après si longtemps, comme si cela avais le moindre type d'importance. Sa mère, une Dragonne noire, parsemée d'écaille blanches, faisait penser à une nuit sans lune. Elles se fixèrent un moment, puis, Néalia, sa mère, lui posa une question.
  ~"Penses-tu bientôt me quitter ?"
  ~"Oui, il le faut. Va savoir pourquoi, mais j'aurais déjà du revenir, en partant du principe que je revienne un jour..."
 La grande Dragonne noire souffla des flammes aussi noires que la nuit. Avec un calme profond, elle demanda :
  ~"C'est dur ?"
  ~"De quoi veux-tu parler ?"
  ~"D'avoir presque tout oublier. "
 Lyxia fit danser les légers reflets de ses écailles ambrées au sol en regardant le lever de soleil.
  ~"Je ne saurais dire... Je sais encore voler, parler, me battre... Cependant, sans doute moins bien qu'autrefois. Je me souviens encore de certains noms, des sentiments et des sensations qui vont avec : regret, mélancolie, haine, amour, joie, tristesse, dégoût, admiration. Parfois même, je me remémore leurs visages, mais, comme un reflet dans l'eau d'une mare, il suffit que je me concentre dessus pour les faire disparaître, comme si on y lançait une pierre. L'image ondule, elle change de forme, et, quand la pierre atteint le fond, un voile de poussière se dresse entre moi et mon souvenir, comme si la vase au fond de l'eau m'empêchais de me pencher sur mon passé. D'ailleurs, qui me dit que ces souvenirs sont les miens. Ce ne sont peut-être que des inventions de mon esprit ou pis encore, les souvenirs d'un autre. Quoique... je ne sais pas ce qui est le pire."
  ~"Que comptes-tu faire une fois que tu m'auras quittée ?"
  ~"Sans doute partirais-je a la recherche d'un visage familier... Peut-être tenterai-je de passer a autre chose et, qui sait sans chercher, je pourrai retrouver quelques personnes qui me reconnaîtront."
  ~"Qui comptes-tu retrouver en premier ?"
 Lyxia leva les yeux vers le ciel et admira un nuage a tête de loups.
   ~"Arcadios, était un humain dont j'étais proche, mais je suis pratiquement sûre qu'il est mort... Je me souviens d'un loup, rien qu'à repenser à lui, j'ai froid. Il s'appelait, ou s'il a eût de la chance, il s'appelle Fréos."
 Néalia gratta la roche avec sa patte. Elle dit nerveusement :
  ~"Ce Fréos étais peut-être un Kyvre." 
  ~"Un Kyvre ? Qu'est donc ?" 
  ~"Un étherien de glace ressemblant a un loup. Grand, bleu comme le ciel par une nuit claire, des yeux bleus entre les cieux et la glace qui restent visibles malgré une obscurité totale. Tu vas avoir du mal à le trouver, les Kyvres sont, à l'instar de leur cousin félin les Ferests, experts en dissimulation. Ils sont invisibles dans l'obscurité, mis à part leurs yeux. Ils se déplacent en silence, sans laisser de traces et, la seul preuve de leur passage est l'odeur de la neige qui ne fond jamais en haut de la montagne. Autant te dire que tes chances de le retrouver sont maigres. Le seul moyen de le retrouver doit être de suivre les zones anormalement froides en été... Ou, plus simplement, demande de l'aide a un Réath et un Selenath, ou a un Marleau." 
  ~"Les Frères serpents ne sont ils pas experts pour tromper les autres ? Et les Marleau sont craintifs, ils sont tout aussi bons en dissimulation."
  ~"Un Réath et un Selenath ne tromperont pas un autre étherien. Les Marleau, sont par nature, altruistes, bien que dotées d'un sens de l'humour douteux. Il te suffit de trouver un marais et de demander de l'aide si celui-ci est recouvert de brume, alors, il y a peut être un Marleau qui s'y cache."
  ~"Je tacherai de m'en souvenir."
 Néalia demandas, bien qu'elle connaisse déjà la réponse :
  ~"Quand pars-tu ?"
  ~"Je comptais te dire au-revoir et y aller."
 Néalia soupira comme pour dire "Et bien, s'il le faut..."
  ~"Au revoir, ma fille, puisse le vent guider ton chemin, et les étoiles guider tes pas vers le bonheur."
  ~"Au revoir, je te souhaite bonne chance pour retrouver les anciens étheriens cachés dans un plus vaste monde que tu ne le crois."
 Et sur ces mots, elle s'envola vers, ce qui aujourd'hui, lui était inconnu.

Le DragovienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant