Chapitre 5 - Pao est là aussi ?

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Starving – Hailee Steinfeld feat. Grey & Zedd


Ah, j'ai saisi ! s'exclame ma meilleure amie en comprenant enfin ma réaction.

Assise sur le muret qui longe l'entrée du lycée, Alicia rit aux éclats avec deux garçons se trouvant dos à nous. À cette distance, cela est impossible de deviner leur identité, pourtant je reconnaîtrais l'une de ces nuques entre mille. Thomas. Après des années passées à l'aimer éperdument, je suis devenue la spécialiste du moindre millimètre de son corps. Montrez-moi des centaines de nuques, je retrouverai immédiatement la sienne. Par sa forme, son grain de peau et la pointe si singulière de ses cheveux. En revanche, je ne reconnais pas le garçon qui est à ses côtés, mais je m'en fiche. Seul Thomas compte. J'aimerais pouvoir me contrôler, mais une pointe de jalousie commence à m'envahir. Alicia vient à peine de rencontrer Thomas et elle joue déjà son célèbre numéro de drague. Je ne sais pas si ce spectacle est destiné à Thomas ou à l'autre garçon, mais elle a sorti l'artillerie lourde et ça m'agace. Elle commence déjà à tortiller ses cheveux et à rire très fort. Je suis mal. Je suis très mal. C'est l'instant que choisit l'objet de mon affection pour se retourner dans ma direction. Prise de panique, je m'accroupis derrière une poubelle pour me cacher. Je ne sais pas pourquoi je réagis de manière aussi stupide, mais cela a toujours été ainsi lorsque je me retrouve dans une situation angoissante et embarrassante. En réalité, je me sens moche et insignifiante à côté d'Alicia et je n'ai pas envie que Thomas pense la même chose. Mentalement, je ne suis pas prête à l'affronter.

— Tu veux qu'on aille le saluer ? me propose Fanny.

Quelle idée fantastique, Fanny! C'est d'ailleurs pour cette raison logique que je me suis ruée derrière une poubelle! Toujours debout, mon amie me fait la conversation avec naturel, si bien que tout le monde doit la remarquer en train de s'adresser à une poubelle. La discrétion, ce n'est pas encore ça...

— C'est moi qui me fais des idées ou elle est en train de le draguer ? fulminé-je.

— C'est difficile à déterminer, car il y a deux garçons, me répond mon amie tout en plissant les yeux pour mieux distinguer la scène de crime. D'ailleurs, qui est l'autre mec ? Je ne le reconnais pas, c'est bizarre... Si je me rapprochais, peut-être que...

— On s'en fiche de l'autre ! la coupé-je. Concentre-toi et fais-moi un rapport détaillé, s'il te plaît. C'est au-dessus de mes forces d'assister à ce spectacle. Enfin... À ce massacre. Dis-moi juste que ce n'est pas Thomas qu'elle drague, la supplié-je.

Suspicieuse, Fanny me toise de son impressionnant mètre cinquante.

— Une petite minute... Je croyais que Thomas n'était plus que de l'histoire ancienne ? m'interroge-t-elle tout en haussant les sourcils.

— T'es inspecteur de police ou quoi ?

— La dernière fois, et je m'en souviens parfaitement, tu as prétendu que tu ne ressentais plus rien pour lui. Donc où est le problème ? Alicia peut le draguer, si ça lui chante !

— J'ai menti ! m'écrié-je. C'est... C'est à cause de sa nuque.

Ma voix se brise, mais attire l'attention de mon amie.

— Sa nuque ? Mais qu'est-ce qu'elle a sa nuque ?

— Je l'ai reconnue, c'est bien ça le problème ! Si je n'avais pas remarqué sa nuque parmi la centaine de nuques présentes, cela aurait signifié que mon amour pour Thomas appartenait définitivement au passé. Or, je l'ai immédiatement identifiée et elle m'a fait vibrer.

Ce stupide Cupidon (sous contrat d'édition avec Hachette)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant