Le Dragovien

Chapitre 4 Ce que fait un mage ...

Des ombres froides m'étreignaient, dansantes, effrayantes. Seul persistait un bourdonnement sourd qui me vrillait les oreilles et m'emplissait la tête. Puis, vinrent des tiraillements, des douleurs et des chocs. Ma bouche, pâteuse, avait un goût de poussière. Une forte odeur de terre vînt a mes narines. Je tentai, au prix d'un effort surhumain, d'ouvrir les yeux, en vain. Alors que j'essayais de faire le point sur ce qui était réel et ce qui n'était que les formes étranges et éthérées de ces ombres, j'entendis des voies. Elles étaient inintelligibles du fait du vrombissement qui remplissait ma tête. Alors que je tentais de me soustraire aux pensées parasites qui m'assaillaient, les mêmes que lorsque l'on émerge du sommeil encore épuisé : "J'aimerais bien être un poisson ..." ou "Il faut que je rentre dans mon tiroir" voir "Comme j'aimerais être pilote de sac à dos" (Ne niez pas, suite à un rêve bizarre, cela nous est tous arrivés.) Personnellement, un violent choc à la tête m' extrayais de ces pensées illogiques. Je sentais ma gorge qui était aussi sèche qu'une poignée de sable du désert. D'instinct, je toussai, les voies devenues presque audibles le devinrent quand un autre choc déclencha une vague de douleur. J'entendis un frottement qui, couvert par le bourdonnement était auparavant, indistinguable. Quelqu'un me traînait par terre. Une voix que je reconnu dans l'instant, celle du Mage, se distingua du chaos.

_"Tu es réveillé, c'est bien. Cela fait près de trois heures que je te traîne derrière moi."

J'étais donc en déplacement.

_"Tu sais, ta tension est anormalement élevée pour un enfant de ton âge, tu te fais battre soit par ton père, soit par quelqu'un d'autre, cela se voit à tes hématomes, et ton pouls en est témoin : tu n'es pas très détendu."

Comment savait-il cela ?

_"Je vois également à ton corps que tu bois et que tu manges mal, tu n'as pas assez de minéraux dans le sang ni dans la peau, tu ne devais pas manger à ta faim, car tu es maigre comme une brindille.

J'étais étonné qu'il remarque tout cela, mais trop confus pour chercher le pourquoi du comment.

_"Tu es également en manque notable de sommeil, ton état physique n'est pas mauvais vu les conditions qui t'ont été imposées. Cependant, tu serais incapable de courir ou même de trottiner deux-cents mètres."

Je ne doutais absolument pas de la véracité de ses propos. Cependant, que faisais-je ici ?"

_"Je t'ai acheté à ton père, il ne devait pas beaucoup t'apprécier, car il s'est facilement séparé de toi."

Les brumes dans mon esprit disparurent toutes d'un coup. Je n'étais pas malheureux de me séparer de mon père, en fait, j'y étais complètement indifférent. Cependant, je me posais une question: combien valait donc ma vie ?

_"Es-tu sûr de vouloir le savoir ?"

J'étais incontestablement certain de vouloir le savoir. Sans cela, cette question m'aurait hanté jusqu'à la fin de mes jours.

_"Très bien, je t'ai acheté un Arcion d'or et je lui en ai donné un de plus pour qu'il accueille et élève ces Dopplers."

Un Arcion d'or, c'était assez pour que cet ivrogne boive et vive en toute quiétude jusqu'à la fin de ses jours. Avec un deuxième, je ne voyais même pas l'étendue de tout ce qu'il pourrai faire. Pour donner un ordre d'idée, vingt Arcions d'argent correspondait au prix d'un esclave (100 Arcions d'argent = 1 Arcion d'or)Je plaignais juste les jumeaux qui allaient devoir le supporter.

_"Oh, ne t'en fais pas pour les jumeaux, je suis un Mage, s'il leur fait du mal, il le regretteras au prix double. S'il les jette dehors, et bien, je lui rendrai une petite visite."