Chapitre 4 - Pourquoi les garçons ne ressemblent-ils pas à ceux des fictions ?

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Mine – Phoebe Ryan


Tout n'était plus qu'une simple question de temps. Je savais pertinemment que l'heure des retrouvailles avec Thomas allait bientôt sonner. Nous finirions bien par nous croiser un jour ou l'autre. Premièrement, car nous étions voisins et deuxièmement, car nous fréquentions le même lycée. Si malgré tous ces avantages nous n'arrivions pas à nous voir, ce serait uniquement parce que le premier serait devenu aveugle et le second, atteint du syndrome d'Alzheimer. Mais je ne m'attendais pas à le revoir de cette manière. Franchement, qu'est-ce que j'espérais ? Des retrouvailles dignes d'une comédie romantique ? Imaginez un peu les différents scénarios disponibles...

Scénario numéro un : un beau matin, nos regards se croisent au détour d'un couloir. Autour de nous, le temps semble s'être arrêté : c'est le coup de foudre immédiat.

Scénario numéro deux : par inadvertance, nous nous percutons au beau milieu du couloir du lycée (oui, cela doit obligatoirement se dérouler dans un couloir). Tel un gentleman, Thomas m'aide à ramasser mes livres. Nous sommes gênés lorsque nos mains se frôlent. Nous rougissons tout en baissant les yeux. Nous bégayons, si troublés de nous revoir après tant d'années. Et nous (re) tombons amoureux.

Scénario numéro trois : je trébuche dans les escaliers et, tel un chevalier servant, Thomas me rattrape, m'évitant de peu la chute. Je passe délicatement mes bras autour de son cou et le remercie par un tendre baiser.

Vous trouvez ça romantique ? Oh... Réveillez-vous un peu !

J'ai un scoop à vous révéler : la réalité est loin, très loin de ressembler à un conte de fées. Disney s'est bien foutu de moi. D'ailleurs, je place Mickey et sa bande en numéro deux sur ma liste des personnes les plus recherchées. Juste après Cupidon. Quand vous grandissez, la réalité vous percute de plein fouet, comme un boomerang où le message suivant serait inscrit : tu m'as cru? Je t'ai bien eu! Prends ça en pleine poire! Je vais vous le dire, moi : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants », ça n'existe pas.

— Écoute ça : « Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas le visage, mais les expressions que tu y mets ; ce n'est pas la voix, c'est ce que tu dis. Ce n'est pas la plastique de ce corps, c'est ce que tu fais avec. C'est toi qui es belle », lis-je.

Mon livre favori, Les Âmes vagabondes de Stephenie Meyer, loge entre mes mains. Je le feuillette avidement, sans me lasser de le dévorer pour la énième fois ni de relire à voix haute mes passages préférés dans les transports en commun.

— Et donc ? s'impatiente Fanny en donnant un coup de coude à une passagère la poussant avec son sac à main.

La trentenaire lui jette un regard scandalisé, mais Fanny fronce les sourcils, prête à mordre et à aboyer si nécessaire. Si vous voulez un conseil d'ami : mieux vaut ne pas chercher Fanny Cassien. Songeuse, je l'étudie du regard. Si je n'en avais pas l'habitude, je rirais devant son accoutrement. Elle porte une jupe noire et un chemisier de première de la classe qu'elle va rapidement remplacer par le jean et le T-shirt roulés en boule au fond de son sac à dos. Tous les jours, c'est le même refrain. Détestant les vêtements imposés par sa mère, Fanny emporte toujours une tenue de rechange plus à son goût dans son sac pour se changer dans les toilettes du lycée.

— Et donc ? répété-je, outrée. C'est tout ce que ça te fait ?

— C'est censé me faire quoi d'autre ? Si tu veux mon avis, il essaie juste de la pécho.

Ce stupide Cupidon (sous contrat d'édition avec Hachette)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant