Chapitre 5 ... N'est pas toujours de la magie

12 2 0
                                    


Partie 1 : Un lendemain difficile

Je n'avais presque pas dormi de la nuit, mes draps, mes affaires, et absolument tout à proximité avait décidé de se coller à moi. Je ne savais pas pourquoi, mais le simple fait que cela puisse enthousiasmer Lyxia me donnait la certitude que cela en valait la peine. Quand Ivan me réveilla, j'étais moins exténué qu'après ces dernières semaines, mais cela ne m'empêchait pas d'être à bout de force. Il prit la petite pierre dans ses mains, soupira, et jeta un regard accusateur à Lyxia. Celle-ci l'ignora complètement.

Ivan me rendit l'épée en bois qu'il m'avait confectionné, et reprit la veille, sans même que je ne m'en rende compte.

_"En chemin, nous allons faire un peu de théorie. Tu n'es pas en état pour la pratique. La prochaine fois, assure-toi de mieux dormir. Et de ne pas te faire marcher dessus."

J'opinais du chef et nous étions repartis. C'était facile de voyager ainsi, sans bagages. En même temps... Qu'aurais-je bien pu amener, des livres ? J'étais analphabète ou presque. Des vêtements ? Je n'avais strictement rien de présentable, même pas les vieilles loques dont j'étais vêtu. Si quelqu'un nous voyait tous les trois, il pourrait croire que j'étais l'esclave d'Ivan et que Lyxia était sa femme ... Non, je n'avais rien qui vaille le coup que je l'emmène. J'étais habitué à ne rien avoir, sauf ce qui était strictement et indéniablement nécessaire, et ça, je le mangeais. En fait, en me donnant cette épée en bois, Ivan m'avais donné le seul objet que je n'ai jamais possédé. C'était... troublant.

Quand nous fûmes sortis de l'auberge, je vis, que par endroit, l'herbe était couchée et la mousse retournée. Certainement était-ce le résultat de ce qu' Ivan avait fait le jour précédent. J'étais trop dissipé et somnolant pour y penser plus. Le ciel était dégagé et des rayons de soleil me léchaient la peau à travers mes vêtements. C'était agréable, le soleil me réchauffait même à travers les feuillages des arbres.

Je frissonnais sous la douce brise dans un état de contentement et de satisfaction. Tandis que nous nous éloignâmes du village, je me dis que je n'avais jamais réellement pensé à l'avenir... En fait, mieux valais ne pas y penser. Avant ces étranges événements, seules quelques possibilités étaient envisageables. Devenir meunier dans les villages à l'ouest et mourir avant d'atteindre quarante ans... (ce qui était en soi une longévité un petit peu exagérée en comparaison de leur moyenne de trente-ans). M'engager dans l'armée était sans aucun doute l'option qui m'aurait été la plus viable : être nourrit et logé. Cependant, n'ayant pas suivit de formation dans une école militaire, j'aurais été envoyé sur le front Nautillien. Selon certaines rumeurs, ces créatures fort peu sympathiques faisaient plus de deux mètres de haut et haïssaient les humains.

La vie de soldat se déroulant, en Arcana, dans une caserne ou dans une tente, les soldats recevant une paye minable, il ne serait pas possible de changer de vie. Un soldat pouvait difficilement se marier, ou même avoir une compagne. Selon sa chance, un soldat pouvait vivre jusqu'à une cinquantaine d'années, ce qui était une durée de vie plus qu'honorable, étant donné que plus d'un tière des recrues mourraient avant d'avoir passé les trois premières années. Maître Raphich disait que les nouvelles recrues sans expérience quelconques partaient sur les postes les plus exposés et se faisaient massacrer, leurs supérieurs estimant parfois que leur acheter une épée était un investissement trop coûteux par rapport à leurs compétences.

Quand nous eûmes amplement dépassés le village, Ivan me tendit une petite fiole contenant un liquide jaune-orangé. Il me fît signe de boire, je m'exécutais. Comme un idiot, je bus tout d'une traite. Le liquide me brûla la gorge et une quinte de toux doublée d'une violente migraine m'ébranlèrent et je tombais au sol. La douleur fût succincte puis, disparût. Je ressentais une sensation étrange, comme si la fatigue qui voilait mon esprit avait subitement disparu. Je tentais alors de me relever mais je me sentais, physiquement, incroyablement faible. Comme si mon esprit éveillé avait été placé dans une poupée de chiffon. Ivan me tendit la main pour m'aider à me relever. J'entendis Lyxia grogner.

Le DragovienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant