Chapitre IX : "Elle était si jeune et pourtant déjà bien grande dans sa tête."

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- Le Roi Uther Pendragon est mort, longue vie au Roi Arthur !

L'assemblée répéta la phrase prononcée par l'évêque. Arthur, debout en face de la foule, arborant une couronne d'or, retenait les larmes qu'ils ravalaient depuis plusieurs jours. Il fallait rester fort devant le peuple. C'était pourtant si compliqué. Tant de responsabilités à prendre en peu de temps. Des interrogations qu'il n'aurait jamais cru se poser se présentaient à lui. Il remettait en question chaque chose qu'il s'était promis de mettre en place étant Roi. Il avait l'impression d'être une personne totalement différente.

Lorsque la cérémonie se termina enfin, Arthur partit se réfugier dans sa chambre. Il ne voulait voir personne. Toutefois, Guenièvre frappa à la porte et entra.

- Arthur ? Vous allez bien ?

- Partez Guenièvre, je ne veux voir personne.

Elle le regarda peinée. Elle souhaitait seulement être là pour lui. Elle ne l'écouta pas et s'assit à ses côtés sur le lit. Elle posa ses mains sur ses épaules et les massa doucement.

- Parlez-moi Arthur, vous l'avez toujours fait.

- Vous parlez ? Mais enfin Guenièvre réfléchissez. Je viens de perdre mon père donc non ça ne va pas bien. En plus de cela, c'est Morgane, celle que je considérais comme une sœur, qui l'a tué tout ça parce que j'ai été trop négligeant. Et, en plus de cela, Mordred et Morwën ne sont plus là. Toutes les personnes auxquelles je tenais sont parties.

La rouquine le regardait avec tristesse. Elle ne supportait pas de le voir, portant toute cette douleur tout seul.

- Arthur, je suis encore là, et Merlin aussi. Et ne prenez pas la responsabilité de la mort de votre père. Morgane l'a tué, pas vous.

- J'aurais dû écouter Merlin lorsqu'il me disait que les druides parlaient d'elle comme d'une dangereuse sorcière semant la souffrance autour d'elle. J'aurais dû m'en occuper au moment où la Dame du Lac m'a trouvé il y a de cela quelques temps pour m'avertir que Morgane avait dépassé la limite à ne pas franchir et qu'à présent elle était dans le mauvais camp. Mais non, je suis resté aveuglé parce que nous avions les enfants et qu'elle a toujours été si douce et si gentille lorsqu'elle était avec eux. 

Arthur tomba sur le lit. Depuis la mort d'Uther, il ne pensait qu'à elle. Il était incapable de marcher dans le château sans la voir à tel ou tel endroit. La citadelle renfermait trop de souvenirs et ça lui faisait mal. C'était la pire trahison qu'on ait pu lui faire. Il souffrait à en mourir. Il n'avait plus goût à rien. Il se demandait si il pouvait réellement être un bon Roi. Il se sentait même incapable de tenir cette promesse de légaliser la magie. C'était cette négligence quand à ce pouvoir immense qui lui avait coûté son père. Il voulait la tuer. Il voulait qu'elle paie et en même temps il ne faisait que de repenser aux dernières paroles qu'elle lui avait adressé. Sur quoi se trompait-il ? Et pourquoi était-ce déjà trop tard ? Il voulait des réponses. En fait, il voulait tout venant d'elle, il devait savoir s'il pouvait continuer de la haïr ou non.

Mais il y avait un autre problème à gérer. Merlin avait vu Morwën et il se posait des questions. Viviane avait cependant été très clair. Elle connaissait le magicien mieux que quiconque. Il n'accepterait jamais qu'une autre créature magique surpasse ses pouvoirs. C'était le problème lorsqu'on répétait à un homme depuis longtemps qu'il serait le plus grand sorcier que le monde ait connu. Il était incapable de penser que l'avenir pouvait se modifier à chaque seconde qui passait.

Guenièvre, quand à elle, demeurait silencieuse. C'était la première fois qu'Arthur lui parlait de ses enfants. Elle n'osait lui poser la question, qu'il lui raconte toute l'histoire. Après de longues minutes silencieuses elle se lança. Son compagnon lui sourit, se rappelant de ces souvenirs lui paraissant si lointain et commença son récit.

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