Crépuscule

Chapitre VI : "Morgane sera morte au printemps prochain."

- Bonjour, auriez-vous vu Messire Galahad ?

- Au fond, il s'est endormis je crois.

Le chevalier soupira et se dirigea vers les places les plus reculées de la taverne. En effet, son ami était avachi sur la table, un verre vide dans la main. Le jeune homme le secoua avec vigueur.

- Debout l'ivrogne, il fera bientôt nuit, il faut retourner au château.

Son ami lui répondit par un grognement, ouvrant ses yeux vitreux.

- Vois dans quel état tu te mets. Cela fait une semaine, il faut se reprendre en main. Tu as une quête à finaliser.

- Quel est l'intérêt de tout ça hein ? lui demande-t-il en bafouillant.

Perceval soupira et le soutint jusqu'à sa chambre où le chevalier s'effondra sur son lit.

- Il faut aller dîner.

- Mmh chh... marmonna-t-il avant de s'endormir comme une masse, le vin pesant sur son crâne.

Son ami referma la porte et descendit dans la salle servant de salle à manger. Il s'assit aux côtés de la reine, consterné.

- Veuillez excuser mon compagnon majesté.

- Ce n'est rien, il noie son chagrin comme il le peut. Le deuil d'un amour si pur doit être la chose la plus terrible à surmonter après la perte d'un enfant. J'aurais voulu les voir tous les deux.

- Morwën était une force de la nature. J'aurais pu moi aussi tomber amoureux d'elle. Elle était l'amie que nous rêvions tous d'avoir. Elle avait un grand cœur et une bravoure à toutes épreuves. C'est embarrassant de la part d'un chevalier d'avouer cela mais c'est elle qui nous sauvait la vie la plupart du temps. Elle était cultivée et connaissait parfaitement son monde. Nous avons croisé la route de nombre de monstres et elle savait toujours à quoi nous avions affaire.

- Son geste m'a prouvé que ce que vous êtes actuellement en train de me raconter est réel. Je comprends pourquoi Messire Galahad l'aimait. On s'occupe d'ailleurs beaucoup de lui, mais vous. Cela doit aussi être une perte difficile.

- Certes, mais je me dois de soutenir mon ami. C'est pour cela qu'il m'a choisit pour l'accompagner dans sa quête. Pour lui rappeler son objectif dans les moments les plus durs.  De plus, je sais que, où qu'elle soit, elle est heureuse. 

- Alors qu'est-ce qui vous travaille tant ?

- Il va falloir l'annoncer à sa famille et je le redoute.

- Son père Merlin ?

- Oh non, elle n'existe pas pour lui. Mais la fée Morgane est sa mère. 

- Je vois pourquoi vous craignez tant cet instant. On entend parler de ses crimes jusqu'ici.

- Majesté, autre chose me travaille. Êtes-vous sûre que c'était Merlin ? Vous nous avez dit que cela fait 8 ans que cette malédiction a été jetée. Hors Merlin est au château en train de servir Arthur. A quoi ressemblait-il ?

- Il était plus jeune que moi, les cheveux très foncés, les yeux bleus... Il ressemblait beaucoup à votre amie.

- Merlin n'est pas si jeune, cela ne peut être lui.

- Mais le sang de Morwën a bien brisé le maléfice.

- Ce ne peut être qu'une autre personne et cela ne m'étonnerait pas en considérant ce qu'elle m'a raconté. Mordred, le fils de Morgane. 

- Son frère ?

- Non, demi-frère. Je suppose que, heureusement que le sang de Morgane coule dans leurs veines à tous les deux, sinon cela n'aurait sans doute pas marché.