Chapitre VI : "Les rumeurs peuvent se propager comme une traînée de poudre."

32 1 0
                                    


- Sire, s'il-vous-plaît, arrêtez de me suivre je vous en conjure.

- Et pourquoi cela Madame ?

- Vous êtes un prince et moi une simple courtisane. Cela devrait vous suffire.

- Je n'ai pas envie de renoncer à vous. Plus je vous regarde et moins j'ai envie de me retirer et vous laisser en paix.

- Je ne veux pas d'un homme dans ma vie Majesté. Vous n'échapperez pas à la règle sous prétexte que vous êtes l'héritier au trône.

- J'aime croire que je réussirais à vous atteindre. Après tout, d'après ce que je sais de vous, vous n'avez jamais conversé avec quelqu'un comme vous le faites avec moi. Or, nous ne nous connaissons que depuis deux semaines.

- Heureusement pour nous deux, les festivités touchent à leur fin. Je retournerai dans ma ville armoricaine et vous, vous demeurerez ici.

- Croyez-moi, vous n'êtes pas prête de repartir. Voyez-vous j'ai lié une amitié très forte avec le chevalier Messire Guyomard. Vous resterez plus longtemps que prévu car, il se pourrait que votre maître intègre notre armée et acquiert la légion de chevalier de Camelot après la bravoure dont il a fait preuve au tournois d'hier.

La jeune femme le regarda, bouche bée. Puis, elle plongea ses yeux turquoise dans ceux lapis-lazuli d'Arthur. Elle contrôla tant bien que mal le rouge lui venant aux joues et s'en fut d'un air faussement furibond. Le prince s'en amusa. Il laissa son regard traîner sur ses cheveux flamboyants pour une fois détachés se balancer au rythme de sa démarche. Son air enfantin contrastait avec ses yeux profonds et bien plus matures. Il ignorait si c'était cela qui lui plaisait tant chez elle. Elle n'avait pas la beauté d'une femme mûre, mais plutôt le charme d'une fillette. Il se moquait gentiment de son mauvais caractère qu'elle essayait tant bien que mal de contenir face à lui, Arthur Pendragon. Pourtant, celui-ci faisait tout pour la faire sortir de ses gonds, ce qui fonctionnait la plupart du temps.Il l'interpella alors qu'elle allait disparaître au détour d'un couloir.

– Guenièvre ! Venez lorsque la nuit aura posé son sombre voile sur la ville. Retrouvons-nous au cloître, près de cette fontaine à côté de laquelle vous aimez lire, je vous en conjure.

– Adieu Arthur.

– Quelle est votre réponse ?

– Vous n'avez qu'à y aller. Vous le verrez bien.

Puis la soigneuse s'effaça derrière un mur laissant le prince bouche bée, planté là, barrant le passage, le sourire d'un sot accroché au visage.

***

Morgane referma la porte de sa suite derrière elle. Elle était toujours nerveuse de découvrir une personne de l'entourage royale plantée au milieu du couloir, prête à lui faire subir un terrible interrogatoire porté sur des sois-disant gémissements étranges émanant de sa chambre. Si Uther découvrait qu'en plus de la petite Morwën, elle avait enfanté d'un petit garçon du nom de Mordred, elle serait brûlée vive en compagnie de ses deux enfants.

– Dame Morgane ! Justement, je vous cherchais. Vous m'avez laissé déjeuner seul aujourd'hui.

– Je vous présente mes excuses Messire Guyomard. J'ai eu un malencontreux empêchement.

La jeune femme se triturait les mains, tordant ses fins doigts blancs. Elle priait intérieurement pour que son garçonnet se soit bel et bien endormi. Il ne tenait plus en place en ce moment mais, qui pouvait bien le lui reprocher ? Personne ne se souvenait de la douleur que procurait la pousse de ses dents de lait après tout, mais tout le monde en a versé des larmes.

CrépusculeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant