III

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Jetentais de courir à la même allure que lui, mais il était bientrop rapide pour moi. Je continuais encore malgré tout,afin de nepas le perdre. Je tournais une fois à droite, puis une autre àgauche.
Je tentais de me repérer grâce au bruit de ses pas,mais c'était de plus en plus difficile car il s'éloignait bien troprapidement. Je dû m'arrêter afin de reprendre mon souffle, posantmes mains sur mes genoux en soufflant bruyamment. Je regrdais autourde moi et aperçu une vieille pancarte en bois ou il était écrit"Tout est gratuit".
Je fronçais les sourcils enm'interrogeant sur le but de cet écriteau lorsque soudain,j'entendis un bruit de grincement. Prise de panique et je m'enfuis atoute allure.
J'aperçus au loin sur ma gauche une grande portenoire a double battants, semblable a celle des bâteaux, avec deuxvitres rondes pour voir à l'intérieur. Je l'observais, intriguéemais mon attention fut happée par des bribes de voix qui parvenaientjusqu'à moi.
En effet, j'entendais un grand nombre de voixqui parlaient toutes en même temps, mais je ne parvint pas àcomprendre ce qu'elles disaient.
Je posais une main sur ma boucheet mon nez, m'apercevant de la puanteur des lieux. Je cherchais dansma tête un souvenir d'odeur semblable a celui-ci, mais n'en trouvaispas. C'était de loin la plus irréspirable des odeurs qu'il m'avaitété donné de sentir.
Je cherchais des yeux d'où pouvaitprovenir cette odeur de putréfaction insupportable.

Jemarchais a pas hésitants, tandis que mon cœur cognait dans mapoitrine. L'odeur et les voix se faisaient de plus en plus fortes,tandis que je tremblais de tous mes membres. J'entendis des pasderrière moi, et prise de panique, je m'engouffrais dans un autrecouloir sombre et me cachais. Je n'avais aucune envie de me retrouverseule face a Hugo.

Je tressaillis en aperçevant un groupe depersonnes toutes vêtues de noir, qui passèrent devant moi sans meremarquer, avant de passer la grande porte noire. Ce groupe me fitvaguement penser a un cortège funèbre mais je ne m'attardais passur la question.
J'avançais légèrement et vit un homme ouvrirla porte noire. Je frissonnais à la vue de son apparenceépouvantable. un œil était sortit et pendait sur son visage,seulement attaché par le nerf optique. Il avait d'immenses cernesqui creusaient abominablement son visage, il était sale et presqueentièrement couvert de sang. Je vit derrière lui une autre pancarteen bois ou il était écrit "Bienvenue chez les morts".

L'hommeémit un grognement bestial et referma la porte, me laissant seule etconfuse après tout ce que je venais de voir. Je m'adossais au mur ettâchais de me remémorer dans l'ordre chronologique, tout ce que jevenais de voir.

Jepaniquais au fur et a mesure que j'y repensais, et mon cœur battaita tout rompre. Même si Oscar y était entré, je ne pourrais jamaisle suivre a l'intérieur, la porte et l'homme me terrifiais trop pourcela. J'entendis d'autres bruits de pas, et a cet instant, j'auraisdonné n'importe quoi pour être invisible.

Hantéepar la peur de revoir l'homme couvert de sang, je décidais dem'enfoncer dans le couloir sombre qui se situait a ma gauche. Jecourais du mieux que je pouvais malgré le fait que je soisessoufflée, poussée par la crainte qu'on ne me voit et qu'on meforce a passer cette porte noire.

« Ilfaut que je me cache... Il faut que je me cache... » Il n'yavais plus que cette phrase qui tournait en boucle dans ma tête, telun refrain infernal.

Jeregardais autour de moi, cherchant une issue possible a ces immensescouloirs aussi sombres qu'interminables. Mes pas, qui résonnaientdans la silence pesant, me guidèrent jusqu'à une petite porteblanche relativement simple.
Je l'observais quelques instantsavant de saisir la poignée et d'entrer. J'arrivais dans une grandesalle blanche, elle aussi, ce qui m'étonna de la différence entrela sale clarté de cette salle et l'obscurité des couloirs que jevenais de quitter. Je m'aperçu que je n'étais plus toute seule.J'étais entourée d'hommes et de femmes de tous âges. Je regardaisavec attention les alentours et me rendit compte que ce lieu étaitdes toilettes.
Sur le côté, je pouvais voir un grand nombre decabines. Je m'en approchais a pas lents et remarquais que les genss'y engouffraient a toute vitesse, comme s'ils craignaient quelquechose.
La plupart des cabines étaient déjà occupées, etcelles qui ne l'étaient pas ne tardaient pas a le devenirrapidement.

Jeme demandais ce qui pouvait bien leur faire si peur, et au fur et amesure que les toilettes trouvaient des occupants, je decidais de mecacher a mon tour afin d'échapper a un éventuel danger.
« S'ilsse cachent, c'est qu'il y a bien une raison, non ? »Remarquais-je.
Je ne parvint pas a trouver une cabine de libre,ce qui me fit monter en moi une angoisse profonde. J'eu le sentiemetd'être prise au piège, ce qui me fit redoubler d'ardeur dans mesrecherches.
Soudain, j'aperçu une cabine dont la porte était apeine entre-ouverte, si bien qu'on pourrait croire qu'elle étaitoccupée. Je m'approchais doucement, essouflée.

Soudain,une fille arriva à mes côtés. Elle était blonde, et avait desyeux d'un bleu presque transparent. Je ne pouvais me résoudre lalaisser seule dehors, aussi je lui demandais si elle voulait y entreravec moi . Elle hocha la tête.

Nousentrâmes toutes les deux et je refermais la porte. Elle s'assit etje fit de même.
Une fois installée, je l'observais et m'aperçuqu'elle était d'une très grande beauté. Elle portait une robe bleude la même couleur que ses yeux et des petites chaussuresblanches.
Je me demandais bien ce qu'une fille aussi jolie etélégante faisait dans cet endroit sordide.

J'entendisune femme crier "cachez vous tous, il y en a un qui arrive!".
Je regardais par une petite fente entre la porte et lemur et vit cette femme aider des gens a se cacher précipitamment.

"Elise"me dit la jeune fille blonde qui était cachée avec moi.

-Chut! Lui répondis-je en posant mon doigt sur ma bouche.

Toutle monde se taisait alors que nous entendions des bruits de pas serapprocher dangereusement de nous.
La porte s'ouvrit et je vitOscar, qui m'appelait. Il était sale et couvert de sang, et sa peauétait bleue.

-Marlène! On doit s'entrainer ! Cria-t-il.

-Iln'y a pas de Marlène ici, dit la femme. Et Oscar tourna les talons.

-Elise, répéta la fille derrière moi. 

Elise [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant