Chapitre 5

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Crowley jeta un coup d'œil à sa montre high-tech, dont seuls les secondes avait changé, depuis la dernière fois qu'il avait vérifié, et laissa échapper un petit bruit nerveux. 19 heure. Dans une demi-heure, déjà ?! Il reporta son regard sur le miroir, posé contre le mur, où se reflétait son corps nu. Un claquement de doigt plus tard, il était vêtu d'un costume trois pièces parfaitement coupé, les cheveux savamment ramenés en catogan derrière sa nuque.

-Non, non, non, grommela-t-il à voix haute. Trop, beaucoup trop !

Nouveau miracle. Un tee-shirt noir couvrait sa poitrine, avec, écrit en énormes lettre roses « VFP : Very Fuckable Person ».

-Oh my... Nope, trancha-t-il en reclaquant des doigts.

Une veste de velours brodé, des boutons d'or, un pantalon bouffant...

-Et pourquoi pas une fraise, pendant qu'on y est ? Râla le démon, exaspéré, en miraculant ses vêtements au néant.

Il levait la main pour claquer de nouveau des doigts lorsque son regard tomba sur le miroir, sur sa peau nue, sa silhouette humaine, vulnérable. Il ne s'était quasiment jamais regardé dans une glace sans vêtement. Comme c'était étrange, de s'imaginer que les humains le voyaient ainsi, qu'Aziraphale...

Est-ce que Zira trouverait son corps attrayant ? Voilà une question qu'il ne s'était jamais réellement posé, auparavant. Les canons de beauté humains ne signifient rien, pour les anges et les démons : s'il trouvait son meilleur ami beau à en mourir, c'est d'abord parce que c'était lui, avant tout autre chose. Mais maintenant, tout était différent : Zira allait le regarder avec les yeux d'un mortel. Qu'allait-il voir ? Il savait qu'il était plutôt attirant pour la plupart des humains – c'était son job, après tout – mais Zira ? N'était-il pas trop maigre ? Trop anguleux ? Trop pâle ?

Il claqua des doigts et ses habits réapparurent, dans la même gamme que ceux qu'il portait tous les jours. Ça ne servait à rien de se poser ce genre de question. D'abord, parce qu'il ne comptait pas changer de corps. Ensuite, parce qu'il était hors de question de flirter avec Zira Fell. L'humain ne savait pas qui il était. Il ne savait rien de l'éternelle guerre d'En-Haut et d'En-Bas, il ne savait pas l'interdit qu'il bravait en le côtoyant, il ne savait même pas qu'il était immortel !

Il chassa cette dernière pensée. Il refusait d'envisager la possibilité que Zira vieillisse. Il n'avait accepté ce diner que pour être certain que son ange avait réellement perdu la mémoire. C'est tout.

Son regard se posa sur sa montre. 19H15. Il avait encore un peu de temps.

Qu'allait-il faire de ses cheveux ?

~

Zira marchait de long en large dans sa boutique, ses doigts tripotant nerveusement le nœud papillon qu'il ne cessait de réarranger. Crowley allait arriver d'une minute à l'autre. Est-ce qu'il devait l'attendre dehors ? Cela ne ferait-il pas trop pressé ? Mais s'il restait dedans, ne donnerait-il pas l'impression qu'il n'accordait pas d'importance à la soirée ? Mais voulait-il donner cette impression ? Et d'ailleurs, quelle importance accordait-il à cette soirée ?

Avait-il bien fait de s'habiller comme d'habitude ? Il ne voulait pas faire peur au fleuriste, surtout, en allant trop vite. Il comptait lui faire la cour dans les règles de l'art, le faire sourire, rire, manger, sortir, lui offrir des présents, apprendre à se connaître, et lentement, lentement...

Zira s'arrêta de marcher, les joues rouges. Il n'avait jamais fait ça. Et s'il s'y prenait mal ? Il avait cru comprendre que les gens d'aujourd'hui avaient laissé tomber certains des éléments qu'il avait lu dans ses vieux romans, et Crowley était si moderne, si flamboyant, il devait tout savoir à propos des coutumes de flirt actuelles ! D'ailleurs, il devait en être souvent l'objet...

Le parfum des myosotis (Good Omens)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant