9 : Aube, Lac

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Thèmes par salomebtn
Ici Will a 24 ans

TW : mort ( mais c'est la mort d'un connard donc 🤷‍♀️ ), homophobie (sous-entendue)

Le jeune homme était accoudé à un balcon en pierre ornementé d'un bas-relief, alors qu'une douce lumière dorée pénétrait dans la pièce en passant au travers des rideaux translucides, et qu'il observait un lac qui s'étendait devant ses yeux. Il se sentait si bien. Tellement calme, surtout. Il entendait seulement la caresse du vent dans ses oreilles, rafraîchissant un peu un matin printanier. C'était presque... Trop. Trop parfait. Comment était-il arrivé ici ? Il n'en avait aucun souvenir, et quand il se retourna pour voir qui avait entouré sa taille de ses bras, la chambre sembla fondre comme de la cire noire et un bruit strident envahit ses oreilles.

Évidemment. Évidemment que c'était un rêve. Parce qu'actuellement il était cinq heures du matin, que son réveil venait se sonner et que la lumière du jour était loin d'éclairer son visage. L'aube n'était même pas encore arrivée. Il chercha son téléphone dans le noir complet en grognant, appréciant peu de se lever aussi tôt. Mais il avait un avion à prendre. Le travail l'avait, encore, traîné dans un coin bien loin de là où il habitait pour un temps ridiculement court. Il avait presque passé plus de temps dans l'avion qu'à se faire prendre en photo. Il était exténué mais n'avait pas vraiment le choix ; il aimait malgré tout ce qu'il faisait pour gagner sa vie, avait eu une chance rare et ne devait absolument pas la gâcher.

Le blond se lèva donc avec un nouveau râle, se frottant les yeux et se préparant pour la journée ; il était étonnamment efficace. Sans vraiment y réfléchir, en quelques dizaines de minutes, il était lavé, habillé et à peu près coiffé. Pourquoi avait-il rêvé de... ça ? Si seulement il avait vu qui l'enserrait... Ou encore mieux, si seulement il était avec lui et l'enserrait dans la vraie vie. Mais il était en cours, et Will était à mille kilomètres. Il était en train de lacer ses chaussures en baillant quand un scintillement sur le côté attira son attention. Prenant son téléphone en main, il vit que le SMS qui avait juste reçu venait de ses grands-parents. Pourquoi est-ce qu'il ne les avait pas encore bloqués, au juste ? fut son exacte pensée tandis qu'il lisait tout de même le message écrit en anglais.

"Bonjour William. Tu n'as pas répondu à notre dernier message-"

A quoi ils s'attendaient ? Cela faisait des années qu'il ne leur répondait plus. En remontant la conversation, on pouvait voir les nombreuses fois où il avait ignoré leurs tentatives pour lui parler.

"- et nous avons besoin de ta confirmation, pour savoir quand tu comptes arriver pour l'enterrement de ton père-"

Oh, oui. Son père était mort. Un cancer des poumons assez foudroyant. Will n'avait pas versé une seule larme. Et il ne comptait pas le faire. A l'inverse, cela l'avait presque fait sourire. Le vieux avait eu ce qu'il méritait. Et pourquoi devrait-il donc venir aux funérailles de la personne qu'il avait probablement le plus détesté ? Pour ne pas blesser deux vieillards qui l'avaient renié dès que son père l'ait outé devant toute la famille ? Non, il ne viendrait certainement pas.

"- nous espérons te revoir en homme changé. Si ce n'est pas le cas, peut-être que la cérémonie te permettra de réfléchir sur la façon dont tu vis et de changer d'avis. Réponds-nous vite."

Réponds-nous vite ? C'est ça qu'ils voulaient ? Très bien. C'est ce qu'ils allaient avoir. Sans plus réfléchir, il écrit un message court et l'envoya sans arrière-pensée.

"Allez vous faire foutre."

Peut-être qu'avec ça ils le laisseraient tranquille. Leur message semblait rempli de bonnes intentions mais le jeune homme savait très bien à quoi il faisait référence. Mais ça ne lui faisait même plus mal. Il y a huit ans, peut-être, il aurait éclaté en sanglots. Mais maintenant, il n'avait plus de temps ni de larmes à perdre avec des abrutis. Il sortit de sa chambre comme si de rien n'était et se dirigea d'un pas vif vers la sortie de l'hôtel, vers l'avion et vers la seule personne avec qui il avait envie de parler, n'en déplaise à toute sa famille.

Writober 2019Où les histoires vivent. Découvrez maintenant