♫ Dark Side – Phoebe Ryan ♫
— Si je résume : vous vous êtes disputées pour... une robe ? me questionne Romy, désarçonné.
— Je sais : dit comme ça, ça paraît aberrant, constaté-je en grimaçant.
— C'est d'un ridicule, mes aïeux ! s'esclaffe Fanny.
Fanny a toujours eu la fâcheuse tendance à employer les expressions datant d'un autre siècle de sa mère.
— En tout cas, ta robe est très jolie. Elle met tes sœurs jumelles en valeur.
— Mes sœurs jumelles ? interrogé-je, déroutée.
— Tes seins, quoi ! Je ne voulais pas paraître trop crue, s'excuse-t-elle.
Romy éclate de rire devant mon expression scandalisée.
— Fanny ! rouspété-je en portant mes mains à ma poitrine afin de la dissimuler. Et de toute façon, tu es tout sauf subtile.
La fête de Fabien bat son plein depuis plus d'une heure. Arrivés dans les premiers, nous ne restons pourtant qu'entre nous. Comme d'habitude. Les inséparables, ensemble. Les autres, plus loin. Nous bavardons près du bar, adossés à un vaisselier regorgeant d'une multitude d'objets : des vases en faïence ébréchés, des bougies fondues, des cadres de photographies familiales, des livres aux reliures en cuir, une collection de fèves et un sablier en métal sans sable. Je balaie la salle du regard, reconnaissant certains visages. La majorité d'entre eux, même. J'en croise certains dans les couloirs du lycée ou dans le bus. Je repère même un garçon qui est dans mon cours d'anglais. Clément Vindry, je crois. Il m'ignore royalement. Pas le moindre signe de tête ou de la main. Mais comment lui en vouloir ? Je ne lui ai jamais adressé la parole. Tout ce que je sais le concernant, c'est qu'en classe, à 16 heures tapantes, il sort de son sac à dos un papier d'alu contenant de la pâte d'amande. À chaque fois que je le vois exécuter la manœuvre, j'ai envie d'éclater de rire. De la pâte d'amande au goûter... c'est peu commun, non ?
— De toute façon, c'est de la faute d'Alicia. Pas de la mienne, décrété-je tout en me resservant une louche de punch.
Un rot s'échappe de ma bouche. Je pose la main sur mes lèvres, confuse, et bredouille de piètres excuses. Plié en deux, Romy se moque et je me joins immédiatement à son hilarité. J'ai trop bu. Nous sommes d'ailleurs tous les deux autant éméchés l'un que l'autre. D'habitude, je m'arrête toujours après deux verres, car l'alcool a souvent raison de moi et deux verres me suffisent à être pompette. Mais ce soir, j'ai besoin de boire pour oublier ma colère envers Alicia.
— À la tienne, mon ami ! braillé-je tout en cognant mon gobelet contre celui de Romy, comme s'il s'agissait de chopes de bière.
Mais nous ne sommes pas dans un pub irlandais et la moitié du liquide contenu dans mon verre se répand sur le sol. Je ris bêtement tout en titubant et Romy m'imite. Fanny secoue la tête, exaspérée d'avoir deux idiots pour meilleurs amis. En tant que sportive, elle ne boit que très peu et devient mon ange gardien des soirées arrosées. Souvent, elle me raccompagne chez moi et tente de me mettre au lit malgré mes supplications. C'est même elle qui tient mes cheveux au-dessus de la cuvette lorsque j'ai besoin de vomir. Donc, il vaut mieux qu'elle soit sobre si elle doit s'occuper de moi. D'ailleurs, si sa mère psychorigide la surprenait à rentrer éméchée, elle n'aurait plus le droit de sortir. En fin de compte, nous nous rendons mutuellement service.
— Ella, soupire-t-elle. Demain matin, tu vas regretter d'avoir la gueule de bois.
— Rectification : demain matin, je regretterai de ne pas être encore hier soir, répliqué-je tout en pouffant.
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Ce stupide Cupidon (sous contrat d'édition avec Hachette)
Teen FictionIl y a trois ans, Ella n'a pas été surprise d'être totalement invisible aux yeux de son meilleur ami Thomas lorsqu'elle a maladroitement tenté de lui déclarer sa flamme. Son indifférence - qui a d'ailleurs vite tourné à l'oubli après le départ de ce...