Chapitre III : "Elle devint la Nature, l'Adhradh Ársa à part entière."

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- Morwën, tu aurais vu mon épée par hasard ?

La jeune femme regarda quelques seconde autour d'elle et attrapa le paumeau dépassant de sous le lit et la tendit à Perceval.

- Tu es vraiment tête en l'air, cela te perdra un jour.

Le chevalier lui fit son plus beau sourire avant de sortir pour son tour de garde. La jeune femme feuilleta un livre en se laissant tomber sur une chaise non loin d'elle. Elle soupira. Cela faisait une quinzaine d'année depuis la bataille de Camlann. A la suite de cela, la Reine Guenièvre prit le pouvoir à la suite de son époux d'après les dernières volontés de celui-ci. C'était une grande première dans l'histoire. Elle réhabilita sans plus attendre Morwën qui eut le droit à un petit logement dans le château. Quelques années plus tard, elle se maria avec Perceval. Tous les deux le savaient, ils ne s'aimeraient jamais autant qu'elle et Galahad. Mais le devoir appelant le chevalier qui se devait d'avoir une femme à présenter lors des événements, il lui demanda finalement sa main comme deux meilleurs amis qui se juraient de se marier plus tard. Ils étaient heureux bien entendu et, ils s'aimaient. On apprend à le faire à force de rester avec la même personne.

Sa mère Morgane, resta à jamais la méchante mégère dans les livres d'histoire. Elle n'avait pas le droit à cette rédemption. Guenièvre l'avait pourtant bien tenté mais, en tant que femme, elle n'avait malgré tout toujours pas le pouvoir de décider de tout et un conseil était organisé. Le seul avantage de la reine était que son vote devant ce-dit conseil compte pour trois. Or, Morgane étant une criminelle de guerre, elle n'avait pas sa place sur le bureau des graciés.

Morwën apprit cinq ans après la guerre que son frère avait périt, mort par sa folie. Il aurait vu son reflet et, ressemblant énormément à ses parents, il s'était tout simplement tué lui-même. Elle le savait maintenant en paix de l'autre côté, dans le Sidh.

Elle allait souvent sur Avalon, se recueillir sur la tombe d'Arthur et sa mère. Elle aimait leurs raconter ce qu'elle faisait ; par exemple, lorsqu'elle avait recueilli deux petites filles abandonnées devant l'église d'un village. Elle s'en était occupée pendant deux ans puis, la reine décida de les faire pupilles du royaume et furent confiées à une nourrice de la Cour. Mais, elle se souviendra toujours du moment où elle leurs annonça la réunification des royaumes afin de former Síocháin et la légalisation de la magie.

- Bonjour papa et maman. Vous m'entendez ?

Aussitôt, l'ancien roi et la magicienne apparurent aux côtés de Morwën. Cette dernière s'était habituée à leurs formes de fantômes pourtant très macabre, cela ne la rendait plus aussi triste qu'avant, lorsqu'elle constatait l'état de Galahad.

- Bonjour ma chérie, murmura Morgane en souriant.

- Tu as l'air bien surexcitée aujourd'hui, qu'as-tu donc à nous raconter qui te mette de si bonne humeur ? lança le roi.

- La prophétie s'est réalisée ! Síocháin existe et, toutes créatures magiques du royaume sont considérés comme des citoyens à part entière. La magie est légale vous vous rendez compte ?

Morgane posa une main sur sa bouche, émue. C'était un rêve. Merlin et elle avait imaginé cent fois un monde comme celui-ci. Mais ils n'avaient toujours pris cela que comme une utopie. Arthur sourit. Plus aucun sorcier, druide ou autre ne vivra ce que leurs ancêtres ont vécu. Une petite fille de cinq ans ne sera plus haït par un royaume entier. C'était la fin d'une histoire sanglante.

***

 - Bonjour père.

- Morwën, te voilà, toujours à l'heure.

La jeune femme entra dans la chambre du magicien. A la suite de l'horreur de Camlann et, pour le punir de ses fautes, Vivianne créa une tour de cristale invisible aux yeux des humains où elle l'y enferma, le condamnant à demeurer ici jusqu'au retour d'Arthur dont elle avait lié la vie à celle du magicien. Sa fille venait souvent lui rendre visite. En effet, maintenant qu'ils étaient tous les deux en quelque sorte immortels, ils avaient enfin le temps d'apprendre à se connaître, à comprendre pourquoi avait-on caché Morwën à Merlin.

Ils discutaient pendant des heures de magie, d'histoire, de livre, d'alchimie et même parfois de nécromancie. Merlin lui parlait aussi de sa mère, lui décrivait la femme qu'elle avait été avant d'être détruite par deux hommes dont lui. C'est ainsi qu'elle apprit l'histoire du Val-Sans-Retour. Elle partit pendant des semaines à la recherche de Lancelot afin de défaire le sort. Et elle y arriva.

Morwën, elle, lui parlait de sa vie, de ce qu'elle avait vécu, notamment de Galahad. On ne pouvait mentir sur ce que ressentait un coeur.

***

Finalement, les années passèrent. La reine Guenièvre mourut de la peste qui frappa le royaume. On apprit plus tard que c'était l'oeuvre d'un groupe de sorciers contre le pouvoir. Ils partageait les idées de Morgause d'héradiquer la famille Pendragon.

Perceval mourut de vieillesse, en souriant, à son image. Viviane, avant de mourir et par amour, rendit sa mortalité à Merlin, lui pardonnant toutes ses fautes. Celui-ci mourut dans les bras de sa fille qu'il jura d'aimer jusque dans la mort.

Morwën se retrouva seule et prit la décision de parcourir le monde, de suivre l'Histoire. Elle vit la Révolution Française, les colonisations et la disparition des Incas, les multiples guerres de Napoléon. Elle assista aux deux guerres mondiales, aux génocides, à la dangerosité d'une guerre nucléaire après Hiroshima et Nagasaki. Elle vit les premiers pas sur la lune et en versa une larme en repensant aux paroles de Perceval alors qu'il essayait de la convaincre que son immortalité n'était pas une malédiction à part entière. L'Homme l'avait fait, il était allé voir ce qu'il se passait au-delà des nuages.

Elle s'assombrit lorsque l'être humain commença à détruire la nature, la Terre. Elle devint la Nature, l'Adhradh Ársa à part entière. Elle jura aux hommes une punition à la hauteur de leur stupidité. Elle vit certains se battre en son sens mais cela ne changeait rien. Les personnes aux pouvoirs, aveuglés par l'argent, ne parlait de l'environnement que pour se faire élire. Les humains se détruisaient par égoïsme, narcissisme, avarice, envie et orgueil.

Chaque guerre, chaque catastrophe industrielle engendra ses concéquences : tsunamis, cyclones, incendies, fontes des glaces. Bientôt, dans les journaux, on lui donna plusieurs noms sans vraiment le savoir.

Dérèglement climatique, Réchauffement climatique, Réchauffement planétaire.

CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant