II

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Madame Sade me demanda d'enfiler une robe blanche et commença a me maquiller.
Je ne prononçais pas un mot, et pourtant il y avait lieu en moi un débat. Je mourrais d'envie de m'enfuir sans me retourner, mais pourtant je ne pouvais me résoudre a les abandonner. Quoicque mon rôle fut petit, il avaient besoin de moi et il aurait été terriblement lâche de ma part de les laisser tomber.

Une fois prête, Catherine Sade me fit signe de la suivre et m'emmena jusque sur la scène, m'exposant a la vue de tous.
Les élèves,restés dans le théâtre afin de préparer la présentation de ce soir, m'observaient avec des regards curieux et intéressés.
Je devais avouer que je commençais a m'y habituer, si bien que cela ne me gênait plus. J'arrivais donc a rester concentrée tandis que l'on m'expliquait en détails ce que l'on attendait de moi.

Pourtant,ma confiance et mon aise me quitta a nouveau lorsque l'on me demanda de commencer a jouer.
Il était facile d'écouter des explications et d'hocher la tête afin de les rassurer. Mais commencer a jouer, c'était la une tout autre histoire.
Je sentis l'angoisse me gagner lorsque tout le monde s'éloigna de moi et me demanda mettre a exécution leurs instructions.
Je me sentis seule et perdue, tandis que tout le monde me fixais avec attention,comme si le sort du monde entier reposais sur mes petites épaules.
Je tâchais de bredouiller mon texte, visiblement très mal al'aise.
« ça va aller, Marlène. Tu n'a juste qu'a répéter la scène jusqu'à ce que tout sois clair dans ta tête », me répétais-je pour me rassurer.

Mais le problème, c'est que j'avais beau répéter encore et encore, je n'y comprenais toujours rien. Tous les conseils et les ordres quel'on venait de me donner se mêlais et je confondais tout.
Je mélangeais les répliques, je faisais des gestes aux mauvais moments et je n'étais pas du tout a l'aise.
J'avais beau faire de mon mieux pour me souvenir de tout, j'avais cette horrible impression que plus je recommençais et pire c'était.

-Recommences la scène ! Me dit Barbara tandis que je ratais pour la énième fois.

Je soupirais, ressentant la lourdeur du poids du découragement me tomber dessus.

-Mais...Je n'arrive pas a apprendre le texte ! Protestais-je.

Elle tourna les talons et je, pendant l'espace de quelques instants,qu'elle m'abandonnait. Mais elle revint avec plusieurs feuilles dans les mains et me les tendit.

-Tiens, prends ça, me dit-elle, au moins tu pourras lire tes répliques au bon moment, cela t'aideras sûrement a les mémoriser.

J'hochais la tête, touchée par l'effort qu'elle faisait a tenter d'avoir une voix douce malgré et l'irritation et le stress qui régnais dans la salle. La tension était si grande qu'elle en était presque palpable.
Je tournais les talons et suivais les didascalies écrites sur les feuilles.

J'attendit,comme écrit sur le papier, que les enfants fassent le tour de la scène puis et j'avançais doucement, me préparant psychologiquement a un nouvel échec.

Après quelques répliques, je vit des hochements de tête et l'on me demanda de commencer a chanter en compagnie d'Oscar.
Je le regardais venir vers moi, me demandant quand ce calvaire prendrait fin.
Malgré l'atmosphère tendue, Oscar semblait relativement calme. Il me fit un sourire encourageant, puis déclara qu'il était prêt a chanter.
Je tournais la feuille et regardais les paroles,commençant le duo.

Le résultat fut minable. Ma voix tremblait et je chantais complètement faux. J'était terrorisée a l'idée de gâcher leur pièce, etc'était pourtant ce que j'étais en train de faire.
La chanson fut si ratée que je vis un grand nombre de personne sortir de la salle, tant le spectacle était un désastre.
Je sentais une boule se former dans ma gorge tandis que les visages autour de moi n'exprimaient qu'énervement et déception.
Fatiguée, Barbara déclara que nous avions méritions une pause.

Je sortis précipitamment de la salle et marchais dans la cour du théâtre, cherchant a m'éloigner des autres. Je finis par trouver un coin tranquille et m'asseyais en soupirant.

Soudain j'entendis un voix chanter et je reconnu les paroles de ma chanson.

"ô prince, et si nous étions destines...aaaaaaah"

Je sursautais et courrais vers la scène. A ma grande stupeur, je ne vis personne chanter. J'aurais pourtant juré avoir entendu une voix. Je restais plantée la, confuse, a la recherche de la source possible de la voix.

-Hey,Marlène !

Je me retournais et vis Oscar qui se dirigeait tranquillement vers moi,les mains dans les poches. Il me regarda d'un air désolé et je prit la parole, espérant ainsi éviter des remarques remplies de pitié ou de reproches.

-Écoute,je suis tellement désolée, j'ai pas mal de difficultés à mémoriser mon texte et je dois avouer que l'ambiance est vraiment très stressante...

-C'est rien, tu viens d'arriver, c'est compréhensible. Tout le monde te met la pression parce que on présente la pièce ce soir. Avec un peu de travail, tout va très bien ce passer ne t'inquiète pas. Je vais t'aider a t'entraîner, on a qu'à répéter ici, dit-il en s'asseyant.

Je m'installais a côté de lui et regardais a nouveau ma feuille,répétant a voix haute mes répliques. Je sentis sa main se rapprocher de la mienne et la toucher délicatement. Mon cœur battait a cent a l'heure. Je tentais de me persuader que cela était dû au stress lié au spectacle.
Mais ce contact physique me déconcentrait et je tentais de m'éloigner discrètement afin d'avoir les idées plus claires.

-Suis-moi Marlène, je doit te montrer quelque chose, me dit-il brusquement.

Je relevais les yeux et le regardais, perplexe.

-Mais...On vient a peine de commencer a travailler !

-Je te promet qu'on répétera mais je dois d'abord te montrer quelque chose, dit-il d'un air impénétrable.

Il me fit signe de le suivre et je me levais, me demandant ce qui l'avait fait changer d'avis si soudainement.
Il se dirigea vers l'arrière du théâtre, et ouvrit une petite porte sombre que je n'avais encore jamais vu.

Je décidais de le suivre, car je voyais sur son visage un air grave,comme si ce qu'il avait a me montrer avait une importance immense a ses yeux.
Et a vrai dire, je n'avais pas de bonnes excuses entête pour tenter de m'échapper.
Je passais la petite porte et me retrouvais dans un long couloir sombre avec du carrelage bleu,visiblement très mal entretenu. Le sol était mouillé et glissant,et je fit de mon mieux pour ne pas respirer l'étrange odeur d'hôpital et de cadavre. L'atmosphère lugubre me donna la chair de poule, si bien que je me frottais les bras afin de la faire disparaître.

A mon grand étonnement, nous croisâmes deux personnes. Il s'agissait d'Hugo, une jeune garçon prétentieux que je haïssais, accompagné d'un de ses amis.

-Hey,Marlène, tu vas ou ? Me demanda Hugo avec son habituel air menaçant.

Je l'évitais et continuais ma route, sans lui répondre. Cela nem'étonnais pas de trouver Hugo ici, celui-ci traînait toujours dans des lieux sombres afin de fumer loin du regard des autres.
Oscar marchait de plus en plus vite, si bien que je peinait a le suivre.
Soudain, il se mit a courir.

-Oscar attends ! Criais-je.

Mais il continua de courir sans se retourner. 

Elise [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant