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Cepourrait-il que ce soit elle, la morte que j'avais vu un peu plustôt ?
Cette éventualité me fendit le coeur. Elle qui,d'après les élèves, avait l'air d'être une personne formidable,n'était maintenant plus qu'une petite blonde sale et couverte desang.
Je décidais de m'assoir afin de tenter de me remettre lesidées en place. Je soufflais, le regard dans le vide, perdue dansmes pensées. Je ne savais même pas si ce que j'avais vécu étaitvrai. Je n'en avais aucune preuve, et je n'étais même pas certained'être en mesure de trouver les bons mots.
Et qui pourrait biencroire un tel récit ?
Qui serait en mesure de croire al'existence de ce couloir sombre, de cette porte du monde des mortset de gardien morbide ? Et les personnes appeurées, cachées dansles toilettes ? Cela n'avait aucun sens, même pour moi.

-Bonla représentation est ce soir, nus devons absolument nous entraîner! Cria Barbara.

Jerejoignis les autres élèves sur la scène.

-Marlène,on va répéter ta scène d'accord ?

J'hochaisla tête. « Ce n'était pas si difficile après tout, merépétais-je, je devais simplement jouer le rôle d'une princesseavec... Oscar ! »
Mon cœur s'arrêta en repensant a lui.Où était-il donc ? Lui qui voulait absolument me montrer quelquechose !
Mais je n'avais pas eu le courage de le suivrejusqu'au bout. Il était pourtant revenu me chercher mais je n'avaisplus eu aucun signe de lui depuis.

Jele cherchais des yeux et l'aperçu enfin. Il était caché derrièred'autres élèves. Il me regardait fixement, sans ciller, l'airgrave. Je tentais de lui sourire, même si je tremblais de tous mesmembres. Ce pouvait-il qu'il soit réellement mort ?

Commentavait-il pu passer la porte s'il ne l'était pas ?

Lesquestions se bousculaient dans ma tête, et je n'avais aucune idéede ce que je devais faire. Je tentais de jouer mon rôle de monmieux, malgré la difficulté que j'éprouvais a rester concentrée,et j'exécutais les gestes qu'on m'avait demandé de faire. A forcede répéter la scène encore et encore, je parvenais a jouer monrôle tant bien que mal.

-Bon,a la fin de la pièce, il y a une scène de mariage. Elle est trèssimple car tu n'a qu'une seule chose a dire : oui ! Me dit Barbara.

J'hochaisla tête à nouveau.

-Ah,oui, Marlène ! On a oublié de te le dire, tu dois porter une capeen plus de cette robe blanche.

Elleme tendit une cape de couleur marron que je trouvais hideuse, mais jene dit rien. Malgré ma réticence a la porter, j'obéissais. Jel'attachais et fermais le bouton autour de mon cou. Elle me semblaanormalement lourde.

-Marlène!

Jeme retournais et cherchais des yeux qui venais de m'appeler. Tandisque la voix répétait mon prénom, je marchais au hasard a larecherche de l'origine de la voix. Je me retrouvais dans les logesvide de tout âme qui vive. Je tournais sur moi-même, confuse.J'aurais pu jurer que la voix provenait d'ici.

-Qu...Quim'appelle ? Demandais-je.

-Marleeeeeeeene!

Jesursautais et regardais dans tous les côtés, avant d'apercevoir unefeuille. Je la saisis et découvrais que c'était une lettre.L'écriture était tremblotante et d'un rouge qui me sembla être dusang.

ChèreMarlène

Jevois que tu t'adaptes fort bien a mon rôle ! Cela a l'air debeaucoup t'amuser de me remplacer, serait-ce pour cela que tu m'alaissé ?
Je croyais pourtant que tu resterais a mes cotés,
Oui,a mes cotés pour l'Éternité !
Mais qui voudrais rester avec unemorte, n'est-ce pas ? Tu l'as bien vu Marlène, je suis morte. Maissais-tu comment ?
J'aimerais te revoir pour t'en parler,pourrais-tu revenir ?
Si tu reviens, je ne t'en voudrais pasd'être partie, je te le promet.
Et je te laisserais me quitterune fois pour toute, sans t'importuner d'avantage.
De plus, jetiens a te demander un petit service.
A très bientôt,
Elise.

Jerestais un long moment figée eet immobile, me demandant si je devaisaccepter son invitation.

Elise [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant