VII

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Oscaravança lentement, me portant toujours dans ses bras. Le couloiravait changé depuis mon départ, le carrelage était maintenant noiret abîmé. Des toiles d'araignées avaient tout envahis et un ventfroid soufflais rendait le lieu encore plus haustère. L'odeurnauséabonde se faisais encore plus forte que la dernière fois,cette odeur de sang, de putréfaction me dégoûtait toujours autant.Tandis qu'Oscar avançait de plus en plus vite, je tremblais dans sesbras, cherchant le peu de courage que je trouvais en moi.

-N'aipas peur, me dit Oscar d'un ton doux.

Jele regardais, tremblant toujours. Au fur et a mesure qu'il avançait,son visage devenait de plus en plus blanc, il se faisait de plus enplus froid, tandis qu'il se rapprochais de la mort, de l'endroit danslequel il aurait dû rester.
Une cicatrice se dessina lentementsur son visage, et quelques taches du sang envahirent sa chemisenoire.
Il avançait de plus en plus péniblement, tel un corpsqui cherche son âme. Je n'osais plus bouger, ne reconnaissant plusle jeune homme que j'observais quelques secondes plutôt.

-Non....Ne me craint pas, dit-il d'une voix plaintive, Je sais que je ne suispas beau, mais je suis toujours la même personne ! Ne me craint pas,je t'en prie Marlène !

-Chut,murmurais-je en posant un doigt sur sa bouche, ne t'inquiète pas, jene te craint pas.

Saprésence ne me terrifiait pas, bien au contraire. Il avait beau êtremort, je devais lui faire confiance car il ne me restait que lui. Deplus, Oscar était un jeune garçon que je connaissais depuislongtemps.

Nousarrivâmes devant la grande porte noire. Celle-ci grinçaitbruyamment, me faisant sursauter.

-J'aipeur.... Murmurais-je.

-Jesuis la. Viens !

Ilse dirigeait a toute allure a travers les couloirs, tandis que je lesuivais tant bien que mal. Après avoir marché pendant quelquesminutes, nous arrivâmes à nouveau dans les toilettes, cet endroitmorbide ou un grand nombre de personnes se cachaient.

J'entraiset écarquillais les yeux. Il faisait sombre, les lampes avaient étésbrisées, le vent soufflais et il faisait froid. Les lavabos cassésjonchaient sur le sol et il y avait d'énormes flaques d'eau sale.Les araignées avaient, ici aussi, élu domicile. Il n'y avait quequelques personnes qui attendaient la, seules et tremblantes defroid. J'entendis soudain des pleurs. Je suivais la voix et découvritune petite fille, qui pleurait dans l'ombre, récroquevillée surelle-même.

-Qu'est-cequ'il y a ? Demandais-je en m'asseyant près d'elle.

-Ilssont venus !

-Quies venu ?

-Lesgardiens de la mort ! Ils ont tout cassé et ils ont emporté pleinsde gens.

-Net'inquiète pas ! C'est fini...

-J'aipeur ! Me dit-elle.

-Tupeux remonter en haut si tu veux, déclarais-je en tentant de laconsoler.

-Jesuis morte ! Hurla-t-elle de colère. Je suis morte !

Jefut effrayée par la violence de sa colère et me relevaitn avant departir rapidement. Son cri résonnait encore dans mes oreilles tandisque je m'éloignais.

-Pourquoim'as-tu emmené ici ? Demandais-je a Oscar.

-Jepensais pouvoir retrouver Elise. Mais elle n'est plus la. On a dûl'emporter.

Ily eu quelques instants de silence avant qu'il ne reprenne la parole.

-Ilest interdit de rester ici, car c'est un lieu qui ce situe entre leportail de la vie et celui de la mort. Ceux qui viennent de mourir etqui ne veulent pas l'admettre tentent se cachent ici pour ne pasrejoindre le monde des morts. Ils tentent désespérément des'accrocher a la vie.

Jerepensais aux paroles de la petite fille en frissonnant.

-Etdonc tu penses que ce sont les gardiens de la mort qui auraientemporté Elise ?

-Oui,me dit-il calmement. C'est pour cela qu'elle est en colère, elletrouve cela injuste que tu ai échappé a cette rafle. Tu es partiejuste avant, et elle est restée seule, avant d'être emportée deforce. C'est pour cela que je penses qu'il est important que tu luiparles, afin que tu l'aides a se rendre compte de sa place dans lemonde des morts, et de la tienne dans celui des vivants.

-Oui...je suppose, murmurais-je.

Oscarme prit la main et nous retournâmes jusque devant la grande portenoire.

-Es-tuprête ? Me demanda-il.

-Jecrois que maintenant, je le suis. 

Elise [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant